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De Conakry à Lomé : Pourquoi la crise politique en Guinée inquiète le régime de Faure Gnassingbé

Togo - Politique
Pendant que l’héritier des centaines de morts de 2005 au Togo, donne l’impression de maîtriser la situation dans son pays, après les grands mouvements populaires de 2017 et 2018 qui ont secoué son pouvoir, son ami Alpha Conde, le « faux médiateur » dans la crise politique togolaise a le feu aux fesses chez lui. Les grandes manifestations organisées par l’opposition à Conakry les 14 et 15 octobre derniers l’ont fait sortir de son rêve de briguer un troisième mandat à travers la modification de la Constitution du pays.
« Vous savez, tous les jours, quand j’écoute la radio à Conakry, j’entends les gens m’accuser d’être l’instigateur des crises en Guinée. Mais quand j’entends ça, j’en ris. Car ceux qui me dépeignent ainsi ne me connaissent pas. On ne peut pas avoir mené le combat que j’ai mené et se mettre, une fois qu’on a le pouvoir, à faire de la provocation. Cela ne me ressemble pas. Mais quand on est président, on accepte beaucoup de choses et on ne répond pas à toutes les accusations. Et c’est la même chose à propos du débat qui, pour moi, est prématuré au sujet d’une éventuelle modification constitutionnelle. Non ! Si je me tais sur ce qui se passe ailleurs, c’est pour ne pas gêner d’autres présidents qui, quelque fois, sont des amis. Mais en ce qui me concerne, je ne modifierai jamais la constitution. Ce serait trahir ce pourquoi je me suis toujours battu. Cela doit être clair. En Guinée, il n’y aura pas un troisième mandat », déclarait Alpha Conde le 1er avril 2016, quelques mois après sa réélection pour un second mandat à la tête de la Guinée. Et pourtant, l’opinion publique guinéenne avait raison de se douter de la sincérité de ces paroles. Ceux qui lui accordaient un bénéfice du doute, parce que le croyant responsable et capable de conserver son image d’opposant démocrate qu’on lui connaissait, ont vite déchanté. Alpha Conde nourrissait depuis le rêve d’un troisième mandat, comme un certain Faure Gnassingbé qui, après s’être offert un troisième, se prépare activement pour le quatrième.

Cet octogénaire qui avait fait plus de quarante (40) ans dans l’opposition en Guinée, semble ne plus rien faire des principes démocratiques. Il est devenu le grand fossoyeur de ces principes, gages de la stabilité de la sous-région. Dans sa volonté de s’éterniser au pouvoir, avec comme projet la modification de la constitution de son pays, Alpha Conde s’est mis à dos tout le monde. Il lui arrive d’insulter tout le monde sur les médias, même les journalistes en prennent pour leurs grades. La moindre manifestation de l’opposition contre son pouvoir est réprimée dans le sang, avec des morts et des blessés. Son régime n’hésite pas à tirer sur les véhicules de ses adversaires politiques. Des scènes surréalistes, comme on le voit aussi au Togo.

Conde, l’échec de la médiation dans la crise togolaise

Dans sa folie, Conde a trouvé un allié dans la sous-région ou c’est Faure Gnassingbé qui l’a trouvé (c’est selon). Lorsque la crise togolaise a éclaté en août 2017, c’est Alpha Conde que le régime cinquantenaire a déniché pour venir le sauver à Lomé. Le médiateur ghanéen tenait le régime togolais au cou, mais Alpha Conde était arrivé, tel un zorro, le délivrer. On se rappelle son discours à l’hôtel 2 février au début du dialogue entre les protagonistes de la crise. « La CEDEAO n’est pas un syndicat des chefs d’Etat… », avait-il dit en substance. Et pourtant, c’est l’image que le Guinéen laisse de cette institution communautaire aujourd’hui.

L’Alternative était l’une de ces parutions qui interpellait l’opposition et toute l’opinion sur le rôle obscur que le régime de Faure Gnassingbé a assigné à Alpha Conde qui s’est introduit par effraction dans la médiation. Mais les protagonistes, notamment les leaders de l’opposition, attirés par autre chose que l’intérêt du peuple togolais, ont semblé ne pas écouter ces mises en garde. De fil en aiguille, Conde a fini par les avoir tous, remettant le pouvoir sur un plateau d’or à Faure Gnassingbé qui fait tout aujourd’hui pour le sécuriser en élaborant des lois personnelles et toilettant des dispositions de la loi fondamentale du pays. Tout ce que le Ghanéen Nana Akufo-Addo avait construit pour mettre en difficulté ce régime, le Guinéen, avec l’aide d’une opposition en perte de vitesse, l’a déconstruit. Et lorsque Faure Gnassingbé semble avoir repris la main sur tout, c’est son ami de fortune, Alpha Conde qui doit mettre en application le plan machiavélique dans son propre pays.

Le peuple guinéen vent debout : atrocité du régime Conde

Les velléités de modification de la constitution par Alpha Conde deviennent de plus en plus persistantes. Ce dernier, enivré par le pouvoir, veut appuyer sur l’accélérateur pour se donner un règne élastique sur la Guinée. Mais c’est compter sans la force et la détermination du peuple guinéen qui n’a pas l’intention de se laisser faire. Galvanisée par cette détermination, l’opposition a mobilisé des centaines de milliers de Guinéens dans les rues de la capitale et de plusieurs autres villes du pays les 14 et 15 octobre derniers. Ces manifestions ont été réprimées dans le sang, comme au Togo. En fait, Alpha Conde et Faure Gnassingbé utilisent les mêmes méthodes pour faire taire les ressentiments de leurs peuples qui demandent l’alternance. Comme au Togo, le régime d’Alpha Conde tire sur les manifestants aux mains nues, tue les enfants, met les opposants en résidence surveillée. Le bilan officiel de la répression de ces manifestations fait état de neuf (09) morts. Les violations massives des droits de l’Homme dans ces deux pays ont atteint leur paroxysme.

Mais la machine de répression du régime au pouvoir en Guinée ne semble pas arrêter ce peuple qui, décidé à obtenir sa liberté, s’apprête à descendre encore dans les rues dans les jours à venir. Ce qui inquiète Conde, mais lui fait faire des déclarations dans le but de décourager son peuple et l’opposition guinéenne.

Alpha Conde continue dans ses déboires

Visiblement, le locataire du Palais de Sekhoutoureya n’est pas près de s’arrêter. Pour lui, ces manifestations destinées à empêcher la modification de la Constitution, ne sont qu’une tentative d’insurrection menée par son principal opposant Cellou Dallein Diallo et un autre opposant du nom de Sidya Toure. Pire, Alpha Conde a déclaré samedi dernier qu’il continuera à gouverner la Guinée jusqu’à ce que Dieu décide autrement. « Ne suivez pas ceux qui parlent, ils ont déjà été aux commandes ici et n’ont rien fait. Le président Lansana Conté leur disait de faire ce qui est bien pour le pays (…)A leur temps, ils n’ont pas réussi à réaliser de grandes choses ici, pas de courant ni de grands hôtels. Est-ce que ces personnes peuvent vous dire qu’elles peuvent changer ce pays et que vous les croyez ? Le train de la Guinée a bougé et personne ne peut l’arrêter, nous le dirigerons jusqu’au jour où Dieu le voudra. Personne ne peut parler à la place du peuple; la démocratie, c’est le pouvoir du peuple, c’est au peuple qu’on doit demander ce qu’il veut. Comme ils savent que le peuple n’est pas derrière eux, c’est pourquoi ils font la pagaille. Assez d’investisseurs veulent venir en Guinée, mais ils veulent les décourager pour qu’on dise qu’il y a la pagaille dans le pays », a-t-il déclaré samedi alors qu’il était en déplacement à Boffa, une des villes du pays, pour offrir des pirogues aux pêcheurs.

Ces propos sonnent comme une déclaration de guerre au peuple guinéen qui veut le voir partir en 2020. Pour les population, son désir de modifier la constitution ne passera pas. De plus, Alpha Conde parle du train qui ne s’arrêtera pas. C’est tout simplement triste que les dictateurs africains, surtout ceux qui n’offrent aucune opportunité à leurs peuples mais veulent demeurer ad viternam au pouvoir, aient les mêmes réactions et tiennent les mêmes propos lorsque les gouvernés, se soulèvent contre eux. Les Togolais ont déjà entendu cette histoire de train qui ne peut plus s’arrêter. Et comme ce sont les mêmes qui régentent leurs pays, ce discours tenu par Alpha Conde ne surprend plus au Togo.

Le boulimique du pouvoir guinéen ne se limite pas à ces élucubrations. Il accuse les manifestants d’être les auteurs des tueries. Pour cela, il félicite son armée de faire du bon boulot. En fait, tous les moyens sont bons pour conserver le pouvoir, même s’il faut marcher sur les cadavres de ses concitoyens. Et le Togo a déjà vécu cette expérience. Les gens sont d’ailleurs prêts à rééditer cette page sombre du pays.

Comme le Togo, la Guinée est en train d’écrire un triste épisode de son histoire. Et c’est un opposant d’hier qui se trouve à l’origine du drame. En plus du Togo et de la Guinée, la Côte d’Ivoire risque de troubler la sous-région en 2020. De Lomé à Conakry, pour l’heure, Faure Gnassingbé et Alpha Conde mettent à mal les principes élémentaires de la démocratie et de l’Etat de droit.

Au regard de la situation en Guinée, le régime de Lomé est inquiet car une éventuelle chute de Condé serait une pression terrible sur Faure Gnassingbé qui, lui, cherche à brigruer un 4è mandat.