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Afrique - Samira, Ladji… et Ferdinand, leur combat… notre combat !

Afrique - Societe
C’est un genre journalistique qui amène à révéler, à la masse, ce qui est caché. Passionnant mais aussi très exigeant, le journalisme d’Investigation fait également encourir, aux professionnels qui l’embrassent, des risques de tous ordres. Immersion dans une spécialité mise en mal dans la sous-région ouest africaine encore plus ces derniers jours.

La braise…

C’est plus qu’une évidence. Il ne semble visiblement pas bon d’être journaliste d’investigation. Qui plus est en Afrique où la guillotine est permanente sur la tête des journalistes. Depuis quelques mois dans nombre de pays de la sous-région ouest-africaine, des persécutions et cabales tous azimuts doublées constituent le quotidien de ces professionnels de la communication qui ont choisi l’investigation comme socle de leur métier.

Comme une braise sur laquelle sont assis ces journalistes, les cabales et persécutions vont des menaces aux intimidations en passant par les cambriolages, le vandalisme, et même les assassinats. Des hommes et femmes dont le malheur est d’être populaire, fruit de leur professionnalisme, intégrité avec pour souci permanent la recherche de la vérité.

Le cas Samira

Son cas fait jaser actuellement au Niger. La journaliste et bloggeuse nigérienne Samira Sabou, très populaire par sa rigueur et son intégrité, croupit actuellement en prison et ce, depuis le 10 juin dernier.

La justice nigérienne reproche à l’administratrice du site d’information mides-niger.com des écrits diffamatoires contre Sani Issoufou, le fils du Président de la République, par ailleurs Directeur de Cabinet Adjoint à la Présidence. Ceci, après qu’elle ait mis en cause ce dernier dans une affaire de surfacturation lors des achats d’équipements militaires pour l’armée nigérienne. L’issue de son procès est attendue le 28 juillet prochain.

Ladji Bama…

Tout comme au Niger, le journalisme d’Investigation n’a pas meilleur sort au Burkina Faso. Ces trois dernières années, plusieurs menaces et attaques ont été perpétrées au Pays des Hommes Intègres contre ceux-ci et autres leaders d’opinion. Du lot, on retient entre autres, celle contre le confrère Mamadou Ali Compaoré en janvier 2017. Une autre dernièrement, en fin mai 2020, contre l’analyste politique et directeur Afrique chez Teminiyis media, Lionel Bilgo, par ailleurs auteur de l’ouvrage « Du rêve à la réalité, créons demain ».

Mais plus encore, l’on retient celle contre le journaliste d’investigation Ladji Bama dont la voiture a été consumée par le feu en janvier 2020. En effet, très populaire au Burkina Faso, Ladji Bama est l’un des journalistes qui ont beaucoup pesé pour la vulgarisation de l’affaire charbon fin d’Essakane IamGold en 2019. Il est aussi connu pour ne pas être assez tendre avec les dignitaires du pouvoir, dénonçant les manquements à la gouvernance et cela depuis le régime du président déchu Blaise Compaoré.

Norbert Zongo… le douloureux souvenir

Cette atmosphère particulièrement inquiétante rappelle cette époque où la machine infernale était mise en branle pour «faire taire ceux qui dérangent » au Burkina Faso. L’exemple le plus parlant reste celui de Norbert Zongo, toujours vivace dans les mémoires collectives. En effet, après avoir commencé une enquête sur la mort mystérieuse de David Ouedraogo, le chauffeur de François Compaoré, le frère du président burkinabè d’alors Blaise Compaoré, Norbert Zongo est retrouvé mort assassiné et calciné dans sa voiture, le 13 décembre 1998, avec les trois personnes qui l’accompagnaient (Blaise Ilboudo, Ablassé Nikiéma et Ernest Zongo). Cet assassinat odieux et crapuleux du fondateur et Directeur de la Publication de l’Hebdomadaire «L’Indépendant» a suscité des vagues d’indignation, tant sur le plan national qu’international.

Ignace Sossou…

Au Bénin voisin, pour avoir publié, sur les réseaux sociaux, des extraits d’une déclaration du Procureur de la République, mettant en cause la justice béninoise, le journaliste d’investigation Ignace Sassou a été interpellé le 19 décembre 2019 et condamné à dix-huit (18) mois de prison dont 6 avec sursis. Après une pluie de pressions et lobbyings, ce dernier a finalement été libéré le 24 juin dernier, il y a quelques jours, après en avoir passé six (06). Ce dossier a le mérite de révéler aux yeux du monde, la vraie face de la justice africaine où le Procureur qui s’est plaint a pu jouer au joueur et à l’arbitre. Pathétique !

Ferdinand Ayité…

Que dire du Togo où les journaux jugés critiques et les acteurs qui les animent sont exposés aux sanctions et persécutions de tous ordres? Après avoir été suspendu en mars dernier pour 2 mois conjointement avec ses confrères de Fraternité, et Liberté le directeur du journal Alternative Ferdinand Ayité fait actuellement l’objet d’une poursuite judiciaire. En effet, s’estimant diffamé dans ce qu’il convient d’appeler «Petrolegate», du nom de rocambolesque affaire de détournements de 500 milliards FCFA, sur la commande du pétrole par sa famille le Fils Fabrice Adjakly assigne en justice, pour le 12 août prochain, le Directeur de Publication de L’Alternative à qui il réclame payement de cinq millions (5.000.000) FCFA pour dommage et intérêts. Si au Niger ou au Mali ce sont les fils des chefs d’État qui se retrouvent au cœur de l’intrigue, le contexte reste toutefois le même, pour ce qui est du Togo où le clan au pouvoir phagocyte la justice aux fins de régler des comptes aux acteurs qui mettent à nu indirectement ses carences.

Combat à rude de épreuve…

Comme l’on peut aisément le comprendre, hier comme aujourd’hui, il paraît toujours très risqué d’embrasser le journalisme d’Investigations, un choix noble mais tout autant rude. Ce genre journalistique qui, au travers des enquêtes sur des sujets assez sensibles, met à nu personnalités et groupes d’intérêts dans leurs magouilles.

Et de ce fait, on devient une cible permanente aux yeux des mis en cause. Ces leaders d’opinion paressent gênants à tout point de vue, au point même de songer à les envoyer, au besoin, à l’abattoir. L’on a encore en souvenance, l’assassinat, en pleine journée, du confrére ghanéen Hussein Ahmed Suale, le collaborateur de Anas, le célèbre journaliste d’investigations dont les enquêtes ont révélé, aux yeux du monde, la corruption à grande échelle qui gangrénait le football ghanéen.

Cependant, le silence de l’opinion face aux mésaventures du journaliste dans l’exercice de son métier paraît donc plus un soutien qui ne dit pas son nom aux gourous dans leur plan machiavélique contre le métier de vérité et de justice qu’est le journalisme d’investigation. Celui de museler, par tous les moyens, voire éteindre les voix et plumes au vitriol au service de la vérité.

Face à l’injustice et l’arbitraire, la résistance

Face à l’injustice, au diktat et à l’arbitre, il urge la mise en branle d’une chaîne de solidarité aux côtés de ces journalistes qui, pour fidélité à la conscience professionnelle, ont préféré le chemin le plus simple, mais très risqué et exigeant. Celui de l’intégrité au giottisme et à la médiocrité. Et cette autre forme de lutte engagée en faveur de la bonne gouvernance doit être perceptible le 12 août prochain. La résistance !

Cette solidarité qui, au Mali, a poussé à la démission du président de la Commission Défense et Sécurité à l’Assemblée nationale, Karim Keïta, un autre fils au père, celui du Président Ibrahim Boubacar Keïta au cœur d’une affaire d’atteinte aux mœurs et d’allégations de scandales financiers.

FRATERNITE