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Le Grand dialogue national fait les choux gras des journaux camerounais

Cameroun - Societe
L’ouverture, en milieu de matinée du Grand dialogue national, organisé aux fins de trouver une issue pacifique à la crise sécessionniste dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, s’affiche en gros plan dans les journaux camerounais parus lundi.
« Nous voici donc dans le vif du sujet », s’exclame le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune qui parle de «l’aboutissement d’une longue attente» : «Longtemps réclamé par nombre d’acteurs du champ politique national, et même au-delà de nos frontières, le forum qui s’ouvre aujourd’hui offre donc une opportunité historique aux fils et aux filles de notre pays aux fins de prendre langue entre eux, les yeux dans les yeux sans immixtion extérieure.»

Il s’agit aussi d’une grande opportunité pour sauver l’économie nationale, prolonge EcoMatin, revisitant les ravages de la guerre sécessionniste depuis fin 2016 dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. C’est le moment de vérité, confirme The Star : «Peu importent les antécédents, les délégués à ce conclave doivent s’exprimer sans crainte. Les Anglophones s'en tireraient mieux si le gouvernement écoutait le cri d'angoisse de la population et résolvait son problème en utilisant une approche holistique pour des raisons de conformité. Le Cameroun doit prouver à la communauté internationale qu'il peut résoudre ses problèmes internes sans la médiation d'une tierce partie en répondant aux attentes de la population.»

Intégration évoque pourtant le «Grand dialogue de sourds à Yaoundé» et s’interroge : comment sortir de la grave crise politico-sécuritaire qui secoue le pays depuis trois ans ? Pour l’hebdomadaire, le gouvernement manœuvre à fond en insistant sur la décentralisation, alors que les populations de la partie anglophone exigent au minimum le fédéralisme, tout en explorant l’option de la sécession.

C’est l’ultime chance de sauver la paix, répond en écho Diapason, notant que ces assises bénéficient de l’onction des communautés nationale et internationale, mais s’inquiétant de l’absence dans l’agenda de certains thèmes fédérateurs ainsi que d’acteurs de premier plan de la crise, toute chose qui «laisse planer quant à une issue harmonieuse».

Les 8 thématiques à débattre en commission ne cernent pas tous les contours de la crise anglophone, acquiesce Le Financier d’Afrique. Le Grand dialogue national réussira-t-il à corriger les torts commis contre la communauté anglophone ? The Guardian Post semble également en douter.

C’est que le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, désigné comme modérateur des assises, est entre le diable et la mer d'un bleu écarlate, soupire The Sun. «Biya accorde un pénalty aux Anglophones», titre The Median, se demandant toutefois si, avec toutes les concessions que le chef de l’État a accordées pour leur montrer ses bonnes dispositions à tourner la page, ils réussiront à marquer le but ultime.

«Dialoguons donc !», lance L’Anecdote, notant que la forme de l’État, qui a longtemps divisé, devrait être le sujet le mieux à même de réduire les clivages économiques entre les régions, et surtout de donner le sentiment aux deux grandes entités linguistiques nationales de se sentir impliquées dans la gestion des affaires de la République.

Ça passe ou ça casse, renchérit son confrère Repères pour qui il s’agit d’un tournant historique. Pourtant, à en croire Le Messager, la grand-messe qui s’ouvre ce jour s’apparente à un monologue, les leaders sécessionnistes étant absents de la table des négociations alors que la presse privée la plus critique contre le gouvernement, elle, en a été écartée sans ménagement.

Les absents auront tort, appuie La Nouvelle, pour qui ceux qui pratiquent la politique de la chaise vide perdent la meilleure occasion de se faire entendre. Pour le gouvernement, analyse Le Jour, il s’agit tout d’abord de sortir tête haute d’un conflit qui le prend à la gorge depuis 3 ans.

Il faudra se parler «sans mots fuyants», soupire Mutations, rappelant l’espérance nourrie par la majorité silencieuse, et qui doit tenir à cœur tous les participants à cette grande palabre : «Il sera donc important, voire impérieux, de débattre sans a priori, ni tabou, sans flagornerie, ni acrimonie, avec sincérité et franc-parler, avec flexibilité et esprit de fair-play. Les résolutions de ce raout républicain sont particulièrement attendues, mais c’est surtout l’après-dialogue qui est scruté. Il est régulièrement fait reproche au pouvoir de Yaoundé de jouer de ruse pour se tirer d’affaire et poursuivre, plus tard, de manière décomplexée, dans la gouvernance qui a secrété la pétarade.»

«Let’s open our hearts/Ouvrons nos cœurs», supplie L’essentiel, regrettant qu’en cette l’heure cruciale, le pays exhibe son être de dissensions et de profonds éclatements qui font déjà tant jaser. «Pour une importante frange de l’opinion, ce grand rendez-vous de tous les espoirs s’apparente d’ores et déjà, pour le désespoir de beaucoup, à un congrès élargi du Rdpc (Rassemblement démocratique du peuple camerounais, au pouvoir) ; d’autres, plus désabusés, pointent du doigt le profil des participants des différentes tendances, pour dénoncer ce qui ressemble inexorablement à un grand monologue des mêmes, les privilégiés, la minorité suspecte à qui l’on impute déjà les torts antérieurs.»

Le congrès du Rdpc s’ouvre au Palais des congrès, ironise La Voix du Centre, constatant qu’en lieu et place d’un dialogue inclusif, les pontes du régime ont choisi d’organiser une rencontre majoritairement constituée des militants de leur formation. Pour Le Soir, il s’agit effectivement d’un «putsch de la légion Rdpc». Et de se demander de quelle moralité, de quelle légitimité et de quelle crédibilité jouissent ces caciques omnipotents.

Et du coup, confirme L’Avenir, ce grand dialogue se transforme en une conférence nationale du parti au pouvoir, l’initiative du chef de l’État, à travers cette grande palabre, visant manifestement à se relégitimer politiquement en donnant des gages à une communauté internationale dont il est dépendant, et qui n’a cessé de demander la convocation d’une grande table ronde.