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Promotion du PND : Les contre-vérités de Faure Gnassingbé à Londres et sur BBC

Togo - Societe
Lorsqu’une seule famille gère un pays depuis 52 ans, avec son lot de violations systématiques de droits de l’Homme, de restrictions des libertés, de refus manifeste de la démocratie, de grande corruption, d’élections truquées sur fond de massacres, d’impunité, il est très difficile de le vendre à l’extérieur, même si l’on a recours à des sorciers blancs comme Tony Blair, Dominique Strauss-Kahn, Carlos Lopez, etc. C’est le difficile exercice auquel Faure Gnassingbé et son bataclan se sont livrés à Londres.
En effet, depuis quelques mois, le PND est devenu une occasion pour Faure Gnassingbé de multiplier les voyages à travers le monde, à la recherche d’hypothétiques investisseurs. C’est ainsi qu’il a déposé ses valises à Londres. Le communiqué officiel dit ceci : « Président à Londres sur invitation de la prestigieuse Chatham House, le chef de l’Etat Faure a mis à profit la durée de son séjour pour accentuer les opérations de charme dans la recherche d’investisseurs crédibles pour la réussite du PND, mais également abordé des questions sécuritaires et signé des accords ».

Le communiqué, comme il fallait s’y attendre, a fait l’impasse sur l’intermédiaire de ce business qui n’est autre que l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair qui s’est mis, depuis quelques années, au service de certaines dictatures en Afrique. Ainsi donc Faure Gnassingbé, accompagné d’une forte délégation, a passé 3 jours à Londres, vendant notre «beau pays» dirigé par une seule famille depuis 52 ans à des investisseurs. Le communiqué final ne nous renseigne pas sur les accords signés, à moins qu’ils soient dans l’ordre du secret défense.

Dans une salle à moitié occupée par la délégation togolaise, Faure Gnassingbé et ceux qui l’accompagnent dans cette villégiature ont tenté par tous les moyens de convaincre la poignée d’invités qui s’est déplacée qu’ils sont à la tête d’un pays normal. C’est très difficile, à l’heure où l’Internet a réduit le monde en un village planétaire, de vendre un pays perpétuellement en crise à des investisseurs. Avant même de se rendre dans cette salle, ces derniers se sont déjà renseignés sur le pays, ses institutions, son fonctionnement, sa vie politique sur Internet.

Ainsi donc Faure Gnassingbé a plaidé pour la paix et la sécurité en Afrique de l’Ouest devant des invités à Londres pendant que dans son pays, le régime se sert de l’armée pour terroriser les populations ; de la justice pour régler les comptes aux adversaires politiques; des autres moyens de coercition pour détruire ou affaiblir les opérateurs économiques qui ne sont pas de son bord politique.

Comment peut-on assurer la sécurité régionale pendant que son propre pays baigne dans la terreur ? Comment peut-on assurer la sécurité régionale pendant que dans son propre pays, ce sont les braqueurs qui font la loi de jour comme de nuit, et parfois en opérant dans des zones stratégiques comme à l’aéroport ? Il a été aussi vanté à Londres la qualité des infrastructures au Togo. Reste à savoir s’il en existe vraiment, et de qualité. La nationale N°1 qui dessert le sahel est dans un piteux état pendant que dans les autres pays, les chefs d’Etat visionnaires construisent des autoroutes ou réhabilitent les voies ferrées. Ceux qui ont l’habitude d’emprunter la route Lomé-Cinkassé savent dans quel état par endroits se trouve ce tronçon, tout comme la côtière, celle qui relie le Togo à son voisin de l’Est.

Lors d’un voyage, Faure Gnassingbé avait déclaré au micro de Deutsche Welle que le problème de l’inondation dans la capitale est définitivement réglé. A chaque fois que les habitants de la capitale et ceux de la banlieue ont les pieds dans l’eau, ils ressuscitent la vidéo de cette intervention pour se moquer de son auteur. Le clou de cette villégiature est l’interview accordée à la BBC où plusieurs sujets ont été abordés. Nous n’en retiendrons que la réponse donnée par Faure Gnassingbé sur les interdictions des manifestations publiques. « Depuis 2017, les gens manifestent de façon abondante (sic), mais je ne saurai toléré des manifestations avec les armes de guerre. Cela n’est tolérer nulle part ».

Cette déclaration est surréaliste et ne rime à rien en dehors de la volonté de présenter ses adversaires politiques, comme des gens violents voire des anarchistes. Piqué au vif par la question des interdictions des manifestions qui sont de plus en plus préoccupantes dans le pays, Faure Gnassingbé n’a trouvé que cet argument, et ce faisant, sans le savoir, il présente son pays comme une zone de non droit où les civils disposent des armes de guerre. Un argument contre-productif en somme. Revenons à la réalité. A moins que certains ne vivent pas au Togo ou sont notoirement de mauvaise foi, il est de notoriété publique que ce sont les militaires qui font usage des armes de guerre, des matraques, des gourdins, des chars pour réprimer les manifestations pacifiques au Togo.

Est-ce que ce sont les civils avec les armes de guerre qui tirent sur les enfants de 11 ans à Agoè ? La vidéo du chef d’Etat-major avec un fusil à lunette en train de tirer sur les manifestants, comme dans un tour de safari, est toujours sur la toile. Sont-ce les civils qui sont responsables des massacres de 2005 jusqu’à ce jour ? Si les civils au Togo avaient des armes de guerre, avec le rejet massif du régime, le pays aurait déjà sombré dans le chaos. Voilà les arguments qui sont souvent servis à l’extérieur ou auprès des partenaires pour diaboliser l’opposition. C’est bien triste que ce soit Faure Gnassingbé lui-même qui en fasse sa ligne de défense dans une interview.

Tout compte fait, le séjour de Londres avec tout ce bataclan n’aura servi à rien du tout. C’est une villégiature de plus avec les millions du contribuable, surtout lorsqu’on y ajoute les factures de Tony Blair et Carlos Lopez. Depuis le lancement du PND, les fonds engloutis dans les voyages onéreux, les lobbyings infructueux ou les conférences sans lendemain comme celui de Londres auraient pu servir à réaliser des forages d’eau, à construire des salles de classes et des unités de santé, à doter les dispensaires de produits de base pour soigner les populations.