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Présidentielles de 2020: Sept candidats retenus pour la légitimation de la dynastie Gnassingbé

Togo - Politique
Après l'éclatement de la coalition, le même manque de volonté des mêmes leaders, qui avait cours au sein de la C14, s'est fait sentir au fur et à mesure que les mois s'égrenaient. On nous parlait de mobilisation très prochaine des populations, on menaçait de faire voir au pouvoir de toutes les couleurs pour que les réformes politiques soient faites, mais on ne voyait rien sur le terrain. Quand Payadowa Boukpessi présente son projet de loi qui interdit pratiquement les manifestations de rue, projet de loi facilement entériné par les figurants de députés, l'enfer fut promis aux faiseurs de cette loi liberticide pour que les choses rentrent dans l'ordre. Mais de ce côté aussi les actes n'ont jamais suivi les paroles. Certains avaient même, entre-temps, participé aux élections locales dans les mêmes mauvaises conditions que celles qu'avaient rejetées les partis de la C14 en boycottant le scrutin législatif du 20 décembre 2018.
Le pouvoir prend une loi, contrairement à celle déjà existante sur la décentralisation, pour dépouiller les maires nouvellement élus de l'opposition de leurs prérogatives dans les communes de Lomé jugées économiquement vitales. M. Jean-Pierre Fabre, leader de l'ANC, est l'un de ces maires qui doivent se contenter d'inaugurer les chrysantèmes. Là aussi, aucune protestation, aucun appel à manifester pour faire reculer Faure Gnassingbé et ses amis. Quelle opposition gentille, très gentille qui ne cause aucun souci au pouvoir de dictature qui va de violation en violation! Les quelques manifestations clairsemées organisées de temps en temps par des associations de la société civile ont vu la participation de certains de ces leaders nullement inspirés pour faire sortir eux-mêmes les citoyens dans la rue.

Depuis le 19 août 2017, Tchaoudjo, Assoli, l'Oti et certains quartiers de Lomé sont militairement assiégés. Il y a deux ans, des expéditions punitives faites de bastonnades sauvages, de destructions de biens, furent menées par les militaires sur les populations de ces préfectures assiégées, leur tort: appartenir à l'ethnie du leader du PNP qui tient un discours de rupture que le régime Gnassingbé n'est pas prêt à tolérer. En décembre 2018, toujours à Sokodé, dans la foulée des manifestations pour empêcher les législatives d'alors, plusieurs personnes qui ne manifestaient pas forcément furent battues à mort, d'autres jetées dans le feu ou fusillées à bout portant par la soldatesque de Kadanga et Faure.

Vers la fin du mois de novembre 2019, cette histoire d'insurrection armée avec talismans et gourdins inventée de toutes pièces par le pouvoir, a permis d'enlever, certains à leurs lieux de travail, à Lomé et à l'intérieur du pays, de paisibles citoyens qui sont encore en prison. Des cas de torture ont été même signalés par voie de presse. Dans la foulée, les militaires de ce qu'on appelle encore l'armée togolaise, directement commandés par Faure Gnassingbé et son beau-frère Abalo Kadanga, organisent presque quotidiennement des bastonnades à Bafilo, à Sokodé, dans les villages environnants et surtout à Kparatao, village natal de Tikpi Atchadam. De jour comme de nuit, des chars, des jeeps et des camions militaires remplis de soldats armés, circulent et n'hésitent pas à descendre pour se mettre à pourchasser les habitants. Des enlèvements ciblés sont opérés les nuits. Dans ces régions de notre pays, c'est un véritable climat de terreur qui a fait fuir beaucoup en brousse et dans les pays voisins.
Ce qui se passe ailleurs dans les autres préfectures semble n'intéresser personne parmi les leaders de l'opposition. On a même l'impression que certains d'entre eux s'en réjouissent. Si le parti politique qui est venu porter ombrage à ceux qui étaient là il y a longtemps, est persécuté jusque dans ses derniers retranchements, si ses militants sont pourchassés, ses dirigeants contraints à l'exil ou jetés en prison, ses réunions hebdomadaires interdites manu militari, pourquoi les autres se gêneraient-ils pour défendre une formation politique qui leur disputerait le leadership?

Nous ne pouvons interpréter autrement ce comportement des chefs de partis de l'opposition togolaise qui ont pris sur eux d'ignorer les exactions de l'armée sur leurs concitoyens des préfectures précitées, et se bousculent aujourd'hui au portillon pour participer à des élections présidentielles qui ne seront qu'une nouvelle mascarde de plus; dont les résultats sont connus d'avance. Depuis la fin de la coalition, rien, en termes d'amélioration du cadre électoral, n'a changé. La composition de la CENI est plus à l'avantage du pouvoir qu'en 2015. La dernière recomposition de la Cour constitutionnelle n'en est pas une. Les spécialistes nous disent qu'elle est même illégale. Donc, tous les instruments qui concourent à l'organisation des élections et à la proclamation des résultats échappent de loin à l'opposition.

Dans un précédent article nous attirions l'attention des uns et des autres sur l'impossibilité pour l'opposition de mener une campagne électorale à Kara. Cette ville, dont les autorités se comportent comme dans un état à part, est toujours interdite aux forces de l'opposition. Comment alors parler d'élections normales dans un pays où, même l'unité nationale n'est pas garantie? Dans un pays où les hautes autorités de l'état sont celles qui sont à la base de la discrimination, du tribalisme, de la division, et de l'insécurité.

Certains agitateurs naïfs nous présentent le choix de Monsieur Agbéyomé Kodjo par Monseigneur Kpodzro comme une aubaine qui nous permettrait enfin d'avoir l'alternance. L'ANC, l'autre grand parti, qui a aussi son candidat, en la personne de Monsieur Jean-Pierre Fabre, ne l'entend pas de cette oreille, et garde ses distances. En attendant, certains "petits candidats" se rallient au choix de Monseigneur en soutenant Agbéyomé; ce qui a dû donner des idées à ce journaliste mal inspiré qui parle d'un soutien du leader du PNP à la candidature "unique" soutenue par le prélat. Cet article qui n'est qu'un fake news a dû indisposer à l'état-major du Parti National Panafricain qui a fait un communiqué pour rejeter les fausses affirmations du journaliste et le remettre à sa place.

Pour le reste, nous ne croyons pas à un miracle qui consistera en la proclamation par la CENI monocolore d'un candidat de l'opposition comme vainqueur au lendemain du 22 février prochain. Comme nous ne croyons pas non plus au miracle que fera la Cour Constitutionnelle quelques jours plus tard, en confirmant "l'heureuse décision" qu'aura prise la CENI. Ce régime est trop dangereux et trop méchant pour qu'on en arrive à de tels rêves. Nous ne croyons pas également à ceux qui parlent de révolution électorale, car aucune préparation en ce sens sur le terrain. Ceux qui n'avaient pas pu ou voulu mobiliser au sein de la C14, quand l'opposition avait le vent en poupe, et quand le peuple était debout, ce n'est pas après le hold-up électoral qu'ils le pourront dans un environnement cette fois-ci militarisé.

Les participants de l'opposition aux élections présidentielles prochaines auront été avertis. Ils ne pourront que s'en prendre à eux mêmes, quand ils auront, une fois de plus, aidé à la légitimation de la dynastie Gnassingbé. Tout ça pour ça?

Samari Tchadjobo
19 janvier 2020
Hanovre, Allemagne