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C7, "coalition renovée", ANC....: sont-ils encore opposants ou alliés du pouvoir?

Togo - Opinions
La question mérite d´être posée si on observe le comportement ces dernières semaines de ce qu´il reste aujourd´hui de l´opposition togolaise. Aucun plan bien visible de la part d´aucun leader ou d´aucun parti politique allant dans le sens d´une organisation intelligente pouvant susciter l´espoir auprès du peuple quant à la suite de la lutte. Pire, la division semble avoir gagné du terrain depuis que l´expérience au sein de la C14 a tourné court à cause des raisons que tout le monde connaît. La décision de certains partis politiques de participer aux élections locales, bien que le régime ait délibérément refusé d´enregister les militants de l´opposition en grand nombre, nous pousse à nous poser moult questions quant à ce que veut vraiment cette frange de l´opposition en allant à des élections sans grand enjeu pour la libération du pays.
"Il n'y a aucun fichier électoral fiable pour parler d'élections crédibles. De décembre 2018 à nos jours, qu'est-ce qui a changé fondamentalement dans le processus électoral ? La question de la CENI, toutes les institutions sont entre les mains de l'oligarchie. Maintenant, qu'est-ce que l’opposition va aller faire au niveau local ? C'est pour aller travailler sous les préfets?"

C´est en ces termes que s´est interrogé M.Djimon Oré, président du Front des Patriotes pour la Démocratie (FPD) au cours d´une interview sur une radio de la place. L´ancien député et ancien ministre de l´UFC ne comprend pas pourquoi des opposants qui jurent de faire partir un régime, sont prêts à accompagner ce même régime à des élections fantaisistes alors que rien, en termes de réformes politiques satisfaisantes, n´a changé depuis la mascarade d´élections législatives du décembre 2018. Ajouté à ce fait le ènième comportement de voyou du pouvoir de Lomé qui avait consisté à refuser d´enregistrer les militants supposés de l'opposition, il est clair que des esprits éclairés peuvent donner raison au leader du FPD pour sa prise de position qui devrait être celle d´opposants normaux à une dictature. Et quand des leaders de partis politiques et certains togolais en viennent à regretter la non-participation de l´opposition aux fameuses législatives de Décembre dernier,nous sommes en droit de nous demander si faire de la politique et surtout s´opposer à un régime de dictature comme nous en connaissons au Togo, équivaut pour certains à renflouer les caisses de leurs états-majors, ou à engrager des résultats dans l´intérêt des populations pour lesquelles ils sont sensés se battre. Certains de nos leaders ou certains de nos compatriotes ont-ils la mémoire courte pour avoir oublié les conditions anti-démocratiques qui prévalaient à la veille du 20 décembre 2018?

M. Djimon Oré va plus loin dans ses interrogations en accusant les leaders participationnistes d´avoir négocié auprès du pouvoir des postes de maires et de conseillers municipaux pour l´accompagner à ce scrutin sans importance pour la lutte du peuple. M. Jean-Pierre Fabre de l´ANC, Madame Adjamago de la CDPA et Me Yaovi Agboyibo du CAR, avec tous ceux qui les suivent, ont donc décidé de noyer la lutte en trahissant le peuple auquel ils continuent à raconter des mensonges. Ce n´est plus de la trahison, mais de la criminalité contre ce peuple martyr. Même avant l´interview du président du Front des Patriotes pour la Démocratie, beaucoup avaient trouvé suspecte la timide protestation des leaders précités contre le refus du régime de faire un vrai recensement, et se demandaient comment pouvaient-ils avoir pris la décision d´aller se faire voter sans votants. Aujourd´hui les choses sont claires, nos "grands" opposants ne cherchent pas la libération du Togo, mais leurs intérêts personnels.
Après l´éclatement de la C14, en dehors d´une visite inopportune chez Faure Gnassingbé par certains de ce qu´il reste de la coalition, aucune initiative de remobilisation de la part de ceux qui se précipitent aujourd´hui pour les locales. Nous savons maintenant que l´euphorie suscitée après le 19 Août 2017 et à la création de la coalition de l´opposition n´était que jouée par des leaders de partis qui aujourd´hui font tomber les masques; et nous comprenons encore plus pourquoi la C14 fut un marché de dupes.

Tikpi Atchadam et son PNP sont-ils venus mettre à nu des comportements de faux opposants qui, en réalité, n´opéraient pas pour la fin de la dictature, mais pour leurs intérêts personnels? Personne ne parle plus de la levée des sièges militaires à Sokodé, Bafilo et Mango. Le refus du régime Gnassingbé de libérer les détenus de la société civile, injustement incarcérés, surtout le jeune Santchivi, n´intéresse plus personne. Ouro-Djikpa Tchatikpi, conseiller du président national du PNP, est depuis plus d´un mois en détention arbitraire au SRI sans être déféré ni libéré; et ceci n’émeut personne au sein du microcosme politique qui se dit de l’opposition.
Et c’est justement à cause de ce comportement bizarre que certains observateurs déduisent que des partis ou leaders au sein de cette opposition semblent se réjouir silencieusement de l’acharnement du régime sur le Parti National Panafricain et ses responsables. Mais nous ne croyons pas que les responsables du PNP soient entrain de quémander la sympathie ou la pitié de qui que ce soit; seulement le bon sens aurait voulu que de la part d’une opposition responsable, malgré les dissensions possibles, au nom de la liberté et de la défense des droits humains, des actions soient menées pour la satisfaction totale des fameuses mesures d’apaisement et l’élargissement de tous les détenus politiques et pas seulement ceux du PNP. Quand on se frotte les mains et on dit bon débarras! lorsque le pouvoir fait d’une formation politique soeur, légalement constituée, sa bête noire, on se trompe de combat et on devient forcément l’allié du régime dont tout le monde veut la fin.

Et le peuple dans tout ça?

J’ai lu il y a quelques semaines cette pertinente réflexion d’un compatriote: " ...Le problème ce n’est pas les politiciens corrompus, mais c ‘est ceux qui continuent à croire en eux et à les voter..."

Le refus par certains leaders de mobiliser dans le cadre des manifestations de la C14, l’abandon de la lutte à certaines régions et communautés livrées à la barbarie du régime, l’affaire des 30 millions reçus de façon détournée du pouvoir par des leaders de l’opposition qui n’était que la partie visible de l’iceberg, et aujourd’hui leur surprenant enthousiasme pour des élections municipales sans enjeu et malgré un découpage sur des bases tribalistes et régionalistes, sont des preuves qu’une frange très importante de notre opposition a volontairement décidé de laisser la proie pour l’ombre. Pour combien de temps encore ce peuple togolais, intelligent, aimable, pacifique, et peut-être trop pacifique, laissera-t-il faire?

Samari Tchadjobo
Allemagne