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Dossier/ Recours aux énergies renouvelables au Togo : Quels enjeux pour quels défis ?

Togo -
Les crises énergétiques qui secouent la sous-région orientent de plus en plus les réflexions vers les énergies renouvelables. Les enjeux liés à l’accessibilité à ces sources d’énergie sont tout autant importants que les défis que doivent relever tous les acteurs en vue d’assurer l’accès de la population à ces énergies alternatives.
Les énergies renouvelables sont définies comme des énergies dont la consommation n’aboutit pas à une diminution apparente des ressources naturelles parce qu’elles font appel à des sources inépuisables à l’image de la biomasse, de l’énergie solaire ou hydroélectrique et ceci, à l’échelle des temps humains. En matière d’énergies renouvelables, le Togo à l’image de la plupart des pays du continent africain dispose d’un potentiel énorme comme le soleil dont on peut s’en servir pour produire de l’énergie toute l’année.

Les statistiques indiquent que le Togo ne produit qu’à peine 40 % de sa consommation en énergie. La situation n’est pas également rose du côté de ses fournisseurs que sont le Ghana ou encore le Nigéria qui ne font que réduire à raison, la quantité au fil du temps. C’est dire tout l’enjeu que représente le recours aux énergies renouvelables, si l’on veut atteindre les objectifs de développement durable dans les quinze prochaines années. Afin de combler ce gap qui ne cesse de se creuser davantage, et permettre au pays d’être plus autonome, la promotion des énergies renouvelables devient indispensable.

Les atouts

Le Togo dispose des ressources à exploiter en matière d’énergie alternative pour répondre au principal défi du secteur énergétique qui consiste, à « assurer, de manière stable, à la fois un meilleur accès et une autonomie substantielle nationale d’approvisionnement, à un coût raisonnable, tout en diversifiant les sources d’énergie, surtout les énergies propres et renouvelables ». Le pays dispose d’un important gisement qui est le soleil qui peut être exploité toute l’année pour développer l’énergie solaire ou photovoltaïque. « Les ménages sont les premiers consommateurs d’énergie. Si au niveau de chaque ménage on développe l’installation des panneaux photovoltaïques et les panneaux solaires thermiques, on peut réduire énormément ce besoin au niveau des sociétés distributrices », explique Tchamiè BOROZE, Maître-assistant au Département de Physique à l’Université de Lomé.

D’un autre côté, le potentiel hydraulique du Togo peut être également mieux exploité. Certes, ce potentiel est très lié aux saisons qui varient selon les régions. A ce jour, l’utilisation principale actuelle du potentiel hydroélectrique se focalise sur le fleuve Mono, le seul qui se prête à des aménagements de taille suffisante. Les sites hydroélectriques sur le fleuve Mono concernent le barrage de Nangbéto (65MW), celui d’Adjarala (147MW) qui est en cours de réalisation et le barrage de Tététou (24 MW) en projet.

Cependant, les petites rivières et ruisseaux pourraient être également exploités par la mise en œuvre de petits projets hydroélectriques avec le développement de petites centrales hydroélectriques pour la fourniture d'électricité pour les zones rurales et les communautés éloignées.

L’engagement du gouvernement

Du côté du Gouvernement, la question des énergies renouvelables est une préoccupation. Il est indiqué dans la Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’Emploi (SCAPE) que des mesures relatives à la biomasse, aux énergies renouvelables, à l’économie d’énergie et aux hydrocarbures seront prises pour accompagner le développement de l’électricité. Ces mesures visent : d’abord la mise en place d’un cadre législatif, réglementaire et institutionnel permettant d’encourager la promotion des énergies renouvelables et l’accès des ménages aux énergies de substitution au bois-énergie à moindre coût ; ensuite la mise en œuvre d’un programme de promotion des foyers améliorés et d’un second programme consacré à la vulgarisation du gaz butane à usage domestique.

Par ailleurs, il est prévue la poursuite de l’exonération de taxes pour l’importation d’équipements liés aux énergies renouvelables (solaire, éolien, biogaz, etc.) de même que la construction de centrales solaires (5 MW) et la construction de centrale éolienne (12 MW). On annonce également dans ce même volet, un projet sous-régional de construction d’une centrale thermique au gaz naturel de 450 MW cycle combiné à l’horizon 2020 et la poursuite de la mise en œuvre du programme d’efficacité énergétique (réduction de l’impact de la consommation énergétique sur le climat) et d’accès aux services énergétiques.

De source proche de la Direction générale de l’énergie, il y a beaucoup de projets qui sont en cours de développement surtout dans le domaine des centrales solaires et que les réalisations sont prévues dans un bref avenir. Lesquelles réalisations qui viendront s’ajouter aux efforts antérieurs qui ont permis d’électrifier de nombreuses localités de l’intérieur du pays en lampadaire solaire.

Les attentes des opérateurs économiques

Il est clair que ce sont vers les opérateurs économiques du domaine des énergies renouvelables que les populations s’orientent souvent pour l’achat des équipements d’installation au niveau des ménages. Malgré les efforts du Gouvernement, ces opérateurs estiment que dans la politique de l’Etat, il n’y a pas pour le moment une réelle politique en faveur de l’énergie alternative dans la mesure où les taxes douanières sont encore selon eux, trop élevées. « Quand on prend par exemple les taxes autour de ces énergies renouvelables, les coûts reviennent extrêmement chers. Combien un opérateur va revendre un équipement d’énergie renouvelable à la bonne dame dans un village quelque part dans le pays ou aux communautés à la base ? Le coût de cette technologie revient donc cher et il faut que le pouvoir politique fasse quelque chose. Ce n’est pas nous autres qui devons trop casser les prix de ces technologies, mais il faut que l’Etat fasse des efforts pour développer des politiques afin de bien faciliter les choses », nous a confié Mokpokpo VUTI, membre du Réseau des Professionnels des Energies Renouvelables au Togo (RePER-Togo).

In fine, quoi qu’on dise, le recours aux énergies renouvelables est devenu un impératif. Face à cet enjeu et compte tenu de la préoccupation des uns et des autres, nous estimons qu’il faille une grande sensibilisation aussi bien au niveau du Gouvernement qu’au niveau de la population afin que chacun puisse bien comprendre l’importance de la chose. Par ailleurs, pourquoi ne pas développer aussi au niveau des acteurs du domaine des énergies renouvelables, des stratégies à l’image des crédits pour permettre à la population d’accéder facilement à ces énergies.

Il y va du développement du pays. D’un autre côté, il y a lieu de reconnaitre également que l’énergie renouvelable, du fait de son intermittence, les humains ont malheureusement le devoir d’être méthodique et de garder les sources thermiques afin de pouvoir gérer les périodes d’intermittence et avoir la continuité de l’énergie, vecteur du développement.

David SOKLOU