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Jean-Pierre Fabre, candidat à la présidentielle de 2020? Le démenti de l'ANC pas très convaincant.

Togo - Opinions
Au sein de l’opposition togolaise tout semble aller ces dernières semaines dans tous les sens. À peine nous nous sommes remis de la pagaille ayant entouré le fameux conclave organisé par 9 partis de la coalition , que le parti de l’ex-chef de file de l’opposition trouve le malin plaisir de nous faire une annonce qui vient corser encore plus l’imbroglio. « On a déjà un candidat naturel à l’ANC », c’était lors d’un meeting de la la jeunesse dimanche 24 février 2019 à Bè-Kondjindji que l’ancien député Sévérin Kossi Drah avait fait cette déclaration en pensant bien sûr à Jean-Pierre Fabre.
« Je ne dis pas que le candidat de l’ANC s’impose à tous les autres candidats. Mais l’ANC a déjà son candidat », aurait pousuivi l’ex- Honorable. Le lendemain M. Eric Dupuy, chargé de la communication du parti orange monte au créneau pour démentir l’annonce de la candidature de son chef aux présidentielles de 2020 par l’ancien député. Qui faut-il désormais croire?

Monsieur Sévérin Kossi Drah n’est pas n’importe quel militant de l’ANC; en dehors du fait qu’il soit ancien député, vu sa position, il ne peut pas être très éloigné de ce qui se dit en interne au sein de l’état-major de sa formation politique; en un mot M. Drah n’est pas très loin de ceux qui sont dans le secret des dieux. En continuant à nous intéresser à la suite du raisonnement de l’ex-parlementaire, on se rend compte qu’il reste dans la logique des élections à venir et un tel développement de sa part ne peut aucunement être en contradiction avec l’annonce d’une candidature, soit-elle celle de Jean-Pierre Fabre, qui ne serait qu’une suite logique de sa dissertation.

« Je regrette que certains partis ont une mauvaise compréhension du conclave. L’objectif de cette réunion n’était pas pour choisir un candidat unique. C’est plutôt voir comment réaménager la C14 pour répondre de façon efficace aux élections qui nous attendent...»

Même si nous sommes très éloigné de l’idée de créer une polémique inutile, cette sortie de l’ancien député de l’ANC au meeting de la jeunesse de ce parti pose beaucoup plus de questions qu’elle n’y répond. Et c’est pourquoi le démenti de Monsieur Dupuy a du mal à convaincre beaucoup d’observateurs du paysage politique togolais.
Monsieur Drah vient-il de dire très haut ce qui se murmure dans les couloirs de l’état-major de l’ANC? Nous sommes en politique où la pratique du lancer des ballons d’essai dans l’opinion est monnaie courante. S’agit-il de propager une annonce si importante pour voir la réaction de la population, et ensuite faire marche arrière en disant qu’il s’agit d’une bévue? d’un lapsus?

En tout cas dans le développement de M.Drah il n’a nulle part été question de mobilisation pour continuer la lutte, mais d’élections et de candidature. Nous ne croyons pas qu’à l’ANC la priorité reste désormais la participation aux élections à venir sans avoir obtenu les réformes. Nous ne croyons pas non plus, malgré les informations que nous avons de certaines sources, qu’à l’ANC on ne croit plus à la révolution populaire pour faire plier la bande à Faure Gnassingbé.
Il y a en Allemagne cette légende du coup de poignard dans le dos. „die Dolchstoßlegende“ qui est restée célèbre. Les soldats allemands, dont un certain Adolf Hitler, vers la fin de la première guerre mondiale estimèrent que leurs supérieurs leur avaient donné un coup de poignard dans le dos en signant l’armistice à Versailles avec les alliés, alors qu’ils étaient près de gagner la guerre. En d’autres mots, s’il n’y avait pas eu l’armistice, ils auraient gagné la guerre.

Au Togo il ne s’agit pas de signer l’armistice ou la paix avec le régime de dictature,certes, mais cesser de combattre alors que le potentiel populaire est encore intact, alors que les populations togolaises en colère sont prêtes à en découdre avec leur oppresseur, ressemblerait à la légende allemande et surtout à une compromission avec l’adversaire. C’est pourquoi les populations togolaises ne pardonneront pas à ceux qui, au sein de la coalition de l’opposition, tenteront de les poignarder dans le dos, au moment où elles n’attendent qu’une organisation intelligente de la part des leaders auxquels elles ont fait confiance pour continuer et finir la lutte.

Au moment où l’unité de la C14 se trouve sur un fil de rasoir à cause en partie de l’organisation non inclusive du conclave, des décisions solitaires et impopulaires d’où qu’elles viennent finiront forcément par donner le coup de grâce à cette union chancelante. Nous avons désormais besoin, pour la suite de la lutte, que l’opposition parle d’une voix et reconnaisse que l’heure n’est pas aux élections, mais à une mobilisation encore plus grande des populations pour obliger le pouvoir liberticide de Lomé à créer un cadre vraiment démocratique pour de vrais scrutins électoraux. Autrement, aller à des élections dans le statu quo actuel, c’est-à-dire sans réformes, serait ouvir un boulevard à celui dont le pouvoir politique constitue une question de vie ou de mort, Faure Gnassingbé. À quoi auront donc servi tous ces morts, tous ces blessés , tous ces injustement incarcérés et tous ces exilés forcés?

Samari Tchadjobo