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Togo - Le calvaire des jeunes entrepreneurs au Togo : Nathaniel Omympio brise la glace

Togo - Societe
Les jeunes togolais ont du talent. Mais leur seul péché, c'est de vivre dans un pays où les dirigeants n'ont cure de leur créativité. Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais en parle dans cette tribune.
Qu’est-il concrètement fait pour encourager les esprits créateurs de l'entreprenariat togolais ?

En Octobre 2010, lors d’un colloque organisé à Abidjan par «Audace Institut Afrique», j’intervenais avec une présentation sur le thème ‘’La solitude de l’entrepreneur africain’’. En 2020, je constate avec consternation que ce mal que je mettais en lumière dix ans plus tôt est toujours aussi ravageur au Togo.

Le jeune Togolais est talentueux et présente une aptitude à la création dès lors qu’il a la certitude que son savoir-faire peut être mis au service de sa communauté. L’expérience de quelques jeunes Togolais illustre bien l’engagement de cette nouvelle génération.

C’est le cas de Victor kossikuma Agbegnenou. Sur la base d’une technologie particulière (BWCS), il développe un système de tablettes informatiques fonctionnant grâce à de l’énergie solaire et communicant à haut-débit, destiné à l’enseignement. Chaque élève opère à partir de sa tablette qui communique avec celle de l’enseignant. Ce système est brillamment expérimenté en France et au Sénégal.

Autre expérience : conçu et développé au Togo, le jeu vidéo ‘’The Boy In Savannah’’ est l’œuvre de Jules Pio Tchédou et Gérald Limpiyè Pana. Leur objectif est de briser les clichés réducteurs sur l’Afrique et de mettre en avant le dynamisme dont fait preuve le continent. Leur expérience suscite l’attention de médias américains et français.

Quant à Edem Agbeko, il met au point un sac destiné aux élèves de son village. La particularité de ce sac est qu’il est doté d’une plaque solaire qui produit l’électricité permettant d’alimenter une ampoule. Ce qui est très utile, sachant que le manque d’éclairage dans les villages est un sérieux handicap pour les élèves et que les enfants affrontent généralement la tombée de la nuit sur le chemin du retour, qui peut parfois se faire sur de longues distances.

Un autre exemple est celui de Komi Agbokou qui s’est engagé dans le challenge de transformer localement le cacao en chocolat, qu’il fait découvrir au passage aux paysans qui n’en ont même parfois jamais vu de leur vie, encore moins goûté. Il les accompagne dans la production de cacao bio, leur assurant par la même occasion un meilleur revenu en contrepartie de leurs efforts. Son chocolat trône désormais dans les rayons des supermarchés du Togo.

La question est de savoir comment tous ces brillants jeunes entrepreneurs sont accompagnés concrètement par les autorités du pays dans la promotion et le développement de leur entreprise. Au-delà des photos de famille avec les ministres, pour les médias, y a-t-il un soutien effectif pour porter et faire épanouir le projet de ces jeunes talents ?

Il semblerait malheureusement que pas grand-chose ne soit réellement fait quand on voit les difficultés que la plupart rencontrent pour faire émerger et fructifier leurs projets. Preuve en est, le fait qu’ils se tournent, pour nombre d’entre eux vers l’Occident essentiellement, une fois de plus, duquel ils espèrent des financements leur permettant de vivre de leur créativité et la promouvoir à plus grande échelle.

Il est important de les accompagner davantage en mettant en place un cadre institutionnel efficace – qui couvre les dimensions financière et de gestion dans la globalité – dont le fonctionnement serait guidé uniquement par la qualité des projets et non le clientélisme. C’est une bonne façon de briser le syndrome de solitude de l’entrepreneur africain et de construire des entreprises de plus en plus pérennes qui créent des emplois et produisent de la richesse pour le plus grand nombre et pour la croissance du pays.

Comment rendre cela possible dans un pays comme le Togo où les chefs d’entreprise prospères n’ont pas la possibilité de jouir à la fois de leur réussite professionnelle et de leur liberté d’expression ? Ils sont tous inféodés au régime, d’une manière ou d’une autre.

Jeunes entrepreneurs togolais, votre Nation est fière de vous. Je suis fier de vous.

Gamesu

Par Nathaniel Olympio

Président du Parti des Togolais
Publié le 16 Juillet 2020