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Terrorisme / Gestion médicale des attentats : Le Togo a-t-il les moyens ?

Togo - Politique
Paris, Bamako, Istanbul, Ouagadougou, Ankara, Grand Bassam, Bruxelles ; plus aucun territoire n’échappe désormais à la folie meurtrière et au cycle macabre des jihadistes qui, au nom d’une religion, se donnent le permis de tuer puisqu’eux-mêmes ne croient pas à la vie. Les pays touchés comptent leurs morts, ceux qui sont pour l’instant à l’abri compatissent. Mais rien, absolument rien, ne semble calmer les ardeurs de ces assassins qui menacent de frapper d’autres cibles.
Face à des individus déterminés, organisés, équipés qui ont toujours une longueur d’avance sur les services de sécurité, la préoccupation n’est plus de savoir s’il y aura un attentat ici ou là, mais quand est-ce qu’il aura lieu. La menace n’est plus virtuelle, mais réelle et chaque Etat s’organise avec ses services de sécurité, ses forces spéciales et ses renseignements pour non seulement la dissuasion et l’action, mais aussi pour rassurer les populations. Dans les capitales africaines, les exercices de simulation des forces spéciales dans les hôtels et à leurs abords se multiplient parfois en présence des premiers dirigeants.

L’attaque du 13 mars à Grand Bassam en Côte d’Ivoire est intervenue dix jours après une simulation des forces spéciales ivoiriennes. Le Togo n’est pas du reste. Ici comme ailleurs, les exercices de simulation se multiplient la plupart du temps, en présence de Faure Gnassingbé, même si certains observateurs estiment ouvertement que cet exhibitionnisme s’apparente à une provocation à l’endroit des jihadistes. Mais l’autre volet du drame dont personne ne parle, ou auquel personne ne se prépare est la gestion médicale des attentats terroristes. C’est d’ailleurs le volet le plus délicat qui appelle une mobilisation générale des services de secours, la réquisition des médecins chirurgiens, l’équipement des blocs opératoires, la disponibilité des véhicules médicalisés, l’équipement des hôpitaux de plateaux techniques efficaces, et pour tout dire, la question de l’efficacité des urgences.

Les jihadistes opèrent selon plusieurs méthodes. Lorsqu’il s’agit d’attaque armée, comme le cas de la plage de Grand Bassam, on enregistre certes des blessés, mais généralement faciles à gérer. Mais lorsqu’il s’agit d’un attentat kamikaze, comme ceux intervenus à Bruxelles dans le métro et à l’aéroport, en dehors des morts, les blessés se comptent par centaines. La plupart sont atteints par des éclats de vitres, l’effondrement des toits, les éclats d’explosifs, surtout des clous qui pénètrent le corps, etc. Ces blessés sont des cas critiques qui compliquent non seulement la tâche aux secouristes, mais aussi aux chirurgiens. La gestion médicale des attentats du 13 novembre à Paris a été fortement critiquée par les médias. Dans un article titré « Médiapart critique le volet médical de la gestion de l’urgence », on peut lire par exemple la longue attente des secouristes avant l’évacuation des victimes, des ambulances médicalisées intervenues à la fin des opérations de secours, le manque de moyen de gestion de l’urgence du SAMU, le manque de communication pour coordonner les secours entre les différentes structures, etc.

Lorsqu’on revient dans le contexte togolais, on peut saluer les exercices de simulation, mais le volet médical reste un domaine inexploré pour le moment.

Le sujet est plus préoccupant lorsqu’on se réfère au manque de moyens criard des services de secours et surtout des hôpitaux. Le Togo à ce jour ne dispose pas d’un service organisé des urgences. Le SAMU est inexistant, il n’existe d’ailleurs pas de spécialiste des urgences. Les sapeurs-pompiers ne disposent que de moyens dérisoires, des voitures obsolètes sans moyens qui doivent traverser la capitale pour aller chercher des victimes dans les banlieues. L’hôpital de référence, le CHU SylvanusOlympio, manque de tout. Défaut de plateau technique, scanner en panne, service de radiologie aléatoire.

Dans les blocs opératoires, les chirurgiens manquent de tout, même des gants, des bistouris, des ampoules, des blouses pour faire des interventions dans des conditions acceptables. La situation des centres de santé au Togo est totalement catastrophique, d’où les légitimes questions sur les moyens médicaux dont dispose le pays pour faire face à ces genres de situations.

Les exercices de simulation sont à saluer, mais la gestion du volet médical des attentats, le plus délicat d’ailleurs, est loin d’être une préoccupation de l’heure. Il ne suffit pas seulement d’exhiber les muscles, l’essentiel est de savoir gérer la suite des évènements.

Mensah K.