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Scènes de violences et de crises en couverture des journaux camerounais

Cameroun - Societe
De la politique à la société en passant par l’économie, la sécurité ou encore la Coupe d’Afrique des nations (Can) de football 2021, ce sont des scènes de crises qui s’affichent en couverture des journaux camerounais parus lundi.
La photo, dans un véhicule de la police et presque nu comme un ver du vice-président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc, opposition), Mamadou Mota, trône à l’affiche de The Guardian Post : il s’agit d’un instantané capté en début de semaine dernière, lors d’une mutinerie à la prison centrale de la capitale, Yaoundé où le concerné, incarcéré au même titre que d’autres leaders de ladite formation, a été sérieusement molesté au point de se retrouver avec un bras fracturé.

Selon le quotidien à capitaux privés de langue anglaise, ces cas de tortures et de maltraitances, perpétrées contre des prisonniers politiques, font aujourd’hui bondir les organismes de défense des droits de l’homme.

Le traitement inhumain de Mota sonne comme une mise en garde à l’endroit de ceux qui ont des têtes plus grandes que celles des autres, s’émeut L’Avenir sous le titre «Prisonnier politique, pas terroriste» : le régime veut ainsi envoyer un message fort à ceux qui persévèrent dans la critique, qui seront traqués et capturés comme des rats.

À travers la répression contre les opposants, soupire L’Indépendant, c’est en vérité l’après-Biya qui se joue désormais au couteau entre ses sous-chefs avec le chef de l’État lui-même en cible privilégiée, tous les coups étant désormais permis pour liquider le créateur et se positionner pour la succession.

Pour Sans Détour, la vraie menace actuelle vient plutôt de l’extérieur : à quelques jours de l’Assemblée générale des Nations Unies, les États-Unis, dont le Congrès vient par ailleurs de se fendre d’une résolution suggérant le retour à deux États fédérés au Cameroun, s’activent dans l’ombre pour obtenir l’envoi de Casques bleus en région anglophone.

«Votée le 23 juillet 2019, la résolution du Congrès américain offre des pistes de sortie de la crise sociopolitique qui secoue les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Cette résolution renvoie dos à dos le gouvernement et les sécessionnistes», résume L’Essentiel.

Avant d’aller lorgner l’ennemi de l’extérieur, le régime de Yaoundé gagnerait sans doute à bien veiller sur la situation de ses prisons où planent d’autres menaces de mutineries sur fond de surpopulation et de misère rampante, préviennent en chœur L’œil du Sahel, InfoMatin et Défis Actuels.

C’est le prix du laxisme de certains hauts responsables, surtout ceux du ministère de la Défense et du tribunal militaire qui desservent les intérêts des détenus, résume L’Anecdote, prenant l’exemple de certains prisonniers ayant bénéficié d’une mesure de relaxe ou qui sont libérés au terme d’une procédure, mais qui passent encore des mois dans un cachot sans que leur présence soit justifiée.

Le gouvernement se trouve face à ses responsabilités, note L’Essentiel, l’engorgement de la plupart des prisons étant une préoccupation constante avec des projets de construction de nouveaux lieux de détention existent, mais les chantiers tournent au ralenti.

C’est dans ce contexte particulièrement tendu que des chefs séparatistes anglophone viennent, indique The Sud, de fixer un ultimatum au régime de Yaoundé afin de clarifier la situation des prisonniers anglophones, portés disparus après les émeutes de la semaine dernière à Yaoundé, mais aussi à Buea (Sud-Ouest) où, selon les indépendantistes, près de 100 détenus de leurs camarades de combat ont été tués.

La crise anglophone, au-delà des victimes humaines, est aussi une catastrophe pour l’économie, constatent en chœur Le Jour et Le Quotidien de l’Économie, prenant l’exemple de la Cameroon Development Corporation (Cdc), spécialisée dans le caoutchouc et la banane mais également plus gros employeur du pays après l’État, mais sont l’agonie continue de ne dément pas à cause de l’insécurité qui règne en zone sécessionniste.

C’est décidément la saison des périls, renchérit Défis Actuels au sujet de l’organisation au Cameroun de la Can 2021 : au moment où les yeux de l’Afrique sont rivés sur le pays qui a hérité de ladite édition, le président de la Confédération africaine de football (Caf) a déjà saisi l’Algérie pour remplacer le pays des «Lions indomptables» en cas de défaillance.

Suffisant, explique InfoMatin, pour que le traumatisme du 30 novembre 2018, à Accra au Ghana, revienne en surface : «Ce jour-là en effet, la Caf avait décidé de retirer l’organisation de la Can 2019 au Cameroun, face aux retards accusés dans le calendrier de réalisation des infrastructures. Le pays de Paul Biya s’est finalement résolu à faire amende honorable. À commencer par l’organisation, l’année prochaine, du Championnat d’Afrique des nations (Chan), qui constituera alors un bon exercice de rodage avant le grand événement attendu en 2021.»

Sur les différents indicateurs mis à l’index par la Caf, pas grand-chose n’a évolué, constatent The Sun et Mutations, la deuxième publication citée évoquant une piqûre de rappel : deux fois recalé à l’initiative pays pauvres très endettés (Ippte) parce que pathologiquement lent à se reformer, le Cameroun joue gros pour la Can 2021 et le pouvoir devrait se prémunir contre une étincelle de plus susceptible de mettre le feu aux poudres.

«Dans un pays où la culture de l’autocritique est prohibée, l’impunité interdit de rendre compte ou d’en demander aux gestionnaires publics. Vu sous cet angle, le Cameroun est donc devenu un pays peu crédible, incapable de respecter la parole donnée, insensible aux ravages de cette image de capharnaüm institutionnel à l’international. On comprend donc que la Caf, pour ne pas revivre le triste souvenir de la Can 2019 que l’Égypte a, heureusement, sauvée in extremis, se prémunisse en anticipant sur un plan B», ajoute Aurore Plus.