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Transe et évanouissement des filles dans les collèges et lycées : Chronique d’un phénomène qui cristallise les attentions

Togo - Societe
Mystère, phénomène absurde, colère des dieux sur les populations ou encore effets des vaccins inoculés aux enfants, au Togo, les interprétations vont bon train pour expliquer le phénomène des filles en transe et qui tombent évanouies dans les collèges et lycées. Au départ, les regards étaient seulement tournés vers la région Centrale, notamment Sokodé qui serait la ville d’expérimentation des vaccins périmés sur les filles. Mais au fil du temps, on se rend compte que le phénomène atteint d’autres villes, précisément la capitale où les premiers cas ont été signalés ce mardi 18 février au lycée de Bè-Klikamé à Lomé.
L’on pourrait peut-être donner raison à ces parents qui n’ont jamais entendu parler de ce phénomène que beaucoup de psychologues ayant travaillé sur la psychosomatique, ont déjà tenté d’expliquer. C’est donc normal que ces parents d’élèves, et par ricochet, la population versent dans des interprétations diverses (jusqu’à faire appel aux dieux) dans le but de comprendre ce qui, à leurs yeux, relève du mystère. Et pourtant, un regard ou une petite attention vers les autres pays peut renseigner sur ce qui se passe en réalité.

Le phénomène a commencé au Togo, notamment à Sokodé dans la deuxième moitié de janvier de cette année. Mais bien avant cela, d’autres pays l’ont déjà expérimenté. « Plus d'une quarantaine d'élèves du collège et du lycée Nganga Edouard, un établissement public du centre de Brazzaville, ont perdu conscience ce mercredi 24 octobre 2018 dans une scène surréaliste qui a provoqué une grande panique. La scène a commencé alors que l'établissement recevait la visite de la ministre de la Jeunesse », pouvait-on lire en octobre dernier sur le site de Rfi.fr dans un article intitulé : « Scène d’hystérie collective et inexpliquée dans un lycée de Brazzaville ».

Le même phénomène s’est produit au Burkina Faso en mai 2010, relayé par le journal Le Pays qui a évoqué dans ses colonnes : « Une trentaine d’adolescentes s’évanouissent inexplicablement dans la cour du groupe scolaire Espoir Tegawendé au secteur 30 de Ouagadougou ». En République Démocratique du Congo (RDC) le 15 décembre 2008, radiookapi.net avait signalé qu’« un enseignant et 8 de ses élèves tombent en pleine salle de classe à la suite d’un malaise inexpliqué ». La Radio de Tataouine avait également rapporté « qu’un état étonnant d’évanouissement collectif a été enregistré » le vendredi 04 décembre 2015 parmi 13 filles au lycée Ouadi Nour en Tunisie. Leparisien.fr avait aussi publié un article sur le phénomène en Colombie en septembre 2014 où « des jeunes filles qui tremblent et s'évanouissent avec des convulsions » a créé la panique au sein de la population. La scène se passait dans une petite localité dans le nord de la Colombie. Et là aussi, rapportait le site français, les habitants mettaient en cause une campagne de vaccination contre le virus du papillome humain (VPH). Même les Etats-Unis n’ont pas été épargnés par le mal. « Quinze adolescentes font état d'une mystérieuse épidémie de spasmes, de tics et de convulsions dans le nord de l'État de New York », avait-on appris en septembre 2011.

Comme on peut le voir, ce n’est pas un phénomène propre au Togo. Et les interprétations que donnent certains (même des intellectuels) de la situation ne sont pas forcément vraies. A en croire les experts, ces phénomènes dits « inexpliqués » ont une signification. Ils parlent d’hystérie de masse, encore connu sous le nom de trouble de conversion. Ces troubles impliquent la plupart du temps les femmes, souvent des adolescentes. Les patients présentent des symptômes réels, mais psychologiquement déclenchés.

C’est en fait une hystérie collective qui relève d’une situation dans laquelle un groupe de personnes présente les mêmes symptômes somatiques, sans cause organique. En 1977 aux États-Unis, 57 membres d'un orchestre scolaire furent pris, après un événement sportif, de maux de tête, nausées, vertiges, évanouissements… Ne trouvant pas de cause organique, les chercheurs ont conclu à une réaction à la chaleur, dont avaient été victimes quelques-uns de ces musiciens et qui s'était étendue aux autres par suggestion émotionnelle.

Pour rassurer les populations togolaises, le ministère de la Santé a d’ailleurs fait une sortie en début de semaine pour expliquer le phénomène. Il s’agit, selon Awoussi Sossinou, Secrétaire au ministère togolais de la Santé, d’une atteinte psychosomatique, un effet sur la psychologie et le corps qui n’atteint pas les organes. Ce qui traduit l’absence d’anomalie après les examens effectués sur les victimes. Pour le cas de ces filles, a-t-il poursuivi, la manifestation de la psychosomatique peut être liée à la peur d’une situation donnée.

« Le Togo n’est pas le seul pays à connaitre ce phénomène. Des cas similaires avaient été retrouvés en Afrique de l’Est et du centre », a-t-il indiqué.

Aujourd’hui, des messages continuent de circuler sur les réseaux sociaux concernant une serviette hygiénique qui serait à l’origine de l’évanouissement des filles dans les collèges et lycées de la place. Ce qui augmente la panique au milieu de la population. Mais en réalité, ce sont des supputations, des surenchères et des mauvaises publicités qui réduisent des efforts des autorités à donner des explications logiques au phénomène.

Une chose est sûre : le phénomène de transe et d’évanouissement des filles dans les collèges et lycées n’est pas propre au Togo. Et cela ne peut relever d’un mystère comme certains tentent de le faire croire. Il trouve son explication dans ce que les experts appellent l’hystérie collective ou encore les symptômes somatiques. Les populations devront donc faire économie des séances de prières et autres cérémonies organisées, surtout à Sokodé pour conjurer le sort, si vraiment sort il y a.


I.K