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Pourparlers inter-centrafricains de paix de Khartoum: les négociateurs étaient aussi des femmes

République Centrafricaine - Societe
Dans les deux salles du Centre académique de Khartoum, là où se déroulaient les réunions à huis clos entre la délégation gouvernementale et les 14 groupes armés, leur présence était une constante. Il s’agit des quatre femmes sur les 49 membres des parties centrafricaines qui discutaient directement afin de parvenir à un accord de paix en Centrafrique: trois dans l’équipe de négociations du Gouvernement et une parmi les groupes armés.
D’un côté, Marie Nöelle , ministre de la Défense nationale et de la reconstruction de l’armée, Sylvie Baïgo-Temon, ministre des Affaires étrangères et des Centrafricains de l’étranger, et Virginie Baïkoua, ministre de l’Action humanitaire et de la réconciliation nationale et de l’autre, Esther Guetel, du groupe armé Révolution et Justice (RJ) – branche Belanga (sur la photo, la ministre Baïkoua et la représentante du RJ Belanga échangent à la fin d’une plénière).

Pour ces Centrafricaines, participer aux pourparlers de paix organisés par l’Union africaine (UA) avec le soutien des Nations unies, a eu une signification particulière. C’est l’avis de la ministre de la Défense nationale et de la reconstruction de l’armée pour qui la présence de trois femmes dans l’équipe gouvernementale a été d’un réconfort pour les femmes. « Nos sœurs nous ont remis leurs revendications et les préoccupations des différents réseaux des femmes centrafricaines y compris l’OFCA. Nous avons exploité ces revendications et nous les avons remises à toute l’équipe qui les a prises en compte dans les négociations », indique la ministre, ajoutant que « quand les femmes sont présentes dans les négociations, elles y vont avec le cœur, elles y vont en tant que femmes, mères nourricières, celles qui donnent la vie. Et quand on parle comme quelqu’un qui donne la vie, c’est très important pour permettre à tous ceux qui sont en face d’adoucir leurs cœurs et de comprendre qu’il faut aller au dialogue ».

De son côté, Esther Guetel, du groupe RJ-Belanga, confesse avoir été approchée par des compatriotes féminines avant ces discussions: “Les événements de la Centrafrique ont fait que les femmes en sont les premières victimes. Les femmes souffrent beaucoup et je suis ici pour ça, pour défendre la cause de la Centrafrique et surtout de la femme centrafricaine. Des femmes m’ont contacté et m’ont surtout parlé des problèmes sécuritaires, de nos enfants qui ne vont pas à l’école, des femmes qui vivent dans la brousse et beaucoup d’autres choses”.

Même si, côté gouvernemental, le chef de la délégation et ministre d’Etat Firmin Ngrebada a été l’interlocuteur direct des groupes armés, les femmes ministres ont eu à intervenir dans les plénières selon leurs domaines de compétence. « Nous travaillons en équipe. Nous avons eu plusieurs formations en termes de négociations. Et pour bien canaliser les choses, nous travaillons en équipe et il y a quelqu’un qui porte la voix de tout le monde. Et c’est ça qui a été à notre actif pour une belle réussite de cette négociation. Nous avons été vraiment en cohésion, nous avons fait un travail d’équipe et nous nous réjouissons de l’atteinte de cet objectif », indique la ministre Koyara, pour qui les femmes et les enfants seront les premiers bénéficiaires de la fin de la violence dans le cadre de la politique de main tendue du Chef de l’Etat.

Pour sa part, la représentante du RJ-branche Belanga précise qu’après les interventions poncutelles en plénière, elle se retrouvait avec ses collègues pour un debriefing afin de préparer les rencontres suivantes: “Je suis intervenue de temps en temps, dans le sens positif de la paix surtout. Après la réunion on se concertait pour voir qui a mal parlé, qui a bien parlé et après on corrigeait, pour qu’à la prochaine réunion on puisse être sur la même longueur d’onde afin de répondre à certaines questions du Gouvernement ou des facilitateurs”.

Même si elles n’ont pas participé pas aux discussions à Khartoum, quatre autres Centrafricaines ont intégré la délégation gouvernementale: l’une faisait partie du groupe d’experts, une autre de la plateforme religieuse tandis que deux autres représentaient l’Organisation des femmes centrafricaines (OFCA).

La résolution 1325 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies en octobre 2000, “demande instamment aux États Membres de faire en sorte que les femmes soient davantage représentées à tous les niveaux de prise de décisions dans les institutions et mécanismes nationaux, régionaux et internationaux pour la prévention, la gestion et le règlement des différends”.

Lors de la commémoration de la journée porte ouverte sur cette résolution, le 22 novembre 2018 à Bangui, une soixantaine de femmes membres de l’OFCA, du Réseau pour le leadership féminin en Centrafrique (RELEFCA) et du Réseau des femmes ministres et parlementaires (REFAMP) avaient demandé au Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, Parfait Onanga-Anyanga, et au Représentant spécial du Président de la commission de l’UA, Moussa Nébié, de renforcer “le plaidoyer auprès des principales parties prenantes au processus de dialogue et de négociation initié par l’UA en faveur de la prise en compte des préoccupations des femmes dans les négociations et leur implication dans le mécanisme de suivi de la mise en œuvre des accords”.