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Le quotidien des femmes portefaix au grand marché de Lomé

Togo - Societe
La journée s’achève au grand marché d’Adawalato. Chacun s’affaire pour rentrer le plus vite possible chez lui. Parmi ces milliers de personnes, des dames (entre la vingtaine et la soixantaine) se faufilent entre les étalages. Elles cherchent à échanger leurs forces contre quelques pièces d’argent.
Au grand marché de Lomé, ce sont les femmes qui exercent cette activité de portefaix. Elles sont d'une grande utilité pour les commerçantes. Ce sont elles, la main d’œuvre qui transporte de gros colis.

Toute la journée, elles se promènent dans le marché. C'est avec des cris qui font peur parfois, qu'elles se fraient le passage, lorsqu'elles ont un colis sur la tête. Avec leur dos voûté, la colonne vertébrale déformée, preuves que ces braves dames ont passé plusieurs années à exercer ce métier.

Sous la forte chaleur de l'après-midi, les mains accrochés à leurs bassines, elles proposent leur services généralement aux dames richement bien habillées venus s’approvisionner dans le marché, de potentielles clientes. Seuls leurs têtes et leur dos ont une valeur. Le reste, personne ne s’en occupe.

Le hic, c’est que cela ressemble à la mendicité ou au bénévolat. Le pris n’est pas fixé. C’est selon le bon vouloir de celui à qui le service est rendu. Il lui revient alors de fixer le prix. Pas de plaintes ou de murmures contre le client, même si ce dernier a triché.

« C’est un travail que je n’aime pas, mais je suis obligée de le faire. Je suis tresseuse de profession. J’ai fait ce job après mon apprentissage afin de trouver un peu de sous pour ouvrir mon atelier de tresse. Mais il y a un mois que je suis revenue encore dans ce travail. Mon baraque qui constituait mon atelier a été cassé par la mairie. N’ayant plus rien, je suis revenue », Raconte Kayi qui essuie la sueur au front avec son coussinet, attendant son client qui continue ses emplettes dans le marché.

A quelques pas de là, une autre, les yeux hagards, un enfant pleurnichant au dos, ce qui l’inquiète moins. Elle n’a qu’un seul objectif, trouver des colis à prendre. « Depuis le matin, je n’ai pas encore porté un seul bagage. Cette journée ne m'apporte pas de chance, mais j’espère que demain sera prometteur », lance t-elle.

« Je l’attends au moins depuis 1 heure de temps. Mais cela ne peut en aucun cas changer le prix sur lequel on s’est convenue. Elle m’a dit que c’est 300 FCFA qu’elle peut me donner », se plaint à voix basse Akofa. En ce moment, sa cliente, une dame, cause encore avec une amie.

Certaines femmes portefaix essuient des injures de la part des potentielles clientes lorsqu'elles leur proposent un service. « Parfois celles que nous voulons aider nous lancent: Prends-moi et mets moi dans ta bassine ! Ou soit c’est un regard de dénigrement ou un silence absolu. Méchant, n’est-ce pas ? Mais je continue sans baisser les bras », se plaint Maman Kékéli.

« Je te paie 200 FCFA. Le ballot des pagnes est à l’étage pour la station d’Agoè »; une conversation que nous avons surpris entre une portefaix et sa cliente. Le temps que la dame portefaix ne réfléchisse pour se décider, celle à qui appartient le ballot de pagne hèle déjà une autre, la concurrence est rude.

L'activité est en plus aussi harassante. Mais des femmes continuent de quitter les milieux ruraux pour cette activités au grand marché de Lomé. Elles veulent seulement arriver à nourrir leurs familles.

« Je peux gagner parfois 1 500 ou 2 000 FCFA par jour. Cela dépend du jour. Les jours où le marché est animé je gagne plus. A part celui-ci (en montrant le bébé qu’elle porte au dos), j’ai encore cinq au village. C’est par ce travail que je les nourris. A chaque fin de semaine, je leur envoie de quoi manger », ajoute Akofa.

Il existe une association des portefaix dans le marché. Elles en entendent parler, mais ne se sont jamais résolues à y intégrer. La raison ? Elles n’ont en tête que de trouver de quoi se nourrir.

Ce métier serait encore plus réglementé si toutes se mettaient ensemble pour fixer des prix. Sinon à cette allure, il sera difficile pour elles de se soigner une fois malade.

Magnim (stagiaire).