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Réformes politiques : La manifestation du CAP 2015 ressuscite les opposants saisonniers

Togo - Politique
A peine annoncée, la marche prévue le 21 mai prochain par le Combat pour l’alternance politique en 2015 (CAP 2015) donne de l’allergie à certains partis politiques dits de l’opposition, au rang desquels figure l’Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (OBUTS). Déjà, l’on se croit obligé de verser dans une campagne de démobilisation de la population.
Au parti OBUTS, on déclare que ce n’est pas le moment de descendre dans les rues pour réclamer les réformes constitutionnelles, institutionnelles et l’organisation consensuelle des élections locales et du processus de décentralisation. Occasion de fustiger le CAP 2015 qui organise une marche ce samedi. « Nous osons espérer que les partis parlementaires qui ont rejeté un projet de loi introduit par le gouvernement fassent une légère modification d’une autre proposition de loi et déposent à l’Assemblée nationale pour voir s’il y aura débat. Il n’y a pas eu au préalable cette démarche, et on dit qu’on veut aller marcher. Pour nous à OBUTS, s’il n’y a pas cette démarche, nous ne nous inscrivons pas dans cette logique de descendre dans les rues, histoire de faire pression sur le gouvernement », a lâché Gérard Adja, Vice-président de l’OBUTS. A y voir de près, la position de ce parti rejoint celle de l’UNIR dont le géniteur, Faure Gnassingbé, lors de son discours le 26 avril dernier, a laissé entendre que les discussions sur le processus de décentralisation et l’organisation des élections locales se feront à l’Assemblée nationale. Pas étonnant quand on sait que le président du parti, Agbéyomé Kodjo, qui s’est déclaré « opposant constructif », ne fait que louer depuis un certain temps les actes de Faure Gnassingbé dont l’inauguration de l’aérogare de Lomé, de l’hôtel Radisson Blu 2 février, de l’usine d’assemblage de motos à Notsè, des travaux qui ont coûté les yeux de la tête au contribuable, avec à la clé, des détournements qui font actuellement scandale.

Il est tout aussi surprenant que, malgré les informations dans la presse sur l’incompatibilité entre les chiffres (montants) qui ont servi à réaliser ces travaux, OBUTS ne cherche pas à creuser. Mais le parti se contente de louer les réalisations qu’il met à l’actif de Faure Gnassingbé. Bon bref, la nouvelle trouvaille, « opposition nutritive, pardon, constructive », oblige.

On comprend que ce parti trouve des alibis pour ne pas s’inscrire dans la démarche de la revendication, à travers les manifestations de rue, des réformes politiques. C’est à croire que c’est aujourd’hui que se pose cette question des réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales. Ces réformes qui s’imposent au régime de Faure Gnassingbé par l’Accord politique global (APG) signé le 20 août 2006, doivent, selon OBUTS, encore être discutées à l’Assemblée nationale. Sur le rejet de la loi à l’Assemblée nationale l’année dernière, OBUTS parle des partis parlementaires qui en étaient à l’origine, sans donner d’autres précisions. Est-ce à dire que le parti d’Agbéyomé Kodjo ne milite plus pour la limitation du mandat présidentiel et l’adoption du scrutin uninominal à deux tours contre lesquelles UNIR pour qui il prêche aujourd’hui, s’est opposé ? Il est clair pour tous aujourd’hui que OBUTS ne veut pas « descendre dans les rues, histoire de faire pression sur le gouvernement ». Ne dit-on d’ailleurs pas qu’on ne crache pas dans l’assiette dans laquelle on mange ?

Aujourd’hui, on parle de la mobilisation de toutes les forces pour arracher les réformes politiques et réaliser, par ricochet, l’alternance tant attendue. Une opposition digne de ce nom devrait se sentir interpellée, au lieu de semer la zizanie dans les esprits par des postures de démobilisation. De toute façon, on l’aura compris, l’opposition constructive, c’est de ménager le pouvoir, tout en s’attaquant aux autres formation de l’opposition jugée moins dociles. Le combat pour venir à bout de ce régime cinquantenaire concerne tout le monde. Ce serait un faux débat que d’attendre une certaine invite pour se mettre en ordre de bataille. C’est quand on crée des artifices et veut plaire à l’autre camp aussi qu’on a « l’impression qu’il y a une opposition exclusive ».

Il est tout simplement regrettable que la manifestation du CAP 2015, au lieu d’interpeller les forces démocratiques et les mobiliser, crée des démangeaisons à certains partis politiques qui se disent appartenir à l’opposition. Dans tous les cas, la remobilisation se fait tout doucement chez le peuple qui n’a que trop souffert de l’accaparement des richesses du pays par la minorité au pouvoir. Comme on le voit, les opposants de l’opposition ont repris du service pour le plus grand bonheur du RPT-UNIR.

Kokou Mitimi (L’ALTERNATIVE)