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Togo - Entretien/Emmanuel AKOLLY, la politique et le Togo : Vitrine sur le renouveau de la CPP

Togo - Politique
Porté à la tête de la Convergence patriotique panafricaine (CPP) à la suite du congrès du 07 décembre 2019, Emmanuel Anani AKOLLY, le nouveau président de ce parti ne ménage aucun effort pour redonner à la CPP, ses lettres de noblesse. Dans cet entretien avec le journal La Manchette, l’homme, restant dans les mémoires du grand panafricaniste, Edem Kodjovi KODJO, garde la conviction du Grand Pardon qui pour lui demeure le socle de toute réussite qu’elle soit politique, économique, sociale ou culturelle. « La démarche doctrinale partisane a gravement desservi le processus de démocratisation dans notre pays », explique-t-il, soutenant que les chances de solution passent inévitablement par une approche Trans partisane qui dépassent les clivages et réaffirment que la démocratisation ne doit souffrir ni d’exclusion, ni de dogme sectaire car la République c’est l’affaire de tous les Togolais. Vitrine sur le renouveau de la CPP à travers son nouveau président. Lecture.
M. AKOLLY, « Le monde bouge. Partout les peuples aspirent davantage que par le passé à des sociétés renouvelées où la démocratie et la justice sociale doivent se conjuguer pour asseoir un développement authentique… Le Togo, notre pays, jadis à l’avant-garde des nations africaines, ne peut durablement rester hors du champ de la liberté et de l’espace de la démocratie où son peuple entend désormais se situer. Le moment est venu pour le peuple togolais de définir les conditions d’un renouveau et les orientations qui doivent le guider vers un avenir meilleur ». Voici, un extrait des belles lettres de feu Edem KODJO dans le « Grand Pardon ». Et à peine élu, vous revenez sur ce Grand Pardon qui implique aussi que chaque acteur politique togolais mette de l’eau dans un vin pour l’avenir de la nation. Pensez-vous que votre parti sera cette fois-ci écouté par vos pairs ?


Permettez-moi de saluer la mémoire de ce grand homme, de ce grand panafricaniste et de cet illustre patriote qu’est Edem Kodjovi KODJO.


Sa vision pour notre pays a eu du mal à être comprise à une période d’ébullition pratiquement passionnelle où il fallait un grand dépassement de soi et beaucoup d’humilité avec une forte audace pour appeler au Grand Pardon. 1990-2020, trente années bien comptées durant lesquelles l’essence de la lutte a été dévoyée par nos propres maladresses de l’opposition et de la société civile : insultes, coups bas, dénigrements, sabotages, coalitions avec des égos surdimensionnés, sources d’incompréhensions, d’intrigues qui n’ont su jamais donner de bons résultats à la hauteur des espérances du peuple et de la population. Comme le dit le poète : Le temps fait son œuvre.


Comme vous le dites, il y a trente ans le Grand Pardon. Est-ce que cela peut être encore d’actualité ?


A la CPP, nous sommes conscients et convaincus que l’impératif du Grand Pardon est plus que d’actualité. L’expérience et les réalités politiques nous enseignent que la voie du Grand Pardon est la mieux indiquée pour tout peuple, en l’occurrence le peuple togolais qui cherche la paix, l’unité et une démocratie apaisée. Voilà pourquoi, nos partenaires politiques à n’en point douter pensent que l’expérience, la maturité et une profonde prise de conscience aidant, les vertus du Grand Pardon sont les clés pour ouvrir des solutions aux situations complexes que traverse notre cher pays. Prenons l’exemple de Nelson MANDELA qui doit être un fort symbole et un modèle à l’attention des leaders politiques Africains. Après tant d’années de prisons, MANDELA a su être à la hauteur des enjeux pour construire une nation arc-enciel pour le bonheur de son peuple. La CPP garde la conviction que nos pairs politiques seront d’avis qu’il faut faire le grand sursaut collectif salutaire car quoiqu’on fasse ou dise, nous sommes tous fils et filles d’une même nation.


Je voudrais aussi profiter de cette tribune pour remercier notre grand frère Francis EKON, Président d’Honneur de la CPP pour son courage, son engagement politique qui a toujours gardé le cap sur l’essence pacificatrice du Grand Pardon.


Nous savons tous que la politique est un jeu d’échecs où les erreurs se payent cash. Le peuple togolais depuis le 5 octobre 1990 a fait de la démocratie son crédo. Il a su à travers différents leaders se sacrifier pour arriver à ce rêve d’un peuple épanoui sachant prendre son destin en main à toutes les étapes de cette lutte. Toute l’Afrique est en train de faire des mutations profondes pour répondre au rendezvous de l’histoire de développement inclusif pour une justice sociale et un pays où chacun se trouve satisfait de ses efforts pour sa vie. Il faut le dire chacun le fait à son rythme. Le monde bouge. Nous devons bouger au risque de nous retrouver sur le quai sans aucun gouvernail et sans horizon. Pour y réussir, il faut du don de soi, du pardon entre tous les fils et filles et enfin de la confiance mutuelle.


Comment définissez-vous clairement votre Grand Patron ou quel est son contenu ?


Le Grand Pardon est le socle de toute réussite qu’elle soit politique, économique, sociale ou culturelle. Le Grand Pardon est le résultat d’une longue expérience et d’une profonde prise de conscience dont a fait preuve son concepteur.

Les guerres, les affrontements, les violences et exactions sont des extrêmes à proscrire par tous les moyens. Le Grand Pardon est la somme des formules de concertations, de dialogue permanent, de discussions d’ouverture, d’inclusion et de tolérance qui constituent les piliers d’un peuple qui se veut solidaire et uni. Les faits, les évènements politiques de par le monde et plus particulièrement en Afrique nous enseignent que la tolérance sans l’oubli, la compréhension mutuelle, le souci d’une communauté de destin invitent à plus de raison et de concertation surtout pour nos jeunes démocraties en construction. A l’image d’un proverbe africain « Puisse l’adversaire rester en vie pour continuer ensemble le combat. » Ces valeurs justifient l’appel au Grand pardon.


M. Edem KODJO disait depuis des années que la société togolaise est politiquement bloquée. Et, tant que les facteurs de blocage n’auront pas été courageusement identifiés et correctement levés, nous resterons dans l’impasse, impasse marquée par la persistance d’une approche partisane de la réalité nationale. N’avez-vous pas l’impression que jusqu’aujourd’hui, le Togo tourne autour du pot en termes de quête de démocratie ? Alors, que faire ?


« Démocratie d’abord, multipartisme après », une recommandation faite par le professeur Léopold GNININVI que la CPP et moi-même saluons au passage. Le processus de démocratisation est un cheminement par étapes. Avec le temps, les travers, les revers, quelques réussites parfois ! Nous avons à la CPP retenu que la voie de la démocratisation est pavée de bonnes intentions mais surtout semées d’embûches. Ce qui n’est pas une raison pour baisser les bras, au contraire ? A la vérité, chaque pays a son histoire et ses réalités, et à l’expérience, il n’est pas évident que les facteurs politiques soient interchangeables. Malheureusement ou heureusement, chaque pays suit inexorablement son chemin à son rythme. Le Togo n’en est pas épargné. La démarche doctrinale partisane a gravement desservi le processus de démocratisation dans notre pays.


Pour la CPP, les chances de solution passent inévitablement par une approche Trans partisane qui dépassent les clivages et réaffirment que la démocratisation ne doit souffrir ni d’exclusion, ni de dogme sectaire car la République c’est l’affaire de tous les Togolais. Aucun pays n’a jamais eu de résultats positifs en quoi que ce soit dans la division et l’exclusion. Raison pour laquelle nous saluons et appuyons la Déclaration de l’UDS-TOGO dans ses critiques, autocritiques et propositions. Retrouvons-nous et faisons appel à notre intelligence pour redonner confiance à ce peuple avant qu’il ne soit trop tard. Nous ne pouvons continuer à jouer à l’hypocrite face aux problèmes politiques de notre pays en faisant du sur place.

Presque effacé sur la scène politique, la CPP revient avec le renouvellement de l’instance dirigeante du parti. Alors, que peut-on espérer de vous en tant que président ?


Aujourd’hui la CPP a un nouveau bureau exécutif avec lequel nous continuons à peaufiner les stratégies de la redynamisation et de la remobilisation du Parti. Nous avons participé aux dernières élections locales et avons eu de très bons résultats dans certaines localités. Malheureusement ces résultats ne nous ont pas permis d’avoir suffisamment de conseillers à l’instar de celui de la CPP à Dankpen. Le thème de notre congrès ordinaire vise à mieux faire connaitre la CPP. En vue de répondre positivement à cet objectif nous avons déjà commencer à renouveler nos fédérations, à organiser des ateliers de formation et de renforcement de capacité. Nous avons à notre agenda des activités à court, moyen et long terme pour donner son aura et une place non négligeable sur la scène politique nationale.


Depuis le drame du 13 janvier 1963, le pays est toujours en proie à des déchirements politiques et fratricides. La dernière élection présidentielle du 22 février 2020 en est une parfaite illustration. D’abord, quelle analyse faites-vous de cette présidentielle ?


La question que nous devons nous poser régulièrement est comment les autres pays ont su transcender cet épisode depuis les conférences nationales. Si tout ce que nous voulons faire doit se référer à cet épisode, nous avons encore des années devant nous. Raison du Grand Pardon. Reprenons les recommandations de la CVJR et repensons l’avenir de notre pays. Faisons de cet épisode une date d’un nouveau départ.


L’élection présidentielle du 22 février 2020 est finalement un baromètre de l’état de confiance et la capacité de recherches de solutions des Togolais.


Pour la CPP par-delà les polémiques, les incompréhensions, les débordements et violences qui ont émaillé cette période pré et postélectorale, cette échéance met à l’épreuve la capacité et le génie des Togolais à privilégier le salut national.


Ne l’oublions pas, le Togo est pratiquement devenu un pays qui s’est épuisé dans l’extrémisme et l’incompréhension. A force, l’effort à fournir parait surnaturel. Et pourtant à bien voir, le plus dur c’est un dépassement de soi, une forte abnégation et une profonde dose d’humilité certes, personne ne peut dire que c’est une potion magique, mais un peuple courageux et déterminé qui n’a pratiquement plus le choix doit s’obstiner à remettre l’ouvrage sur le métier jusqu’à obtenir un résultat positif à la hauteur de ses efforts et sacrifices.


L’élection présidentielle de février 2020 est un défi pour le peuple togolais à rompre avec l’absolutisme, l’instinct de vengeance pour écrire avec audace et courage de nouvelles pages de l’histoire politique de notre pays.


Mais la Dynamique Mgr K P O D Z R O / A g b é y o m é KODJO continue de réclamer la victoire en tentant une résistance politique avec toutes les conséquences que nous connaissons. A quel niveau du débat se situe la CPP ?


Il est temps que nous puissions arriver à résoudre nos problèmes par la concertation, le respect de l’adversaire politique qui n’est pas un ennemi politique et qui doit craindre pour sa vie. Privilégions la concertation, les discussions autour des questions majeures pour le développement inclusif et social. Concentrons-nous sur le pardon mutuel et faisons de ce pays l’or de l’humanité.


Pour les Evêques du Togo, la crise est politique et doit être réglée politiquement. Que dit la CPP ?


Nous adhérons à l’appel des Evêques. Raison pour laquelle nous en appelons à la concertation et au pardon.


Quel sera le prochain challenge de votre parti en termes de conquête de l’électorat ?


Au lendemain du congrès de la CPP du 7 Décembre 2019, notre mot d’ordre est la redynamisation du parti par la remise en ordre de bataille de nos fédérations. Nous irons bientôt à Tsévié, Agou Kloto, Ogou, Dankpen et Tône. Lacs – Bas Mono et Golfe étant déjà faites.


Dernière question : le Togo vit une crise sanitaire depuis mars 2020, le Covid-19, et les emplois sont menacés, les recettes difficiles pour les sociétés, les couches vulnérables ploient sous une misère indicible, les suicides par pendaison sont devenus fréquents, etc. Comment votre parti peut entrevoir l’aprèscovid si vous étiez aux affaires ?


La CPP a pour ligne politique la social-démocratie pour lutter contre les inégalités sociales. Nos objectifs à la base sont : La justice sociale et l’équité dans toute politique de développement. A l’analyse, les conséquences de la pandémie nous interpellent sur l’avenir de notre économie, la vie de nos entreprises et surtout de l’emploi et plus principalement de l’emploi des jeunes ; notre préoccupation est d’initier des discussions de toutes les forces vives pour redéfinir dans un élan de confiance mutuelle l’avenir de notre pays.


IL EST DONC TEMPS POUR UNE REFLEXION APPROFONDIE SUR TOUS LES VOLETS ET FACTEURS QUI PARTICIPENT A NOTRE VIE COMMUNE NATIONALE qui ne peut se passer du nouveau vivre-ensemble du Grand Pardon et du sursaut collectif salutaire grâce à un compromis politique.


M. Emmanuel Anani AKOLLY, merci


Entretien Réalisé par Sylvestre BENI