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Économie et crises sociopolitiques en couverture des journaux camerounais

Cameroun - Societe
L’exécution peu satisfaisante du budget d’investissement public (BIP) 2018, la crise anglophone ainsi que l’incarcération des dirigeants et militants de l’opposition, se disputent les principales manchettes des journaux camerounais parus lundi.
Avec pour titre «BIP 2018 : 76,36% d’exécution physique», le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune se fait l'écho de la faible exécution du BIP de l’année dernière, constatant un recul notoire par rapport à 2017 où elle s’était hissée à 91,95%.

Selon Repères, les facteurs relatifs à cette contre-performance sont entre autres le non-respect des plans de passation des marchés, l’abandon des chantiers par des prestataires, l’insécurité dans certaines régions, l’insuffisante qualification des personnels de certaines entreprises adjudicataires, le non respect des délais contractuels, des retards dans le paiement des décomptes.

Inadéquation entre les prévisions et les engagements, paiement tardif des décomptes, surface financière et expertise technique de certaines entreprises sont, énumèrent en chœur L’Anecdote et Le Financier d’Afrique, entre autres, les limites observées par le Comité national de suivi de l’exécution physico-financière de l’investissement public.

Les difficultés liées à l’exécution financière des projets viennent clôturer ce sombre tableau, soupire InfoMatin, avec la non production des plans d’engagement dans les délais, la non maîtrise des procédures liées aux subventions d’investissement et aux fonds de contrepartie, en raison de l’insuffisante appropriation des nouvelles procédures d’exécution desdits crédits.

Il y a également lieu, renchérissent Défis Actuels et Le Quotidien de l’Économie, de mentionner que la crise sécuritaire, dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest n’est pas sans conséquences sur cette tendance baissière.

La crise anglophone est, justement, en grande manchette de The Sun et de La Nouvelle Expression qui signalent l’enlèvement, pendant le week-end dans la localité de Kumbo et par de présumés sécessionnistes, de près de 200 élèves d’un collège confessionnel.

Bien qu’une bonne partie des jeunes captifs ait été retrouvée saine et sauve, ces publications, rappelant au passage un rapt similaire survenu en décembre 2018, s’interrogent lourdement sur la logistique utilisée par les preneurs d’otages, le fait qu’ils puissent agir en toute sécurité dans une zone hautement militarisée, enlevant, déplaçant et cachant des dizaines de personnes sans être inquiétés.

Face à la férocité de la bataille entre les séparatistes et les forces de défense et de sécurité, les responsables religieux de la zone, signale The Post, ont dû se résoudre à fermer les écoles qui continuaient de fonctionner tant bien que mal, et à demander aux parents de ramener leurs enfants à la maison.

C’est le moment que choisit l’ancien secrétaire général de la présidence de la République Titus Edzoa, dont le portrait orne la couverture de Le Jour et Le Messager, pour établir son diagnostic accablant contre le régime de Yaoundé, accusé d’avoir pris des mesures à la fois infructueuses et inopérantes depuis le début du conflit sécessionniste.

Dans ces deux quotidiens à capitaux privés, l’ex-proche de Paul Biya estime que le chef de l’État a jusqu’ici observé une posture périphérique quant à l’essence même du problème anglophone, condamnant par ailleurs sa détermination clairement affichée d’anéantir par la force les partisans de la sécession au cours de ses multiples interventions médiatiques.

«M. Biya, par incompétence, sous-estime la crise anglophone», tranche, dans les colonnes de Le Messager, celui qui fut également le médecin personnel du président de la République avant de connaître 17 ans de prison.

The Median, également dans le registre de la colère, se penche sur l’arrestation et la détention du leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition), Maurice Kamto et de dizaines de ses partisans, qu’il qualifie de ridicule et d’inacceptable.

Et l’hebdomadaire de langue anglaise de remettre en question l’indépendance et le prestige des magistrats, qui sur cette affaire semblent instrumentalisés par le pouvoir politique.

Et L’Essentiel de faire le décompte : elles sont plus de 160, les personnes déjà inculpées pour des faits de trouble à l’ordre public et d’hostilité contre la patrie, le président du MRC et compagnie séjournant à la prison centrale de Yaoundé depuis le 12 février.

Selon des sources proches de l’enquête, prolonge Cameroon Tribune, 151 personnes ont été interpellées au lendemain des manifestations organisées par le MRC le 26 janvier dernier et placées en garde à vue à Yaoundé.

Après avoir été interrogées par des officiers de police judiciaire, ces personnes ont été déférées devant le tribunal militaire de la capitale les 13 et 14 février 2019 pour les faits qualifiés d’insurrection, hostilité contre la patrie, rébellion, dégradation et destruction de biens publics, dégradation et destruction de biens de particuliers, attroupement, outrage au président de la République, complicité d’outrage au président de la République.

En tout, ajoute la publication, le juge d’instruction du tribunal militaire de Yaoundé a placé en détention provisoire 126 personnes sur les 151 interpellées, les 25 autres personnes sont poursuivies libres.

Le feuilleton ne fait que commencer, annonce L’Essentiel : les partisans de Maurice Kamto, réunis au sein de fameuses «brigades antisardinards», n’ont pas encore jeté l’éponge et on pourrait dès lors s’attendre à de nouvelles arrestations et des déferrements à la prison, car pour l’heure, il est manifestement difficile de dissocier les actes posés en France et en Allemagne, où les ambassades du Cameroun ont été saccagées, des marches programmées par le MRC et qui les ont provoquées.

«Toutes les infractions qui nous ont été imputées ne peuvent pas tenir en dehors du Code pénal», lance, dans La Nouvelle Expression, l’avocat André Marie Tessa, interpellé sur la voie publique à Bafoussam (Ouest), déporté comme des dizaines d’autres personnes à Yaoundé avant d’être libéré deux semaines plus tard.

Les autorités sont dans un dilemme, analyse Défis Actuels : libérer le président du MRC et l'encourager ainsi dans la surenchère, ou le condamner et en faire un martyr, au risque de créer une nouvelle crise.

«Entre-temps, la communauté internationale, dont les dirigeants du MRC s’inquiétaient de l’attentisme depuis des semaines, commencent à mettre la pression sur Yaoundé.»

Et parmi les dirigeants étrangers qui s’émeuvent de la tournure des événements, The Guardian Post cite le président français, Emmanuel Macron, qui a appelé son homologue camerounais, une forme de pression pour demander la libération des opposants et la résolution rapide de la crise anglophone.

À quel jeu joue réellement la France ? se demande La Nouvelle, voyant «quelques onces de complaisance et d’ambiguïté dans l’attitude de la France», qui dans une logique de théâtralisation de la violence politique et du coup de force, a laissé de présumés opposants camerounais mettre à sac la représentation diplomatique du Cameroun à Paris, le 26 janvier 2019.