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Contre le 4e mandat de Faure : Tikpi prévient l'opposition et envoie le peuple en mission

Togo - Politique
Bien qu’exilé, Tikpi Atchadam ne manque pas d’occasion pour remobiliser les populations togolaises contre le 4e mandat du président Faure Gnassingbé. Aujourd’hui, les réseaux sociaux étant devenus des outils indispensables pour toucher à distance la masse, le guerrier de Tchaoudjo, dans un message audio publié le 30 septembre dernier, demande à ses pairs de l’opposition en lice pour la présidentielle de 2020, de plutôt rejoindre le peuple en lutte pour d'abord libérer le pays avant parler d’élection. A ce peuple en lutte, il lui demande de conscientiser les soutiens du 4e mandat de Faure Gnassingbé. «…aidez-les à comprendre la nécessité vitale pour nous tous d’une alternance en 2020 », dit-il.
Principal instigateur de la révolte populaire du 19 août 2017 contre le régime togolais, Tikpi Salifou Atchadam, le leader du Parti national panafricain (PNP) a complètement disparu des radars depuis fin 2017, disant craindre pour sa vie. Mais depuis son lieu d’exil, le natif de Kparatao ne lâche pas son seul adversaire politique, Faure Essozimna Gnassingbé qu’il veut à tout prix voir quitter le fauteuil présidentiel en 2020. Pour ce faire, et en sollicitant ses pairs, l’homme déroule toute une batterie de stratégies à mettre en œuvre pour une transition sans Faure en 2020. « Non au 4e mandat de Faure, transition sans Faure et, étant donné que son mandat est épuisé, élections ». Le plan est sans nul doute conçu. Il faut l’activer.

Tikpi prévient ses pairs

Aux autres leaders de l’opposition, le guide charismatique du PNP les invite à surtout éviter le piège des élections, tendu par le parti au pouvoir, si non, ils se seront rendus complices de la dictature. Il dit : « A ce mandat de trop que tout le monde sait suicidaire pour notre pays, nous devons, comme un seul homme, nous opposer, de façon pacifique, avec un fair-play inédit. Dans cet élan patriotique, tous ceux qui ont l’intention légitime et admirable de se présenter à l’élection présidentielle de 2020, sont appelés à se joindre au peuple. Le même peuple pour lequel, par leur acte de candidature, ils s’engagent, a besoin d’eux pour se libérer, d’abord. Autrement, ils renforcent la logique de légitimation de la dictature ».

Dans son discours de près de trois quart d’heures, et en se fondant sur les conditions actuelles d’organisation des prochaines élections présidentielles, Tikpi Atchadam n’a pas hésité à faire croire que les dés sont pipés : Nous ne sommes pas obligés, déclare-t-il, d’avoir un nouveau président élu forcément à la fin de ce cycle infernal en 2020. En revanche, nous sommes tenus, par devoir pour notre patrie, d’avorter le projet de 4e mandat de Faure Gnassingbé en 2020. Nous n’avons pas, poursuit-il, à quémander une quelconque amélioration du cadre électoral pour aller aux élections en 2020 avec Faure Gnassingbé. Nous savons déjà, et il sait qu’il sera battu, mais nous savons aussi qu’il restera au pouvoir après des morts parmi lesquels des femmes, des enfants et des vieillards, des blessés, des exilés, des détenus, etc. Dans ces conditions, pourquoi alors s’entêter à parler d’élection ? se demande-t-il.

Pour le leader du PNP, la posture actuelle de certains de ses camarades de lutte par rapport à un passé récent pose un sérieux problème de cohérence. Alors, il se lance dans une succession d’interrogations, digne d’un homme dépité, dégoûté et marqué par les attitudes contradictoires de certains de ses pairs : « Quelle logique ? Quelle suite logique entre les revendications et les slogans portés par le peuple manifestant dans la rue, au pays et dans la diaspora, et la posture actuelle qui consiste à dire : organisons-nous, préparons-nous pour le battre en 2020 ? Quels égards aux citoyens morts, blessés, handicapés à vie, emprisonnés, exilés pour avoir porté ces revendications et ces slogans formulés par l’opposition, à savoir : Constitution de 1992 (C92) ; effectivité du droit de vote de la diaspora ; mise en œuvre de la feuille de route, etc. ? Pendant qu’à l’Assemblée générale des Nations Unies en ce mois de septembre 2019, la diaspora togolaise aux Etats Unis d’Amérique, que je salue au passage, scande le « Faure must go », avec des images des victimes de la répression, ici au pays, nous parlons d’élection avec Faure en 2020… Non ! Sur cette posture, personne ne nous comprendra. C’est illogique ! » a-t-il ajouté.

Oui, Tikpi ne comprends pas pourquoi l’opposition oublie-t-elle subitement que toutes les institutions et toute l’administration sont au service de la famille Gnassingbé ? que les libertés individuelles et collectives n’existent pas ? que les villes de Mango, Sokodé, Bafilo et des quartiers entiers de la capitale Lomé, sont toujours sous sièges militaires ? mais que curieusement, certains courent pour les élections. On a l’impression, dit-il, qu’après tant d’années, l’opposition ne s’accorde pas sur la vraie nature du régime en place, sa qualification exacte. Ou alors, on parle de dictature, comme ça, sans pour autant en tirer toutes les conséquences qui, logiquement, en découlent. Nous ne nous accordons pas non plus sur la définition de la notion d’élection. Sur ces deux points fondamentaux, le peuple est largement en avance sur les leaders, souligne-t-il.

Parlant du peuple, du peuple en lutte, le patron du PNP l’a invité à ouvrir les yeux pour agir. « Des supporters trop indulgents ne font pas une équipe compétitive. Autant vous êtes lucides, déterminés et intraitables face au régime en place, autant vous devez vous montrer très lucides, très déterminés et intransigeants vis-à-vis de l’opposition. C’est cela ; sans quoi il n’y a pas de salut ».

Envoi du peuple en mission

La complexité de la situation politique au Togo oblige que des initiatives soient prises par les jeunes combattants de liberté afin de tourner la page de la dictature togolaise. Pour cela, Tikpi investit la jeunesse d’une mission de salut.

Par anticipation, recommande-t-il, que dans toutes les villes et dans tous les villages, que le peuple debout soit vigilant pour décourager et avorter d’éventuelles marches de soutien à un 4e mandat de Faure. A l’image d’une araignée, définit Tikpi Atchadam, organisez le maillage du territoire de votre village ou du quartier de votre ville. Identifiez les potentiels participants à de telles marches ; allez les rencontrez ; parlez leur sincèrement dans la langue qu’ils maîtrisent le mieux ; aidez-les à comprendre la nécessité vitale pour nous tous d’une alternance en 2020 ; aidez-les à s’inscrire sur des plateformes animées par des citoyens opposés au 4e mandat de Faure. Faites leur comprendre enfin qu’à l’heure de l’action de mobilisation citoyenne pour la première alternance, chacun de nous doit faire ce qu’il peut, là où il est, avec la langue qu’il maîtrise. L’important, c’est de convaincre par la parole, par un argumentaire rigoureux et imparable. Nous n’avons aucun intérêt, ni le droit de jouer avec notre propre destin.

« Au bout des cinquante-sept (57) années de pouvoir, la seule chose qu’ils auront réussie, analyse le guerrier de Tchaoudjo, c’est d’avoir pu conserver pendant si longtemps le pouvoir au sein d’une seule et même famille, au mépris de la vie humaine et la liberté, contre la justice et la vérité ». C’est pourquoi, il demande à tout le peuple, ici comme dans la diaspora, de crier encore plus fort pour forcer Faure à renoncer à son projet de 4e mandat, qu’il sait lui-même suicidaire pour le peuple. Si non, après les élections avec lui, il sera trop tard. « Avant la supercherie de 2015, nous avons averti avec la même métaphore, mais nous n’avons pas été écoutés ; nous étions trop jeunes pour montrer la voie, » ironise-t-il en invitant au pacifisme dans toutes les actions. Le pacifiste doit chercher à gagner la guerre sans avoir à la mener. Il utilise l’arme de l’anticipation pour gagner une guerre qu’il a réussi à éviter, dit-il avant de conclure en ces termes : Dans le cas du Togo, le pacifisme, l’« Assi gbalo » ou le « Nouzi yém » est plus efficace quand il est surtout utilisé à titre préventif.

Sylvestre BENI