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13 – 17 janvier: Hommage du MO5 à Sylvanus Olympio et Patrice Lumumba

Togo - Opinions
Le 17 janvier 1961 au Congo et le 13 janvier 1963 au Togo, deux illustres Africains, Patrice Lumumba et Sylvanus Olympio ont été sauvagement assassinés pour leur combat de dignité africaine. En ce jour de funèbre anniversaire, le Mouvement patriotique du 5 octobre (MO5) tient à rendre hommage à leur mémoire.

«Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie
Ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie
Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau
Toute gloire près d’eux passe et tombe éphémère;
Et, comme ferait une mère,
La voix d’un peuple entier les berce en leur tombeau ». V. H.

Le tombeau de Patrice Lumumba est la terre entière!

Extrait du discours de Sylvanus Olympio proclamant l’Indépendance du Togo, le 27 avril 1960 :

« Le grand jour tant souhaité est enfin arrivé. Notre pays, le TOGO qui, depuis 1884, a été successivement protectorat allemand, condominium franco-britannique, territoire sous tutelle de la France, retrouve en ce jour du 27 avril 1960, sa liberté d'antan.

De ce moment et à jamais, affranchi de toute sujétion, de toute entrave, maître de ton destin, TOGO, mon pays, te voilà libre enfin,

Libre d'être toi-même, de suivre tes idées et tes inclinations, de choisir selon ta raison et tes sentiments, de décider d'après ta propre volonté,

Libre enfin, dans la dignité retrouvée, de prouver et d'affirmer ta personnalité.

Notre joie est profonde, immense. Si profonde qu'elle ne peut s'empêcher d'être grande aussi. Le jour est venu, mais la nuit a été longue. Tant d'années avant d'avoir pu être compris, tant d'espoirs pour rester ferme tout au long de cette route semée de déceptions, tant de volonté pour connaître enfin cette heure que nous ne saurions vivre avec légèreté.

Mais le jeune Togo est là, fier de sa force, impatient d'entrer dans l'arène. Il porte sur le front l'orgueil d'un peuple libre et son cœur ardent s'emplit d'enthousiasme devant la tâche, certes rude mais combien exaltante, qui lui est offerte.

Que sa joie éclate! Que dans tout le pays, nul autre sentiment ne partage les cœurs afin que cet instant, unique dans la vie d'une nation, reste pur dans le souvenir de ceux qui l'auront vécu ».

Assassinat de Sylvanus Olympio :
JA « En 1963, qui voulait se débarrasser du père de l’indépendance togolaise ? Les Français, déjà. Pour de Gaulle et Foccart, son conseiller aux affaires africaines, Olympio était le prototype du chef d’État sournoisement anti-Français. D’abord à cause de ses origines. Né à Lomé en 1902, sous la colonisation allemande, formé à la London School of Economics, l’homme était polyglotte (allemand, anglais, français, portugais, yorouba) et avait longtemps travaillé pour la compagnie anglo-néerlandaise Unilever. Jusqu’en 1960, Olympio avait donc incarné ce pays multiculturel que les Français n’avaient pas pu coloniser à leur façon – entre 1919 et 1960, la tutelle du Togo avait été confiée à la France par la Société des Nations (SDN), puis par l’ONU. Et juste après l’indépendance, en mai 1960, le premier président du Togo avait confié à l’AFP : « Je vais faire mon possible pour que mon pays se passe de la France. »
Olympio inspirait d’autant plus de méfiance à Foccart qu’il était insaisissable – comme un savon Unilever. À la différence du Guinéen Sékou Touré, il ne s’opposait pas frontalement à la France. Il était allé voir de Gaulle à Paris, en mars 1962. Mais, dix jours plus tôt, il avait été reçu avec tous les égards par les Américains. John F. Kennedy s’était même déplacé à l’aéroport de Washington. D’où le rictus de Foccart ce jour où il accueille Olympio sur le perron de l’Élysée. « Sylvanus Olympio n’était pas un de nos amis », confiera-t-il plus tard (Foccart parle, Fayard-Jeune Afrique, 1995). « Avec lui, mes relations n’ont jamais été cordiales comme celles que j’entretenais avec Nicolas Grunitzky [l’homme qui devait lui succéder après le coup d’État, NDLR]. » Début 1963, Olympio envisageait même de sortir de la zone franc (CFA) et de créer une monnaie togolaise adossée au… Deutsche Mark. Le Togo, par sa politique d’équilibre, risquait donc d’offrir un modèle d’émancipation à toutes les ex-colonies françaises. En un mot, vu de Paris, Olympio était plus dangereux que Sékou.
Outre les Français, quelques dizaines de Togolais avaient aussi de sérieuses raisons de vouloir se débarrasser de leur président. Il s’agissait d’anciens soldats de l’armée coloniale française (guerre d’Indochine, guerre d’Algérie) qui venaient d’être démobilisés par Paris. Ils réclamaient leur intégration dans la toute petite armée togolaise (moins de mille hommes). Olympio, qui s’en méfiait, refusait. Parmi ces demi-soldes, l’adjudant-chef Emmanuel Bodjollé, 35 ans, le chef de l’opération du 12-13 janvier, et le sergent Étienne Eyadéma, 28 ans. Tous deux étaient des Kabyés du nord du pays, alors que le président était un Éwé du Sud.(…)
Le samedi 12 janvier, à 23 heures, un commando de six hommes, sans doute dirigé par Bodjollé lui-même, attaque la résidence présidentielle – une villa enfouie sous les filaos, à 150 m environ de l’océan Atlantique. Sylvanus et son épouse, Dina, sont déjà couchés. La résidence n’est gardée que par deux malheureux policiers. Mais comme les assaillants parlementent, puis mettent plusieurs minutes à enfoncer la lourde porte d’entrée, le président a le temps d’enfiler un bermuda et une chemise beiges, de descendre pieds nus au rez-de-chaussée, de sortir par une fenêtre, de traverser le jardin et d’escalader le mur qui sépare son domicile de l’ambassade des États-Unis. Il avise une voiture Buick, garée dans la cour en gravier, et s’y installe. Pendant ce temps, les assaillants déboulent dans la villa, montent à l’étage, mettent en joue Dina et les domestiques, tirent à bout portant dans les placards, et demandent où est Olympio. « Il est descendu depuis plus d’une heure. J’ignore où il se trouve », répond l’épouse. Tous ces faits sont établis. Ils reposent sur les témoignages de Dina et des domestiques. Ensuite, c’est moins clair…
Après, il y a sans doute plusieurs heures de flottement. Le président s’est-il enfui par la route ? S’est-il réfugié dans l’ambassade américaine ? Les putschistes ne le savent pas, et commencent à craindre pour leur vie si jamais Olympio réussit à retourner la situation en sa faveur. À 3 h 30, selon le récit de sa fille, Sofia, l’ambassadeur des États-Unis, Leon B. Poullada, reçoit un coup de fil à sa résidence, qui est située à environ trois kilomètres de ses bureaux. Qui l’appelle ? C’est là que le témoignage de Gilchrist Olympio, le fils du défunt, est important. « Fin 1964, presque deux ans après la mort de mon père, raconte-t-il, j’ai rencontré Poullada à Washington. Il venait de quitter le département d’État et était encore traumatisé. Il m’a reçu pendant trois heures et m’a dit que c’était l’ambassadeur de France, Henri Mazoyer, qui l’avait prévenu cette nuit-là qu’un coup d’État était en cours et que le président s’était peut-être réfugié dans son ambassade. »
Incroyable mais vrai. À cette époque, l’ambassade des États-Unis à Lomé n’est protégée par personne. Pas de marines, pas de gardes armés, juste un veilleur de nuit ! Quand Poullada arrive avec son véhicule devant son ambassade, il tombe nez à nez avec des putschistes qui paraissent ivres ou drogués, et qui le menacent. Après quelques palabres, il parvient à entrer dans l’enceinte diplomatique. Aussitôt, Olympio lui fait signe et lui raconte ce qui vient d’arriver. L’Américain lui conseille alors de ne pas bouger de la Buick et d’attendre qu’il revienne avec les clés pour lui ouvrir les bureaux. Dit-il la vérité ? Pas sûr. D’après sa fille, Poullada n’ouvre pas le bâtiment, car il a peur que les putschistes ne le mettent à sac. L’ambassadeur ne traîne pas. Il retourne à sa résidence et appelle son homologue français, Mazoyer, pour lui confirmer qu’Olympio est bien chez lui. Puis il ne bouge plus. Sans doute est-il mort de peur.
Un jeune diplomate américain, le vice-consul Richard L. Storch, habite un bâtiment juste en face de l’ambassade. À 6 h 40, Poullada lui téléphone et lui demande de surveiller ce qui se passe. Storch observe le va-et-vient d’hommes armés dans la rue. À 7 h 10, il aperçoit un civil en short et pieds nus au milieu des putschistes. À 7 h 15, il va se faire un café à la cuisine. C’est à ce moment-là qu’il entend trois détonations, à intervalles réguliers. « Des coups de feu trop espacés pour être des tirs contre un homme en fuite », précise-t-il dans le rapport qu’il écrira le surlendemain. Pour la première fois depuis les indépendances, un président africain est abattu. Et ses assassins sont entrés dans une ambassade pour le capturer. Le territoire des États-Unis a été gravement violé. C’est sans doute la raison pour laquelle, malgré le US Freedom of Information Act, les documents du Département d’État sur cette affaire ne sont déclassifiés qu’au compte-gouttes…
Qui a tiré ? Les jours qui ont suivi, le sergent Eyadéma s’est vanté devant les reporters du Figaro, du Monde, de Paris Match et de Time Magazine d’avoir abattu le président de ses propres mains : « Je l’ai descendu parce qu’il ne voulait pas avancer. » En 1992, il s’est rétracté sur RFI. Est-ce vraiment lui ? Faute de témoin direct, on ne le saura jamais. Mais le fait est que sa revendication, dès les premières heures du putsch, lui a donné du prestige dans la troupe et l’a sans doute aidé à prendre le pas sur des compagnons d’armes plus âgés et plus gradés lors du renversement de Grunitzky, en 1967.
Surtout, qui a indiqué aux assaillants l’endroit où se cachait Olympio ? À 23 h 30 ou minuit, quand le président se réfugie dans l’ambassade américaine, les putschistes n’entrent pas dans l’enceinte diplomatique. Sept heures plus tard, après l’échange téléphonique entre Poullada et Mazoyer, ils n’hésitent plus. Or Henri Mazoyer et l’agent de Jacques Foccart à Lomé, le commandant Georges Maîtrier, se faisaient depuis des semaines les avocats de ces ex-tirailleurs sans emploi auprès d’Olympio… Dans la maison Françafrique, il reste encore un grand placard (avec plein d’archives ?) à ouvrir ».


Extrait de l’allocution de Patrice Lumumba aux cérémonies de l’Indépendance du Congo, le 30 juin 1960:

«Congolais et Congolaises, combattants de l’Indépendance aujourd’hui victorieux, je vous salue au nom du gouvernement congolais. (...)
Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd’hui dans l’entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang. Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force. (...)
Nous avons connu le travail harassant, exigé en échange de salaires qui ne permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers.
Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres. (...)
Nous avons connu que nos terres furent spoliées au nom de textes prétendument légaux qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort.
Nous avons connu que la loi n’était jamais la même selon qu’il s’agissait d’un blanc ou d’un noir: accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres (...)».

LA FIN TRAGIQUE DE LUMUMBA SELON JEAN KESTERGAT

Mi-septembre 1960: Mobutu est entré en scène; il exerce le pouvoir avec un collège de Commissaires généraux. Réfugié dans sa résidence sous la protection des Nations unies, Lumumba demeure une menace pour le régime de Léopoldville. D’autant plus que ses partisans, sous la houlette d’Antoine Gisenga, encouragé par Nkrumah (président du Ghana) et par Sékou Touré (qui dirige la Guinée), conseillé par Félix Moumié (le révolutionnaire camerounais), s’organisent dans l’opposition. Les Commissaires généraux font expulser Moumié, ils veulent chasser aussi l’ambassadeur du Ghana, mais les casques bleus protègent son ambassade, et une fusillade éclate lorsque des militaires congolais veulent y pénétrer pour exécuter l’ordre d’expulsion. Un officier tunisien et un officier congolais sont tués, il y a quelques blessés. Il est clair désormais que l’ONU a pris parti contre Lumumba et ses amis. En réalité l’organisation internationale veut pratiquer une politique de neutralité. Elle protège Lumumba contre une arrestation que les Commissaires généraux ont décrétée, mais elle entend bien empêcher ses partisans de compromettre ses efforts dans la recherche de conciliation. N’ayant plus aucune chance de succès à Léopoldville, les dirigeants lumumbistes se replient sur Stanleyville, où leurs partisans sont nombreux, et peuvent compter sur les unités de l’armée nationale dirigée là-haut par le général Lundula, partisan du Premier ministre.
Pour Lumumba, il n’y a plus qu’une issue possible: prendre la fuite et gagner Stanleyville. C’est ce qu’il fait dans la nuit du 27 au 28 novembre 1960. Dissimulé dans le coffre d’une voiture, il traverse inaperçu le cordon des casques bleus, puis celui de l’armée de Mobutu. Avec quelques complices entassés dans trois voitures, il prend la fuite vers le haut Congo. Il commet une erreur fatale. Au lieu de foncer aussi vite que possible en direction de Stanleyville, il traîne en chemin pour haranguer les populations amies dont il traverse les villages. La sûreté congolaise s’est lancée à sa poursuite. Le 2 décembre, il est arrêté et ramené à Léopoldville. De là, on l’envoie au camp de Thysville où il est placé sous la garde de l’armée. Les Commissaires généraux ne sont pas rassurés pour autant. Ils craignent une intervention de l’ONU pour libérer le prisonnier.
Ils appréhendent aussi l’habileté de cet homme, capable de retourner n’importe qui. Il parle avec les soldats du camp, où éclate une brève mutinerie. Elle n’est pas organisée par lui, mais il paraît évident qu’en de telles conditions, il lui serait facile de prendre la fuite. On décide donc de lui trouver une geôle plus sûre. Où? À Bakwanga, capitale du Sud-Kasaï où règne le sanguinaire «empereur» Kalonji, son ennemi le plus féroce? Ce serait signer son arrêt de mort. Tant mieux disent d’aucuns, mais d’autres, plus conscients de la réprobation internationale qui suivrait un tel assassinat, recommandent qu’il soit envoyé à Elisabethville où les passions sont peut-être mieux contrôlées. Mais il faut l’accord de Moïse Tshombé qui refuse ce «cadeau empoisonné». C’est là pourtant qu’on va l’envoyer à la suite de circonstances confuses qu’il serait trop long de narrer ici. Il est trop tôt d’ailleurs pour évoquer de manière sûre toutes les responsabilités en cause.
Toujours est-il que le 17 janvier commence le martyre de Lumumba. Il est transporté par avion vers Katanga avec deux de ses compagnons, Mpolo et Okito. La garde, composée de Baluba fortement marqués par les massacres du Sud-Kasaï, brutalise les trois prisonniers tout le long du trajet. Lorsque l’avion approche d’Elisabethville, la première réaction des Katangais est de refuser «les trois colis précieux» qui viennent d’être annoncés. Mais le DC4 est presque à bout d’essence, et l’autorisation d’atterrir est donnée. L’avion roule jusqu’aux hangars de la gendarmerie katangaise, loin des yeux des casques bleus. Les trois hommes sont aussitôt conduits dans une petite villa dans la brousse proche. Ils vont mourir bientôt, dans des circonstances qui ont été décrites de façons diverses, mais dont aucune ne correspond parfaitement à la vérité. Là encore, on finira sans doute par savoir tout l’essentiel, mais ici encore il faudrait trop de pages, même pour un simple résumé de toutes hypothèses. L’essentiel est de savoir que Lumumba et ses compagnons sont assassinés le jour même. La nouvelle n’en sera donnée que le 10 février suivant par le ministre de l’Intérieur, Godefroid Munongo, qui attribue la responsabilité de la mort des détenus à des villageois en colère les ayant surpris alors qu’ils étaient en fuite. C’est un mensonge si évident que Munongo lui-même renoncera à soutenir cette version. Mais la vérité, il ne la dira pas non plus.
La disparition tragique de Lumumba ne va rien arranger. Pour ses partisans, il sera le martyr dont se réclameront, trois ans plus tard, les redoutables rebelles mulelistes. Et dans l’immédiat, tous les efforts d’apaisement voulus par l’ONU échoueront.

DERNIÈRE LETTRE DE LUMUMBA À SA FEMME PAULINE


Eloi Koussawo avec Pauline Opango, la veuve de Patrice Lumumba (en Belgique, février 2002)

Lettre écrite en prison en décembre 1960 à sa femme Pauline.
Ma compagne chérie,
Je t’écris ces mots sans savoir s’ils te parviendront, quand ils te parviendront et si je serai en vie lorsque tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon pays, je n’ai jamais douté un seul instant du triomphe final de la cause sacrée à laquelle mes compagnons et moi avons consacré toute notre vie. Mais ce que nous voulions pour notre pays, son droit à une vie honorable, à une dignité sans tache, à une indépendance sans restrictions, le colonialisme belge et ses alliés occidentaux - qui ont trouvé des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés, parmi certains hauts fonctionnaires des Nations-unies, cet organisme en qui nous avons placé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assistance - ne l’ont jamais voulu. Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller notre indépendance.
Que pourrai-je dire d’autre?
Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes, ce n’est pas ma personne qui compte. C’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a transformé l’indépendance en une cage d’où l’on nous regarde du dehors, tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir. Mais ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur.
Nous ne sommes pas seuls. L’Afrique, l’Asie et les peuples libres et libérés de tous les coins du monde se trouveront toujours aux côtés de millions de congolais qui n’abandonneront la lutte que le jour où il n’y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires dans notre pays. A mes enfants que je laisse, et que peut-être je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau et qu’il attend d’eux, comme il attend de chaque Congolais, d’accomplir la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance et de notre souveraineté, car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres.
Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m’ont jamais amené à demander la grâce, car je préfère mourir la tête haute, la foi inébranlable et la confiance profonde dans la destinée de mon pays, plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés. L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité. Ne me pleure pas, ma compagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre son indépendance et sa liberté. Vive le Congo! Vive l’Afrique!
Patrice Lumumba ».


Il est important de rappeler que la Belgique a le mérite d’avoir organisé une commission d’enquête pour établir les responsabilités dans l’assassinat de Patrice Lumumba. À la suite des travaux de ladite commission, l’Etat belge a publiquement présenté ses excuses à l’Etat et au peuple congolais.
Qu’en est-il de la France sur l’assassinat de Sylvanus Olympio, Père de l’Indépendance et de la Nation togolaise?



Bruxelles, le 17 janvier 2019.
Pour le Mouvement patriotique du 5 octobre (MO5-Togo), le Coordinateur Général
Eloi Koussawo