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Interview/Florent Kataka: '' C’est ensemble que nous allons construire notre sport à la base''

Togo - Sport
Florent Hégra Kataka, administrateur du Centre sportif Swallows de Lomé, a visité l’Institut Diambars de Saly en terre sénégalaise, tout récemment, pour s’imprégner de ce qui s’y fait. A son retour au bercail, celui qui préside également l’Association des académies de football du Togo (2AFOOT) a accepté en parler tout en rappelant les défis auxquels les centres de formation togolais font face.
Quel est le but de votre visite à l’Institut Diambars ?

J’ai effectué une visite à l’Institut Diambars à Saly au Sénégal dans l’optique de voir concrètement comment fonctionne un programme sport-études. Vous n’êtes pas sans savoir que je suis administrateur du Centre sportif Swallows qui passe par le sport, la culture et l’éducation pour viser l’épanouissement chez la jeunesse.

Depuis un certain nombre d’années, nous essayons de nous améliorer, nous développer. Nous suivons d’ailleurs un plan quinquennal. Il a commencé en 2016 pour s’achever en 2021. Dans les différents axes de ce premier plan, nous avons décidé de conduire progressivement notre centre sportif vers un programme sport-études. Ce qui veut dire concrètement qu’aujourd’hui, les jeunes formés au centre ne sont pas dans le système internat. Ils viennent de l’extérieur. Mais nous sommes en train de construire les salles de classes. Comme vous le savez, nous avons mis beaucoup d’accents sur les infrastructures. Et nous avons pratiquement aujourd’hui tout ce qu’il faut pour rentrer dans ce programme-là, en termes d’internat, de vestiaire, de réfectoire et d’autres infrastructures nécessaires pour accueillir les jeunes, les maintenir sur place, faire véritablement ce qu’il faut c’est-à-dire suivra leurs performances sur une longue durée. C’est pour cela que nous sommes allés à Saly. L’Institut Diambars est déjà habitué dans le domaine et nous sommes allés voir comment il fonctionne.

Au cours de la visite, qu’est-ce qui vous a marqué ?

L’organisation, les infrastructures surtout. C’est l’une des grandes écoles de formation en termes d’infrastructures sportives, d’accueil que j’ai eu l’occasion de voir. J’en ai quand même visité beaucoup en l’occurrence en France : les centres de Rennes, de Châteauroux, d’Angers, de Bordeaux. J’ai vu donc que l’Institut Diambars n’a pas grand-chose à envier à ces centres de formation européens. Ils sont très bien organisés. Ils fonctionnent sur les préceptes qui encadrent ce domaine-là, la formation sportive couplée avec l’école ou la formation scolaire.

J’ai aussi vraiment été marqué par le personnel d’encadrement. Ils sont nombreux. Plus de 80 personnes sont salariées de cet institut. Pour pouvoir le faire, il faut aussi pouvoir engranger des sous. Ils sont tellement organisés qu’ils savent comment faire pour s’auto-suffire, avoir un cash-flow assez suffisant pour couvrir toutes les dépenses du centre.

S’il y a certaines choses à transposer par exemple dans votre centre Swallows, ce seraient lesquelles ?

J’ai implémenté vraiment ce programme sport-études, c’est important, parce que le suivi des jeunes ne peut pas se faire si vous ne les avez pas avec vous. Le système scolaire togolais est bon, il a ses tares aussi. Il faut l’adapter au changement, au défi actuel. Le défi actuel est que tous les jeunes ne sont pas forcément portés vers l’objectif de devenir fonctionnaire, de travailler dans un bureau. Il y en a qui veulent réussir par le sport, certains par la culture, d’autres par les arts… Il faut leur donner ces opportunités-là. Il y en a qui peuvent faire les deux (sport et études) mais nous leur disons : le sport c’est bien mais les études c’est important aussi.

S’il y a deux choses que je vais véritablement mettre en place ici, nous sommes déjà sur cette voie, c’est de construire des infrastructures nécessaires pour accueillir pleinement ce programme et ensuite implémenter le système sport-études.

Aujourd’hui, de façon générale, quels sont les problèmes auxquels les centres de formation de football au Togo sont-ils confrontés ?

Là je prends le manteau du président de l’Association des académies de football (2AFOOT). Les problèmes que nous rencontrons la plupart du temps restent ceux des infrastructures. Il y n’en a pas assez, surtout les terrains. Beaucoup de centres souffrent pour trouver un terrain d’entraînement. Ils sont nombreux parfois à se partager au même moment un terrain pour organiser leurs séances d’entraînement. Si vous allez au CEG Agoè-Est, par exemple, ce sont au moins quatre académies qui se le partagent au même moment. C’est assez compliqué.

D’ailleurs, comme vous le voyez, nous apprenons aux enfants à jouer la plupart du temps dans le sable. C’est bien. Mais le faire toujours ce n’est pas aussi bien parce qu’il faut des pelouses qu’elles soient naturelles ou synthétiques pour la bonne pratique, pour la beauté du jeu. Le football c’est un spectacle aussi.

A part cela, nous n’allons pas parler de moyens financiers parce que tout le temps, c’est cela que les gens ramènent et cela fait qu’on n’a pas de vision. Il faut une vision pour notre sport, pour notre formation à la base. Cette vision voudrait qu’on se donne des objectifs, pourquoi ne pas envisager de participer aux Jeux Olympiques ou préparer une équipe jeune du Togo pour une Coupe continentale ?. C’est important. Ce sont ces visions que certaines académies n’ont pas et qui font qu’elles ne se développent pas. Il faut des objectifs permettant de se développer. Dans ceux-ci nous avons des programmes d’infrastructures, d’équipement, l’aspect médical pour un suivi mental et physique afin que les jeunes puissent se développer et de grandir sainement pour pouvoir pratiquer ce football-là qui a besoin que vous soyez en forme.

Quelle est l’ambition de 2AFOOT ?


L’Association des académies de football ambitionne de contribuer au développement des académies. Moi je dis académie parce qu’il s’agit de tout regroupement de jeunes dans le but d’une formation, de leur donner tous les outils nécessaires pour la pratique de football puisque nous sommes au niveau du football.

L’objectif de 2AFOOT, c’est d’être aux côtés de toutes ces académies-là, leur donner les outils et mécanismes nécessaires pour leur propre développement. Ce n’est pas un regroupement pour réclamer quoi que ce soit. Il est question de les organiser. Une fois qu’elles sont organisées, elles peuvent évoluer parce qu’elles ont une fondation solide. Si vous commencez par construire une maison par le toit, ce que nous faisons actuellement en misant seulement sur les championnats de première et de deuxième divisions, la base est négligée. Disons-le, clairement, pas forcément pour accuser la Fédération ou le ministère (de tutelle NDLR). Nous négligeons tous cette base-là. Il faut mettre beaucoup de moyens dans la formation à la base pour avoir une fondation solide, ce qui permettra de bien nourrir les championnats.

Qui forment les joueurs qui jouent aujourd’hui dans les clubs de première division, dans les championnats scolaires ? Ce sont les académies. Donc c’est très important de mettre l’accent sur elles. Il faut commencer par organiser le secteur. Vous constatez aujourd’hui qu’on ne donne même pas actuellement d’agrément aux académies. Ce qui n’est pas normal alors que le décret existe. Il faut tout simplement l’appliquer, assainir le milieu pour qu’on sache qui ont le droit de fonctionner et qui respectent les normes.

Le centre Swallows est l’un des meilleurs dans le pays. Quel est votre secret ?

L’artiste congolais Koffi Olomidé dit que l’important n’est pas de devenir premier mais de le rester. Notre but est de faire partie des académies de référence. Nous avons parlé de Diambars qui fait la fierté de l’Afrique. Nous voulons aussi faire la fierté du Togo mais nous ne pouvons pas le faire seul. C’est pour cela que Swallows a contribué à la création de 2AFOOT. C’est ensemble que nous allons construire notre sport à la base.

Nous, nous mettons beaucoup plus l’accent sur le nécessaire d’abord. Nous avons un objectif précis que nous prenons le temps de construire. Il ne faut pas être pressé. Pour aller loin, il faut se préparer, avoir un centre, une administration, un département marketing, des staffs médical et technique, entre autres. Nous, nous essayons de le faire avec les moyens de bord, mais l’accent est mis sur l’éducation, le volet social de ces jeunes. C’est cela qui fait notre force.

Entretien réalisé par A.H.