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Alpha Condé sur les traces des Gnassingbé…

Togo - Politique
En voulant faire adopter une nouvelle Constitution qui lui garantirait un troisième mandat, le président guinéen, qui avait déclaré publiquement qu’il se contentera de deux, rejoint la liste des chefs qui s’inscrivent dans la logique du pouvoir à vie. Sur cette liste figure en bonne place le clan Gnassingbé.
Intellectuel (Doctorat d’Etat en droit public à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne), opposant historique (emprisonnement et condamnation), âgé (aujourd’hui de 81 ans), Alpha Condé connait bien le paysage politique de son pays. Lorsqu’il accède à la magistrature suprême en 2010 sous la bannière de son parti, le Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG), il a été confronté à un certain nombre de difficultés qui ne l’empêchent pas d’être réélu cinq plus tard, en 2015.

A l’entame de son second mandat, ou bien avant, certaines de ses réactions ont commencé à laisser transparaître qu’il ambitionne de rester le plus longtemps possible au pouvoir. Des critiques fusent de partout, à l’intérieur comme à l’extérieur, de sorte qu’il décide de clarifier sa position. En effet, début avril 2016, au sortir d’une audience qu’il a accordé à Mohamed Ibn Chambas, l’envoyé spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Afrique de l’Ouest, le sorbonnard a surpris positivement ses adversaires en déclarant publiquement : « En ce qui me concerne, je ne modifierai jamais la Constitution. Ce serait trahir ce pourquoi je me suis toujours battu. Cela doit être clair ! ».

Très prolixe sur la question, il est allé plus loin et a laissé entendre : « Vous savez, tous les jours, quand j’écoute la radio à Conakry, j’entends les gens m’accuser d’être l’instigateur des crises en Guinée. Mais quand j’entends ça, j’en ris. Car ceux qui me dépeignent ainsi ne me connaissent pas. On ne peut pas avoir mené le combat que j’ai mené et se mettre, une fois qu’on a le pouvoir, à faire de la provocation. Cela ne me ressemble pas. Mais quand on est président, on accepte beaucoup de choses et on ne répond pas à toutes les accusations. Et c’est la même chose à propos du débat qui, pour moi, est prématuré au sujet d’une éventuelle modification constitutionnelle. Non ! Si je me tais sur ce qui se passe ailleurs, c’est pour ne pas gêner d’autres présidents qui, quelque fois, sont des amis. Mais en ce qui me concerne, je ne modifierai jamais la constitution. Ce serait trahir ce pourquoi je me suis toujours battu. Cela doit être clair. En Guinée, il n’y aura pas un troisième mandat ».

Dans ses déclarations, il a donné l’impression d’être contre ses homologues sur le continent, avides de pouvoir, qui mettent tout en œuvre pour bidouiller la Loi fondamentale de leur pays afin de faire un mandat de trop. Une partie de ses compatriotes l’a cru jusqu’à ce que le virus de la troisième mi-temps ne s’empare du locataire du palais de Sékoutoureya.

Le premier président élu démocratiquement en Guinée s’est fait tailler sur mesure un projet de révision de la Constitution qui lui donnerait la possibilité de briguer un autre mandat en 2020. Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) s’y oppose, lance un mot d’ordre de manifestations. Celles-ci ont commencé le lundi dernier. Les forces de l’ordre s’y mêlent. Bilan : des morts, plusieurs blessés. Ce qui place la Guinée dans une zone de turbulence.

Alpha Condé n’est pas le seul chef d’Etat sur le continent qui fait volteface après avoir déclaré qu’il quittera le pouvoir à la fin de son second quinquennat. Les Togolais se rappellent encore de l’exemple de Gnassingbé Eyadema. En effet, suite au coup de force opéré pour déclarer le « Timonier » vainqueur de l’élection présidentielle de 1998 avec 52, 13%, une crise politique est née. Jacques Chirac, alors président de la République française, s’invite à Lomé, au secours de son « ami personnel ». Celui qui dirige le Togo d’une main de fer pendant presque quatre décennies promet devant le président français qu’il ne modifiera pas la Constitution pour se représenter.

En 2002, il change de veste et édulcore la Loi fondamentale pour se représenter. Il meurt au pouvoir en 2005. Son fils le remplace. Ce dernier promet qu’il va faire les réformes. Certains ont cru naïvement que le fils n’est pas le père.

Après trois quinquennats, il s’est fait voter tout récemment à l’Assemblée nationale, une révision constitutionnelle qui lui donne droit de faire encore au moins deux mandats supplémentaires.

C’est donc en toute logique qu’Alpha Condé soutient Faure Gnassingbé dans son projet. Et vice-versa. Mais tout porte à croire que le peuple guinéen n’est pas celui du Togo. Et c’est là toute la différence.

A.H.