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Deux jeunes accusés de vol au supermarché Ramco du carrefour Bodjona : Le 6ème substitut du Procureur délivre des mandats abusifs et part en vacances

Togo - Politique
Les citoyens sont-ils entendus par les juges avant d’être déposés ? La procédure est-elle toujours suivie ou bien suffit-il qu’un prévenu pris en flagrant délit de vol dans un supermarché implique un ou des vendeurs de l’établissement sans aucun fondement pour que le magistrat, fut-il fils de la hiérarchie, délivre un mandat de dépôt pour « vol aggravé et groupement de malfaiteurs » ? A cette allure, on se demande où se trouvent les éléments de culpabilité qui fondent le juge. Deux jeunes vendeurs au supermarché Ramco ont fait les frais d’une justice expéditive et croupissent depuis mercredi 14 août 2019 à la prison civile de Lomé. Pour combien de temps ? Nul ne le sait, étant donné que le 6ème Substitut, Philippe Gamatho, est parti le lendemain en vacances.
La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie, dit-on. Et que dire de la liberté, surtout si elle vous est volée, du fait de la légèreté de ceux qui disent rendre la justice au nom du peuple?

Au supermarché Ramco du carrefour Bodjona, un voleur récidiviste de boissons a été surpris par les caméras de surveillance. Lors de sa visite suivante, il a été signalé par les deux agents et arrêté. Conduit au commissariat du 3ème district de Djidjolé, le voleur avoue les faits et...accuse les deux agents de complicité.

Conduits au tribunal, ils se sont vus délivrer des mandats de dépôt, ensemble avec le voleur. Et depuis samedi 10 août, ils sont privés de liberté, puisqu’ils ont effectué un séjour en détention préventive au commissariat de Djidjole. Mais lorsque nous sommes allés les rencontrer, il apparaît que le juge ayant délivré les mandats de dépôt a fait montre d’une légèreté patente, autrement, les agents de Ramco qui, soit dit en passant, ont permis de mettre la main sur le voleur, ne devraient pas être inquiétés, mais au contraire récompensés par leur société employeur.

Doumey Sélom nous a confié que le soir où ils étaient tous gardés au commissariat, le voleur les a prévenus comme quoi, ils regretteront de l’avoir dénoncé. Le voleur qui les a impliqués ignore non seulement leurs noms, mais aussi leurs contacts. Ce faisant, comment le juge est-il arrivé à établir des liens entre ceux qui l’ont dénoncé –au lieu de le prévenir que la direction était aux aguets s’ils étaient véritablement ses complices- et ce voleur d’une soixantaine d’années, ivoirien de nationalité selon ses dires et vivant au Benin ?

Lorsque nous avons cherché à comprendre les indices graves et concordants qui ont fondé le juge dans sa décision, nous apprenons que Philippe Gamatho, puisque c’est lui le 6ème substitut, était parti en congé au lendemain des mandats de dépôt.

Joint lundi au téléphone, le juge nous a fait comprendre qu’initialement, le dossier était avec le 4ème substitut, et que c’est son supérieur, Essolissam Poyodi qui en avait la charge avant qu’il ne lui soit délégué.

Dans tous les cas, des questions se posent. Le 6ème substitut a-t-il rendu compte de la décision prise à l’encontre des deux agents à son supérieur hiérarchique avant de partir en congé ? Ou bien a-t-il pris la peine de transmettre le dossier à un juge pour instruction ? Ou alors, va-t-il jouir de ses quatre semaines de congé avant de s’occuper du dossier, si entre-temps, les familles des prévenus n’entrent pas en contact avec lui pendant ses congés? C’est à croire que les congés annuels peuvent servir de prétexte aux juges pour délivrer des mandats de dépôt et abandonner des citoyens contre lesquels aucune preuve tangible ni indice grave n’est retenu.

La justice togolaise serait-elle devenue si hideuse au point que des citoyens doivent craindre de dénoncer des cas de vol, par crainte d’être accusés de complicité avec les voleurs ? C’est la facilité avec laquelle le sort des deux jeunes a été scellé par un juge qui fait peur. En attendant la suite à cette affaire qui devrait connaître une autre issue, Doumey Selom et son collègue de service croupissent en prison et risquent de faire encore quatre semaines de détention préventive. La faute au laxisme et au manque de considération de la part d’un juge. Ainsi va la justice au Togo.

Godson K./Liberté N°2986 du Mercredi 21 Août 2019