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Me François Boko : « Je veux aider ce pays à sortir du statu quo… »

Togo - Politique
C’est connu de tous. Me François Akila-Esso Boko, ancien ministre de l’Intérieur, rentre à Lomé ce jeudi 28 mars en provenance de Paris. Dans un entretien avec notre confrère Christophe Boisbouvier sur Radio France Internationale (RFI), l’avocat confirme son retour au Togo, après 14 ans d’exil. Pour lui, le Togo est enfoncé dans un antagonisme politique fait d’une part du désir de conservation à tout prix du pouvoir, et d’autre part d'une opposition idéologique sans stratégie. L’ancien ministre veut travailler en sorte à faire disparaître ce statu quo, car, à l’en croire, il n’a pas encore rendu à ce pays, ce qu’il lui a donné. Lisez plutôt !
Christophe Boisbouvier : François Boko, bonjour

François Boko : Bonjour

Après 14 ans d’exil, vous vous préparez à renter à Lomé. Est-ce que les autorités togolaises sont prévenues ?

Bien sûr que oui. La décision que j’ai prise de rentrer dans mon pays après 14 ans d’exil est le fruit d’une longue réflexion qui s’est fondée sur des discussions qui ont eu lieu par émissaires interposés entre le Président de la République togolaise et moi-même. Et le chef de l’Etat du Togo, suite à ces discussions, a donné son accord de principe pour un retour en toute sécurité. Cet accord de principe a été réitéré auprès des autorités françaises par son émissaire, puisque vous savez que depuis 14 ans, les autorités françaises m’ont accordé leur protection. Donc dès lors que cet accord de principe a été confirmé auprès des autorités françaises, il n’y avait pas de raison que je doute de la sincérité de la parole présidentielle. En dépit de quelques hésitations, notamment celles liées à la délivrance de mon passeport togolais, et celles liées aux modalités de sécurité.

Ces quelques hésitations dont vous parlez, c’est notamment la difficulté que vous avez aujourd’hui à avoir un certificat de nationalité qui vous permettra d’avoir un passeport togolais, c’est ça ?

Oui, l’avocat mandaté sur le terrain à Lomé attend avec impatience la délivrance de ce certificat de nationalité qui doit permettre de me délivrer un passeport. Mais ce sont des détails. L’essentiel est que le chef de l’Etat a donné son accord de principe et a confirmé cet accord de principe qui, depuis 14 ans, m’ont accordé leur protection.

Est-ce que vous risquez d’être arrêté ?

Pour moi, l’essentiel est que le chef de l’Etat togolais a donné sa parole, et j’ai pris la décision, après avoir consulté les partenaires qui, à l’époque, avaient contribué efficacement à mon exfiltration, je parle des Etats-Unis, je parle de l’Allemagne, je parle de l’Union européenne. Donc après avoir consulté ces partenaires, j’ai pris ma décision au vu de l’accord de principe que le chef de l’Etat a donné, de rentrer, au vu de la main tendue, parce que je dois avouer que le chef de l’Etat a envoyé trois émissaires me proposer un retour sécurisé.

Quelle est votre situation devant la justice togolaise ?

Aucune procédure n’est engagée, à ma connaissance, contre moi.

Vous rentrez un an avant la présidentielle prévue en avril 2020. Est-ce que vous avez une ambition politique ?

C’est trop tôt pour le dire. Ce n’est un secret pour personne que je nourris des ambitions pour mon pays. Elles sont légitimes. Mais est-ce que de là, je serai candidat en 2020 ? Je crois que c’était le sens de votre question. Je pense que c’est trop tôt pour se prononcer. Néanmoins, je peux vous rassurer que je ne m’interdis rien quand il s’agit de servir mon pays.

Vous savez que mon pays est englué depuis des décennies dans des antagonismes politiques qui empêchent son développement. Je veux aider à sortir de cet antagonisme permanent qui déchire la société togolaise. Je veux pouvoir aider à la réconciliation.

Et pour la présidentielle de l’année prochaine, est-ce que vous pensez que le président sortant, Faure Gnassingbé a le droit de se présenter ou pas ? C’est la question qui divise aujourd’hui au Togo.

Vous savez, pour l’instant, je ne suis pas encore dans l’arène politique. J’ai encore des obligations de réserve, et je ne souhaite pas me prononcer sur cette question. En temps opportun, je donnerai mon avis et il appartient à la classe politique toute entière, y compris le président de la République de faire preuve de bonne volonté pour apaiser ce pays et l’amener vers la voie de la réconciliation.

Mais si la CENI n’est pas indépendante, à quoi bon faire des élections, dit l’opposition

Elle a raison, l’opposition. Il faut travailler pour la transparence du scrutin, effectivement cela passe par l’institution qui l’organise.

Pour être candidat à la présidentielle d’avril 2020, il faut avoir résidé au Togo pendant un an d’affilé avant le scrutin, est-ce la raison pour laquelle vous souhaitez rentrer dès cette semaine ?

Je vous l’ai dit, il est trop tôt pour que je me prononce sur cette question. Je sais qu’il vous tient à cœur. En tout cas, je ne m’interdis rien. L’enjeu majeur du prochain scrutin est de sortir des antagonismes stériles, des postures, l’une de conversation vaille que vaille du pouvoir, et l’autre d’opposition trop idéologique pour être stratégique. Donc mon pays a vraiment besoin de normalité politique.

Voilà plusieurs mois que vous demandez votre certificat de nationalité, vous ne l’obtenez pas. Est-ce que le pouvoir ne va pas retarder la délivrance de ce document, afin d’essayer de vous empêcher d’être candidat l’année prochaine ?

Je n’ose pas croire qu’on peut exclure du jeu politique par des méthodes d’un autre âge. Mais tout est possible. Pour moi, ce ne sont que des détails, mais vous avez raison, utiliser ces détails pour empêcher ou faire barrage à une potentielle candidature, n’est pas politiquement élégant. L’essentiel pour moi est de rentrer au Togo en toute sécurité, de retrouver les miens et de renouer avec le peuple togolais dans ses joies comme dans ses difficultés.

Notre confrère togoactualités se demande si vous allez renoncer à votre confort de technocrate international pour descendre dans l’arène politique.

Confort de technocrate international, c’est trop dire. Quand il s’agit de servir mon pays, je ne m’interdirai rien. Servir mon pays est plus honorifique tout autre confort imaginaire. Je veux aider ce pays à sortir du statu quo dans lequel il s’est englué depuis des décennies. J’estime que jusqu’à présent, je n’ai pas suffisamment rendu à ce pays ce qu’il m’a donné.

François Boko, merci


Transcris par la Rédaction