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AKO Ayao, un Togolais demeurant à Bruxelles, écrit au Président de la République togolaise

Togo - Opinions
Bruxelles, le 03 avril 2020
AKO Ayao
Togolais demeurant à Bruxelles
Bruxelles-Belgique

A
Monsieur Faure GNASSINGBE
Président de la République
togolaise
Lomé-TOGO.

Monsieur le Président de la République,
Je viens par cette lettre vous faire part de ma profonde indignation face à la manière avec laquelle vous gérez le pays depuis votre prise de pouvoir par la force militaire en 2005 à la suite du décès de votre père qui a dirigé le pays près de 36 ans.

Je suis un citoyen togolais, qui a subi des atrocités militaires en 2017 pour le simple fait d’avoir participé aux manifestations de l’opposition réclamant des réformes constitutionnelles et institutionnelles, le retour à la constitution de 1992 et le vote de
la diaspora togolaise.

Monsieur le Président, comme vous avez prévu quitter le pouvoir en 2030, vous avez opéré en complicité avec votre Assemblée Nationale des réformes constitutionnelles remettant votre compteur de 3 mandats à zéro et le 22 février 2020 contre toute attente, vous vous êtes présenté à l’élection présidentielle pour briguer un quatrième mandat. Alors que plus de 75% de Togolais à travers des différentes enquêtes, souhaiteraient que vous renonciez à briguer ce quatrième
mandat. Face à une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), acquise à votre cause, alors que 4 candidats sur les 7 que vous étiez à se présenter à cette présidentielle ont déclaré dans la soirée après les opérations de dépouillement que le candidat, monsieur KODJO Messan Agbéyomé serait en têtedu scrutin, le 23 février, la CENI vous proclame vainqueur du scrutin avec 72,
36% de voix. Cet énième holdup électoral a été validé par une cour constitutionnelle à vos ordres qui vous a attribué un suffrage obtenu de 70.78%, vous déclarant vainqueur du scrutin et Président élu.

Cette parodie électorale a conduit les militants du candidat Agbéyomé à un sit-in au bas-fond du collège saint Joseph le 28 février 2020 à Lomé, malheureusement et comme d’habitude depuis votre accession au pouvoir en 2005 dans le sang, ce sit-in a été réprimé dans le sang par des forces de l’ordre acquises à votre cause et qui soutient la dictature instaurée par votre père.

Comme la répression du sit-in de votre principal challenger ne suffisait pas, vous avez déclenché une procédure pour son arrestation avec la complicité des pouvoirs législatif et judicaire, lesquels ne jouissent d’aucune indépendance’ et sont par conséquent inféodés au pouvoir exécutif.

Je suis aussi déçu des mesures barrières que vous avez prises pour faire face à la propagation de la pandémie du Covid-19 dans notre pays. Premièrement, vous avez instauré sans aucune mesure sincère d’accompagnement des pauvres togolais, à compter du 2 avril 2020 un couvre-feu de 20 h à 6 h du matin et voilà que les éléments de la force de sécurité membres de la force anticovid-19 n’ont pas tardé
dès le premier jour à bastonner sauvagement, certaines personnes qui n’auraient pas respecté ce mot d’ordre de couvre-feu. C’est une aberration très grave et les auteurs devraient être poursuivis et sanctionnés conformément aux lois en vigueur.

Mais connaissant bien notre pays, les auteurs de ces actes criminels ne seront jamais inquiétés, mais plutôt promis à des postes de responsabilité ou gradés.

Secundo, vous interdisez formellement aux conducteurs des engins à deux roues de transporter des personnes tout en oubliant que plus de 30% de la population de notre pays sont des conducteurs de taxi-moto. Durant les trois mois que vont durer ces mesures drastiques contre le coronavirus, quelles sont les mesures d’accompagnement que vous avez prises pour cette tranche de notre population ?
Aucune mesure n’est prise à ma connaissance et je me pose la question de savoir.

« Si ces personnes avec leurs familles ne mourront pas de faim durant ces trois mois ? ».
Pour évider la propagation du covid-19, le jeudi, 2 avril 2020, vous avez gracié 1.048 personnes privées de liberté dans nos prisons. Dans la liste des personnes libérées, je croyais que vous allez libérer tous les prisonniers politiques, tous les détenus les plus âgés et ceux malades ainsi que les délinquants présentant un risque faible y
compris votre frère Gnassingbé Kpatcha et ses deux codétenus. Mais force est de constater que sur la liste des détenus politiques, vous n’avez libéré que ceux qui ont presque purgé leur peine. Votre frère et ses deux-coaccusé sont toujours en prison.

Monsieur le Président, je vous invite à libérer dans un bref délai, tous les détenus politiques condamnés ou en instruction y compris votre frère et ses deux codétenus.

Monsieur le Président, il est inadmissible que le Togo, après avoir servi d’exemple aux coups d’état, aux tripatouillages, aux toilettages de constitutions, aux élections frauduleuses, etc, vienne encore faire montre d’une bassesse endémique en ôtant le droit au culte aux citoyens.

Par cette lettre ouverte, j’invite tous les togolais à une réorganisation de la lutte pour une grande mobilisation afin de mettre fin à la dérive totalitaire du régime RPT/UNIR.

Tout en espérant que vous alliez prendre des mesures idoines pour mettre fin aux violations des droits de l’homme dans notre chère patrie, veuillez croire en la sincérité de mes propos aussi choquants soient-ils.

Un citoyen Togolais en détresse.

AKO Ayao