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a lutte non-violente expliquée en deux mots

Togo - Opinions
La lutte non-violente expliquée en deux mots

Antoine Ati Randolph
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Selon les spécialistes de la lutte non-violente tel que Gene Sharp(1), la lutte non-violente comme méthode de libération nationale est, par rapport à la lutte violente ou lutte armée, beaucoup moins coûteuse en vies humaines et en biens matériels, autrement dit, les pertes sont moindres. Mais elle est aussi efficace sinon plus. Elle est discréditée par les fabricants et vendeurs d’armes. Il y a des principes et des conditions à respecter pour qu’elle soit efficace et atteigne les objectifs fixés.
Voyons d’abord les principes. La lutte non-violente est basée sur 3 principes incontournables qui sont : la désobéissance civile, la non-coopération et l’insoumission généralisée. Ces trois principes sont opposés aux principes de la dictature qui a besoin de l’obéissance, de la coopération et de la soumission du peuple pour asseoir son pouvoir sur l’Etat et ainsi gérer le pays comme elle l’entend. Pour cela elle brutalise le peuple, l’affame, le maltraite et instaure la terreur dans le pays pour obtenir la paix du cimetière c’est-à-dire une paix sans liberté et sans justice. Toute dictature est de nature illégitime. Si le peuple veut se libérer il devra nécessairement contester l’autorité du pouvoir en place, donc défier le pouvoir dictatorial du gouvernement. Il va brandir les trois principes de la lutte non-violente pour ébranler le régime dictatorial.
Le peuple va désobéir au gouvernement en n’exécutant plus ses ordres. C’est ça la désobéissance civile.
Le peuple ne va plus coopérer avec le régime, il ne va plus travailler consciencieusement pour faire fonctionner l’Etat, c’est la non coopération. Il vise la paralysie de l’Etat.
Le peuple ne va plus se laisser faire, ne va plus se plier aux règles de l’administration. Si la désobéissance s’est ancrée dans le peuple on aboutit à l’insoumission généralisée et le pays devient ingouvernable. La dictature est asphyxiée et tombe comme un fruit mûr.
Le régime dictatorial tombe inévitablement si ces trois principes sont strictement respectés dans tous les domaines de la vie publique : culturel, social, politique et économique. Ces principes ne peuvent être bien respectés que dans un cadre défini pour la lutte et dans des conditions précises, adaptées à la réalité du pays.
Construire la résistance nationale ayant pour base la société civile. Organiser la résistance est le premier pas vers la victoire. C’est dans la société civile que s’organise progressivement la résistance. Les groupes d’acteurs qui interviennent doivent se débarrasser de la peur, renforcer la solidarité sociale et contester, défier le pouvoir en place. Le pouvoir est complètement rejeté par le peuple. Le peuple ne reconnaît plus ceux qui sont au pouvoir comme leurs dirigeants. La résistance devra se doter d’une direction homogène, dynamique et innovante. La direction élabore une stratégie globale, un chronogramme, un programme commun de gouvernement. La direction choisit les méthodes et les moyens efficaces et adaptés au peuple, au terrain, aux domaines de la vie publique et au moment de les mettre en action. Les trois principes de la lutte non violente s’appliquent dans tous les domaines par exemple dans le domaine politique : le peuple et les forces démocratiques refusent de participer à toutes les manifestations et à tous les événements politiques initiés par le régime dictatorial, telles que les consultations électorales par exemple les élections municipales du 30 juin au Togo.
Nous n’ignorons pas les sacrifices et les souffrances du peuple, nous n’ignorons pas la pauvreté et l’ état délabré des communes, mais , dans la poursuite victorieuse de notre lutte et compte tenu du boycott massif des législatives suivant le mot d’ordre « pas d’élections, sans réformes », nous sommes convaincus à 100% que les élections locales organisées par la dictature du régime RPT/UNIR, dans des conditions opaques et non démocratiques, doivent être massivement boycottées. Participer à ces locales c’est légitimer le système politique des Gnassingbé et normaliser la situation sociopolitique ébranlée depuis le 19 août 2017. Plus vite cette dictature tombera, plus vite le nouveau régime issu de l’alternance démocratique pourra résoudre les problèmes du peuple dans les communes et dans tout le pays. Nous sommes dans une dictature et non dans une démocratie !

Fait à Colmar, le 22 juin 2019

Antoine Randolph

(1) Gene Sharp.. Institution Albert Einstein De la dictature à la démocratie. Editeur L’Harmattan