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CDPA-BT : Une "troisième voie" pour quel changement démocratique ?

Togo - Politique
La situation politique dans notre pays est rendue difficile par l'intrusion des considérations religieuses dans la lutte pour le changement démocratique, la division de l'opposition et son affaiblissement suite à sa participation aux présidentielles pipées d'avance le 22 février 2020.
Le 22 février au soir, avant même l'annonce officiel des résultats, le candidat Agbéyomé s'est auto proclamé élu dès le premier tour, comme s'il croyait que la CENI et la Cour constitutionnelle n'allaient pas lui contester cette victoire au profit de Faure Gnassingbé.
Ce n'est pas surprenant. Comme tout le monde s'y attendait, Faure s'est encore attribué la victoire comme d'habitude, et l'on se demande par quelle opération du saint esprit l'opposition pourra inverser les résultats truqués d'avance et prendre le pouvoir.

Qui pouvait imaginer le contraire, et croire que dans le contexte togolais, les élections pourraient donner l'opposition gagnante, et lui permettre de prendre le pouvoir pour organiser" une transition pacifique" dans le pays ?

Pourtant, l’opinion avait été prévenue. Notre parti, par exemple, avait ainsi déclaré dans son communiqué de décembre 2019 que la "CDPA-BT considère toujours qu’aller aux élections en sachant bien qu’elles sont organisées pour permettre à ce régime de se maintenir au pouvoir contre la volonté populaire, c’est l’accompagner dans sa volonté de se pérenniser; c’est contribuer à le maintenir au pouvoir". D'autres partis d'opposition aussi avaient émis des doutes.
C'est pour ces raisons que la CDPA-BT avait lancé le mot d’ordre de boycott actif des élections du 22 février 2020".
Mais sans mesurer la gravité des conséquences de leur participation à ces élections pipées d'avance, six candidats ont ouvert un boulevard à Faure Gnassingbé. Alors, comme on pouvait le prévoir, les six candidats qui se sont présentés contre Faure Gnassingbé n’ont pas pris en compte les mises en garde. Ils ont participé quand même à ces élections pipées d’avance, des élections qui n'ont rien de démocratique.

Il faut rappeler que même la "Communauté internationale" a encouragé la participation, y compris l' Ambassadeur des USA au Togo.

Parmi ceux qui ont boycotté ces élections ou ceux qui, sans y croire, y ont participé en votant nul, tous sont au moins convaincus qu’elles ne changeraient rien à la situation politique dans le pays, comme par le passé. C’est pour cela que certaines organisations le (MOLTRA et le CVU-TOGO-DIASPORA par exemple) ont appelé avec raison à la mobilisation. Mais pour cela, il aurait fallu une organisation structurée et stratégique de l'opposition toute entière, et non pas une organisation réduite à quelques personnalités seulement.

De plus dans cette situation postélectorale rendue encore plus confuse, où des considérations religieuses se sont mêlées à la lutte pour le changement démocratique, la CDPA-BT estime que la proposition d' une "troisième voie" fondée sur la politique du courant majoritaire de l'opposition, ne peut que conduire à un énième échec de la lutte de l'opposition.

De ce point de vue, les cinq étapes interdépendantes qui fondent cette "troisième voie" à savoir la condamnation de l'État togolais, l'appel à un interventionnisme humanitaire, l'organisation de conférences inclusives "permettant de retrouver la culture de résistance..." restent insuffisantes. Il en est de même de la proposition d'un projet de société commun et la mise en œuvre d’une période de transition politique "devant refonder le Togo sur la base de la vérité des urnes".

Pour la CDPA-BT, la lutte pour le changement démocratique ne se limite pas seulement à ces cinq étapes de ladite troisième voie. Notre parti estime qu'on ne peut pas faire l'économie de la construction d'un rapport de force qui soit favorable à l'opposition.

La CDPA-BT estime en plus que la voie de l'alternance ne paraît pas réaliste, qu'elle soit exclusivement fondée sur des considérations religieuses ou sur une approche juridique et pacifique. C’est pourquoi il importe de prêter une attention particulière à la proposition qu'elle a faite de réfléchir ensemble à une meilleure organisation de l'opposition.

Elle réitère donc son appel à tous ceux qui veulent le changement démocratique dans le pays à se mettre ensemble afin de "contribuer aux initiatives en cours pour amener la masse des opposants à se donner une organisation susceptible de lui permettre de jouer plus efficacement le rôle qui lui revient dans la lutte pour le changement démocratique dans le pays".


Paris, le 17 avril 2020
Un membre de la CDPA-BT
E. Anoumou