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Les espoirs de paix en zone anglophone en vedette dans les journaux camerounais

Cameroun - Societe
La fin de la visite du Premier ministre (PM), Joseph Dion Ngute, dans la région du Nord-Ouest, dans le cadre de la recherche des solutions de sortie de la crise sécessionniste anglophone, passionne les journaux camerounais parus ce lundi.
Quatre jours durant dans le chef-lieu du Nord-Ouest, Bamenda, le chef du gouvernement a, relate Défis Actuels, rencontré les principaux acteurs sociaux et politiques de la région, épicentre de la crise anglophone, se montrant humble et ouvert, allant à la rencontre des populations dans les marchés et quartiers, il a relancé l'espoir de paix dans cette région qui paie cher le coût humain et socio-économique de la crise.

Il s’agit d’un «tournant décisif» pour le retour de la paix dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, salue le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune qui signale que le Premier ministre a annoncé le renforcement de la dynamique de dialogue, toute chose perçue par de nombreux observateurs comme une importante avancée sur la voie de l’apaisement.

« Le Premier ministre Dion Ngute séduit le public de Bamenda par son approche terre-à-terre », constate The Guardian Post, lui aussi sous le charme d’un homme de terrain dépouillé des convenances protocolaires, venu discuter avec tout le monde y compris des anonymes.

Au-delà du changement de style et d’approche adopté par le chef du gouvernement, cette visite du PM, renchérit Mutations, a permis de savoir que le chef de l’État est disposé à organiser le dialogue que la classe politique, la société civile et les partenaires au développement appellent de leurs vœux depuis belle lurette, Paul Biya ayant surtout missionné son Premier ministre sur le terrain pour dire que le débat sur le fédéralisme n’est plus tabou, seul l’est dorénavant celui sur la sécession.

« Dion Ngute déclare que Paul Biya est maintenant prêt pour le dialogue », appuie The Sun, révélant que l’homme a, pendant son séjour à Bamenda, reçu un mémorandum des sécessionnistes. Des activistes que le président Paul Biya, selon InfoMatin, citant les propos du PM, recevra bientôt, « dans les plus brefs délais ».

Un document similaire à celui des « Ambazoniens » a aussi été remis au pouvoir de Yaoundé par le leader du Front social démocratique (SDF), Ni John Fru Ndi.

Le premier parti de l’opposition parlementaire y propose non seulement ses bons offices, mais aussi ébauche les conditionnalités d’un dialogue apaisé, que cite L’Actualité : le cessez-le-feu immédiat et bilatéral, la nomination d'un médiateur de la crise et l'acceptation des observateurs, la libération immédiate de tous les prisonniers politiques incarcérés dans le cadre de cette crise, le report des élections régionales, municipales et législatives prévues cette année.

Avec la pression de la communauté internationale, il s’agit, selon L’Indépendant, de sortir rapidement du cycle dantesque dans lequel se sont enfermés les deux camps depuis près de trois ans.

L’Anecdote, qui titre sur « le contre-pied du président », ne voit pas les choses de la même manière : Paul Biya, au sujet de la crise anglophone, agit sans pression ni ingérence étrangère et, en « mendiant de la paix », est ouvert pour débattre de tout sauf de la sécession de son pays.

Les derniers tweets présidentiels, qui exaltent la paix, le pardon et la réconciliation, laissent penser que quelque chose d’important et d’historique prend progressivement corps en haut lieu, analyse Mutations, estimant qu’il s’agit d’une indication limpide que la ligne dure tenue par des faucons, soucieux de préserver leur pouvoir et privilèges, est en train de s’effriter face au tact, à l’humanisme et au réalisme que commande le règlement de la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, pour ne citer qu’elle.

C’est que Paul Biya recule face à l’ennemi, résume La Voix du Centre : alors qu’il se prenait encore pour un demi-dieu il y a quelques mois, le président de la République s’est résolu à emprunter la voie du dialogue qu’il a tant de fois refusée.

« Donner une chance à la paix ne peut être que le vœu de ceux qui vivent, même à distance, le drame touchant une partie du Cameroun depuis octobre 2016 », convient Aurore Plus.

« Mais beaucoup, à force de tergiversations et même de dénis, mettent aujourd’hui en doute la sincérité d’un pouvoir dont le chef, en personne, vit la crise anglophone comme un événement lointain, se contentant de dépêcher des émissaires sur le terrain ou de créer d’improbables commissions républicaines », poursuit le journal.

Il convient ainsi de rester prudent, de ne pas s’enflammer, tempère The Post, constatant que les conditions du dialogue, posées par Paul Biya, sont totalement à l’opposé de celles des séparatistes.

« Tant pis pour ceux qui, par œillères, mauvaise foi ou calcul égoïste, refusent ou feignent de ne pas percevoir les signes du temps. Ne comprennent pas que beaucoup de présages montrent qu’aujourd’hui, plus qu’hier, tout ou presque concourt désormais pour la tenue d’un dialogue sur les irrédentismes dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest », tacle le bihebdomadaire Repères.

En effet, constate la publication, alors que l’unanimité se fait quasiment sur l’acceptation du dialogue, reste à scruter la réaction des sécessionnistes, eux qui ne bénéficient plus du soutien aveugle des premiers mois de la crise, le Sénat américain, par exemple, ayant exhorté les groupes séparatistes à engager un dialogue large, sans conditions préalables, avec le gouvernement camerounais, et ainsi d'exprimer pacifiquement leurs doléances.

À la fin, c’est sans doute la fine analyse de Défis Actuels qui devrait permettre de scruter l’horizon avec espoir : « Au lendemain de sa tournée, une question demeure : Joseph Dion Ngute peut-il produire le +miracle+ ? Pour le moment, nul ne sait. Mais le fait est que, sur les visages des différentes personnes qu’il a rencontrées, les crispations qui prévalaient avant sa venue, la première depuis sa nomination le 4 janvier dernier, ont laissé la place à des attitudes nettement plus confiantes et détendues ».