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Une radio communautaire incendiée pour sa couverture d’Ebola

Congo RDC - Societe
Reporters sans frontières (RSF) déplore l’absence de mesures prises par les autorités et les organisations en charge de la lutte contre l’épidémie Ebola qui sévit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) alors qu’une radio communautaire a de nouveau été attaquée par des inconnus.
“Les menaces continuent et nous n’avons reçu aucun soutien” déplore, désemparé, Parfait Katoto, le directeur de la radio communautaire Amkeni à Biakato dans l’Ituri, l’une des provinces de l’est de la RDC touchées par Ebola. Déjà menacée à plusieurs reprises pour avoir relayé les messages de prévention contre la maladie qui a fait plus de 2200 morts depuis deux ans, la radio a cette fois été incendiée par des inconnus dans la nuit du 21 au 22 janvier 2020. Le générateur électrique de la station a été détruit et une partie des locaux réduite en cendres.

“Après l’assassinat d’un journaliste qui couvrait Ebola en novembre, des reporters et des animateurs ont continué à recevoir des menaces comme l’a rapporté RSF, et cette fois, une radio a été incendiée sans qu’aucune réponse appropriée n’ait été apportée, dénonce Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Les autorités congolaises et les acteurs en charge de la riposte, dont l’ONU et l’OMS, qui s’appuient beaucoup sur le travail courageux des radios communautaires pour lutter contre la propagation de l’épidémie, ont le devoir d’assurer la sécurité des journalistes et médias menacés et de soutenir ceux qui se sont fait attaquer. Il est absolument anormal que celles et ceux qui participent pleinement aux efforts de la riposte en diffusant des informations deviennent les victimes collatérales d’un virus qu’ils contribuent à combattre sans qu’aucune mesure ne soit prise pour mettre fin à cette situation”.

La couverture de l’épidémie peut s’avérer très risquée. Les mesures sanitaires suscitent parfois une très forte hostilité de la part d’une partie de la population et des groupes armés qui sévissent dans l’est de la RDC. Le 2 novembre, Papy Mahamba Mumbere, journaliste pour la radio communautaire de Lwemba, a été assassiné quelques heures après avoir animé une émission sur la riposte contre Ebola.

Dans une enquête sur les risques auxquels sont exposés les journalistes et médias congolais qui abordent ce sujet dans les provinces touchées par l’épidémie, RSF avait alors identifié une douzaine d’actes d’intimidation et d’agression. Les membres de la rédaction de la radio Amkeni de Byakato avaient rapporté être eux aussi menacés de toute part et vivre “dans la peur”. Deux de ses journalistes avaient été agressés et une partie de leur matériel dérobée. Des tracts avec des menaces de mort avaient été déposés à la radio qui avait décidé de suspendre ses programmes sur Ebola pendant un mois. Alors que la radio venait de reprendre sa diffusion depuis trois semaines, elle a reçu de nouveaux avertissements dans les jours précédents l’incendie de la station.

Dans un rapport publié la semaine dernière sur la première année au pouvoir du président Félix Tshisekedi, Journaliste en danger (JED), organisation partenaire de RSF, a rappelé qu’aucune mesure d’envergure n’a été prise par les nouvelles autorités sur les plans sécuritaire et judiciaire en matière de liberté de la presse. RSF et JED qui s’était entretenues avec le chef de l’Etat en marge du Forum pour la paix à Paris en novembre dernier avaient fait part de leur disponibilité pour améliorer la liberté de la presse en RDC. A cette occasion, elles avaient recommandé la mise en place rapide d’un mécanisme dédié à la protection et à la sécurité des journalistes, d’une nouvelle loi sur la presse consacrant la fin des peines privatives de liberté pour les journalistes et d’un moratoire sur les arrestations des professionnels de l’information dans l’exercice de leur fonction en attendant l’adoption d’un nouveau cadre législatif.

La RDC occupe actuellement la 154e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de presse établi par RSF.