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Bouc émissaire : Qui est responsable ?

Inter - Societe
Actuellement, en Occident, on commence à sentir que l’épidémie de COVID-19 est en train de perdre tout doucement du terrain, et pendant que recommencent les tâtonnements pour savoir comment procéder au déconfinement sans que le virus ne se propage de nouveau, on commence à se poser cette question tout à fait humaine : « A qui la faute ? »
A la Chine sûrement puisque c’est chez elle que tout a commencé, puisqu’elle a caché la maladie, puisqu’à présent elle ment sur le nombre de morts, etc… Des scientifiques de renom prétendent que la Chine était en train de procéder à des manipulations sur le VIH responsable du Sida, qu’il y aurait eu une erreur qui a provoqué l’épidémie,…

Pourtant, pourquoi y avait-il tant d’européens à Wu-Han ? Ce sont des chefs d’entreprise et des membres de leur personnel, nous dira-t-on, et c’est vrai, mais sait-on que des pays européens et par exemple la France finançait un laboratoire de recherches justement à Wu-Han ?

Et puis, de toutes les façons, il y a très longtemps que la recherche n’est pas que philanthropique ; elle s’attelle aussi à trouver des armes sophistiquées. Ainsi, le napalm, essence gélifiée qui brûle en collant aux objets et aux personnes, et qui tue donc spécialement les humains, fut inventé à l’Université Harvard en 1942 : il fut largement utilisé par les Américains durant la guerre du Viêt-Nam avant d’être interdit en 1980.

Mais il parait que les armes chimiques et bactériologiques seraient autrement plus puissantes que le napalm. Ainsi en est-il du sarin, gaz extrêmement toxique, mortel à très faible dose, interdit par les Nations Unies en 1991, mais qui, lors d’un attentat organisé par une secte, fit 12 morts dans le métro à Tokyo en 1995. On soupçonne la Syrie d’utiliser ce gaz, la Syrie qui fait partie avec la Corée du Nord, la Somalie, l’Angola, l’Egypte, le Soudan du Sud et Israël des pays qui n’ont pas ratifié la Convention de l’ONU interdisant l’usage et la fabrication d’armes chimiques. On peut être sûr que ce ne sont pas ces huit pays seuls qui s’intéressent à la fabrication des armes chimiques et bactériologique dans le monde…

Mais revenons à notre question : pandémie du COVID-19, « A qui la faute ? »
Les dirigeants européens, tout en détournant l’attention de leurs compatriotes sur les autres pays, se préparent déjà à les affronter sur la gestion de la crise, justifiant à l’avance leurs choix.


Et chez nous ? Pour tous ceux qui pouvaient encore douter de la réalité de l’épidémie, le fait que 48 soignants aient été en contact avec deux patients décédés au sein du Centre Hospitalier Universitaire Sylvanus OLYMPIO, leur donne largement de quoi s’inquiéter. Comment cela a-t-il pu arriver ? Avec des explications très embarrassées, le Chef du service de Pneumo-phtisiologie chez qui cela s’est passé, a affirmé que ce n’était pas sa faute : on ne lui a pas donné suffisamment de matériel de protection pour les soignants ! Qui n’a pas donné ? Alors que tous les jours on fait état de dons de diverses provenances ?

Pourtant, on peut s’étonner du fait que ce matériel qui manque, on trouve des gens qui en vendent dans les rues de Lomé. Comment cela se fait-il ? A ce n’est pas notre faute « Il y a toujours des gens corrompus, vous savez ! » Personne ne sait qui est responsable de la présence de ce matériel dans ces points de vente.

Et où sont les respirateurs annoncés avec fracas ? Personne ne peut en parler vraiment !

Finalement qui est responsable de cette gestion chaotique de la crise sanitaire ? Chacun rejette la faute sur un autre. Il faut dire que cela est relativement facile dans une administration réputée pour sa non-transparence.

Cependant, depuis de longues années, ce système perdure par le fait que toutes les décisions sont prises au plus haut niveau, même si on parle de décentralisation. C’est pourquoi, en principe on devrait avoir la réponse à la question « A qui la faute ? ». Mais on l’annonce déjà, dans cette « remontée » des responsabilités, il est sûr qu’après la crise, des têtes tomberont, c’est sûr !

Oui, c’est vrai, les chefs de tel ou tel service n’ont pas pris les bonnes décisions. Mais, en avaient-ils vraiment et effectivement la possibilité ? Et les écoutait-on lorsqu’auparavant, ils se plaignaient de manquer de moyens ? Progressivement ils se sont tus, ayant souvent à choisir entre continuer à se plaindre et ne plus être gardés à leur poste…

Finalement, dans notre pays on remonte difficilement la chaine des responsabilités :

- Quelqu’un a été tabassé dans la rue telle nuit à 20h30 et on va dire c’est sa faute ; que faisait-il là-bas alors qu’il y a couvre-feu ? Mais… et celui qui l’a tabassé pourquoi n’a-t-il pas pris le temps de lui poser quelques questions ?

- Et si une vieille sort la nuit, elle n’a qu’à s’en prendre à elle-même. Et si ceux qui sont chargés de faire régner l’ordre sont obligés de lui rappeler la règle en vigueur ?
Mais… étaient-ils obligés de la blesser ?

- Quelqu’un a été sauvagement battu à un poste de péage ; on dira c’est sa faute, car on a bien dit que la circulation entre les villes est interdite. Mais… et celui qui n’a pas voulu écouter ses explications avant de le rouer de coups ?

- Vous n’arrivez pas à toucher ce que NOVISSI promet, on vous répond : c’est la faute de tous ceux qui ont organisé une arnaque avec les numéros de carte d’électeurs ! Oui mais… et celui qui a conçu ce système uniquement basé sur la carte d’électeur ?

Et si les scientifiques se sont mis assez tardivement au travail pour donner les informations fiables sur cette maladie, ce n’est pas leur faute, on ne leur en pas rapidement donné les moyens ! Alors si quelqu’un ne sait comment se protéger correctement contre le virus, s’il est contaminé et si par hasard la maladie l’emporte, mais ça sera de sa faute, l’information était disponible partout, non ?

Et c’est toujours ainsi, ce sont les citoyens qui en définitive paient les pots cassés : s’ils ont faim, s’ils sont pauvres, mais c’est parce qu’ils ne savent pas se débrouiller et qu’ils attendent tout de l’Etat, qui fait pourtant tant d’effort : tant de programmes ont été mis en œuvre ! Pays les Moins Avancés, Pays Pauvres Très Endettés, Programme National de Développement. La pauvreté, ce n’est donc pas la faute du Gouvernement, il faut aussi tenir compte de la conjoncture internationale, du prix du baril de pétrole, de la chute des prix des matières premières, etc.

Et puis, après tout cela, ces citoyens, ils sont toujours au mauvais endroit, au mauvais moment, au cœur de manifestations de rues, où ils ne devraient pas se trouver, c’est leur faute s’ils ramassent coups aveugles et balles perdues, pourquoi ne restent-ils pas chez eux, quand on le leur demande ?

Et pourquoi se laissent-ils manipuler et votent-ils pour qui ne peut pas assurer leur bonheur ? De quoi peuvent-ils se plaindre après, c’est leur faute. Ils ont choisi leur malheur !

Et voilà, la boucle est bouclée, on a la réponse à la question « A qui la faute ? » : si les citoyens meurent du COVID-19, s’ils meurent de faim ou sous les coups, c’est de leur faute !

Au fait, savez-vous comment on décrit le bouc émissaire ? C’est une personne ou un groupe innocent sur lequel va s’acharner un autre groupe pour s’exonérer de sa propre faute ou masquer son échec. Cela fait référence à une pratique juive où le prêtre prononçait sur la tête d’un bouc tous les péchés des fils d’Israël, en chargeait la tête du bouc et envoyait le bouc au désert pour mourir.

Citoyens, voulez-vous continuer à être pris pour des boucs émissaires alors que les principaux responsables s’en tirent toujours ?

Que diriez-vous de vous donner l’occasion et les moyens pour remonter la chaîne des responsabilités jusqu’au plus haut niveau ? Plus précisément, et si vous vous mobilisez pour avoir enfin une réponse satisfaisante à la question : « A qui la faute ? ».


Par Maryse QUASHIE et Roger E. FOLIKOUE