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Le Roy Claude chez les Eperviers

Togo - Sport
Tom Saintfiet n’est plus le sélectionneur des Eperviers depuis le mercredi 6 avril dernier. Il est remplacé par le très expérimenté Claude Le Roy appelé à stabiliser une barque qui chavire.
Le Comité exécutif (Comex) de la Fédération togolaise de football (FTF) a scellé le sort du sélectionneur des Eperviers Tom Saintfiet. Une solution à l’amiable a été trouvée pour contenter, visiblement, le technicien belge qui accumule des mauvais résultats dans le nid des Eperviers. Son successeur a pour nom Claude Le Roy, huit participations à la CAN, un record pour un sélectionneur. Le Français a paraphé un contrat de trois ans et a pour mission « de mettre en place une équipe nationale locale compétitive, de qualifier le Togo pour la Coupe d’Afrique des Nations 2019 et, si possible, la Coupe d’Afrique des Nations, Gabon 2017». La nouvelle de sa nomination emballe, beaucoup en parlent avec joie, mais certains restent réservés.
Qui est Claude Le Roy ?

Son nom fait l’unanimité sur le continent voire ailleurs. Né le 6 février 1948, Claude Le Roy connaît bien les rouages du football mondial et surtout du football africain qu’il sert depuis les années 80. Nous limitant uniquement au plan africain, on peut souligner qu’il a été sélectionneur du Cameroun (1985-1988), Sénégal (1990-1992), RDC (2004-2006 et 2011-2013), Ghana (2006-2008). Il compte dans son palmarès la Coupe afro-asiatique des nations en 1985 avec le Cameroun, la CAN 1988 toujours avec les Lions Indomptables, la Coupe Amilcar Cabral en 1991 avec les Lions de la Teranga du Sénégal, entre autres.

Il s’est promené un peu partout dans le monde en tant que sélectionneur, manager, consultant. Il a une vision claire du football et est aussi considéré comme un découvreur de jeunes talents.

Ce natif de Bois-Normand-près-Lyre dans le département de l’Eure en France, c’est aussi la politique. Il était sur la liste « Gauche plurielle » d’Elisabeth Guigou à Vignon lors des élections municipales de 2001 qui obtint 31,53% mais fut battue au second tour.

Le choix de la raison

Le parcours et l’expérience de Claude Le Roy font de lui un entraîneur de renommée respecté de ses joueurs. Il fait partie du cercle restreint de ces entraîneurs expatriés occidentaux qui maîtrisent l’histoire du football africain, son évolution et son apport au monde.

Son choix pour diriger les Eperviers, qui ont justement besoin d’un sélectionneur qui a du vécu et de la culture de la victoire à inculquer aux joueurs, est bien accueilli. « Je crois qu’il fera l’affaire. C’est un grand entraîneur par rapport à son expérience. Il se fera plus respecté. Avec lui, je pense qu’on aura une bonne base », se réjouit Djene Dakonam, défenseur des Eperviers. L’attaquant togolais Jonathan Ayité trouve que « c’est une bonne nouvelle pour le foot togolais. Un homme d’expérience qui connaît très bien le continent et surtout la mentalité africaine. Et d’après les échos que j’ai eus, c’est un homme droit. De toutes les façons, on ne fait pas autant d’années par hasard en Afrique ». « Je pense que c’est un bon choix car c’est un monsieur qui a de la compétence et du vécu. Aussi, souhaitons-nous que son talent soit mis à profit pour l’intérêt du football togolais. C’est un grand acte que vient de poser le nouveau Comité exécutif. Le Togo regorge de pleins de talents, il reste le management et la mise en place d’une structure à tous les étages », renchérit Hugues Rhodes, agent de joueur. Et Bana Tchanilé, ex sélectionneur des Eperviers, d’ajouter : « c’est une première pour le Togo. Claude Le Roy, c’est toute une bibliothèque d’expérience du football mondial en général et plus particulièrement du football africain. C’est une très bonne pêche ». Tous ces propos ont été recueillis par africatopsports.

Les défis

En acceptant les propositions au plus haut sommet de l’Etat, le recordman de participations à la CAN sait ce qui l’attend. Chez nos confrères de Rfi, il confie que les Eperviers pourraient se qualifier pour la prochaine compétition panafricaine s’ils arrachent 3 pts contre le Liberia en juin et gagnent Djibouti en septembre même si sa vraie mission c’est la qualification pour la CAN 2019 au Cameroun.

Au sujet d’Emmanuel Adébayor, il dit : « Rien n’est plus important que l’équipe. Dans la vie collective d’une équipe, il y a des comportements et attitudes pour qu’un groupe soit homogène. Je vais aller voir Adebayor dans les prochains jours. Je lui demanderais s’il veut être un exemple ou un Ibrahimovic. Le rôle d’un entraîneur aussi est de trouver des solutions aux problèmes. Je sais qu’il y a quelques soucis. On va essayer de mettre en place une équipe très compétitive ».

Il sait par avance que le Togo regorge de beaucoup de talents qu’il veut découvrir à travers la Coupe de l’Indépendance qui se joue actuellement, éventuellement la Coupe du Togo et les championnats à venir. « Il y a matière à produire et à sortir de bons joueurs. On va suivre tout cela. On va également voir partout où il y a un joueur qui pourra nous aider. On va redécouvrir des joueurs de talent », promet-il.

Le contexte togolais

Celui qui aime répéter que c’est le football qui le fait avancer, a certes une grande expérience et connaît très bien le football africain; mais il découvre un contexte nouveau, celui typiquement togolais fait de l’influence fétide des petits réseaux qui gravitent autour de la Fédération togolaise de football, et du ministère en charge des Sports.

En effet, au Togo, il y a beaucoup de démarcheurs qui cherchent coûte que coûte à imposer leurs joueurs au staff, à manipuler certains joueurs, et diviser d’autres. Certains démarcheurs sont devenus spécialistes de la « préparation mystique » et en profitent pour soutirer de l’argent à ceux qu’on connaît. Tout cela fait dire que bien que le Français ait discuté directement avec le N°1 togolais, cela n’est pas un gage suffisant pour sa réussite. Déjà son émolument mensuel que l’on estime à vingt-cinq (25) millions FCFA suscite indignation dans le pays où les hôpitaux publics manquent de tout, où il n’existe aucune politique de construction des infrastructures sportives…..

De plus, l’ancien sélectionneur du Congo Brazzaville peut-il s’adapter aux « Togolaiseries » dans notre pays où généralement, on laisse un coach national pendant trois mois sans salaire. Certains également spéculent sur son âge, 68 ans. Sans oublier que, l’environnement dans lequel évolue la sélection nationale est difficile et beaucoup de sélectionneurs s’y sont brûlé les ailes.

Claude Le Roy a signé un contrat de trois ans dans un pays qui a besoin d’un entraîneur de sa trempe. Mais à quel prix ?

Fabrice KA (L’ALTERNATIVE)