Vous etes sur la version ARCHIVES. Cliquez ici pour afficher la nouvelle version de iciLome.com
 10:19:25 PM Jeudi, 28 Mars 2024 | 
Actualité  |  Immobilier  |  Annonces classées  |  Forums  |  Annuaire  |  Videos  |  Photos 


Sahel/Bassin du lac Tchad: près de 300 civils dont 9 réfugiés tués par les mines et les engins explosifs

Afrique - Societe
Depuis le début de l’année 2020, l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) constate un nombre croissant d’incidents mortels impliquant des populations déracinées au Sahel et dans la région du lac Tchad, qui sont victimes des mines et des engins explosifs improvisés, qui font peser une menace croissante sur les populations d’accueil, les réfugiés et les personnes déplacées.
« Bien que les cibles visées par de nombreux groupes armés antigouvernementaux et non étatiques semblent être les forces de sécurité, de plus en plus de civils sont aveuglément tués et mutilés », a déclaré mardi le porte-parole du HCR Babar Baloch, lors d’un point de presse virtuel depuis Genève.

Au Sahel et dans la région du lac Tchad, ce sont au moins 286 civils dont 9 réfugiés qui ont été tués par les mines et les engins explosifs depuis 2019.

Le Nigéria et le Tchad sont les pays les plus touchés dans le bassin du lac Tchad. Lors du dernier incident survenu dans un camp de réfugiés à l’est du Tchad le 24 juin dernier, quatre enfants réfugiés âgés de 9 à 12 ans ont été tués et trois autres gravement blessés après avoir ramassé un engin non explosé et tenté de l’ouvrir.

Dans le même temps, quelque 230 personnes ont été tuées dans le nord-est du Nigéria et 300 autres blessées par des engins explosifs improvisés en 2019. Plus de 15 incidents de ce type ont été signalés jusqu’à présent en 2020.

Au Mali, la population civile représente près de la moitié des victimes

Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) constate également une tendance à la hausse dans le Sahel.

Le Niger a connu cinq incidents différents depuis le début de l’année qui ont tué au moins cinq réfugiés et personnes déplacées.

Dans la région de Diffa au Niger, deux véhicules ont roulé sur des engins explosifs près de la ville de Bosso, lors de deux incidents distincts en février et mars. Les explosions ont tué quatre personnes, dont trois lycéens, et blessé de nombreuses autres, dont un bébé de 10 mois.

Au Burkina Faso voisin, ce sont deux adolescents qui en ont été victimes au début de l’année. En effet, le 21 janvier 2020, un habitant du pays et son ami réfugié originaire du Burkina Faso - ont ramassé une roquette non explosée. Croyant à tort que c’était un jouet, ils ont essayé de l’ouvrir avec une hache. L’engin a explosé, tuant l’adolescent nigérien et blessant gravement le réfugié.

Toujours dans ce pays, un véhicule transportant deux réfugiés a heurté le 6 juin dernier un engin explosif improvisé près du camp de réfugiés de Mentao. Tous deux ont été évacués vers Djibo, où ils ont reçu des soins pour leurs blessures.

Au Mali, la population civile représente près de la moitié des victimes des mines terrestres et des explosions d’engins improvisés dans tout le pays. Au moins 42 civils ont été tués dans 82 incidents entre janvier et mai de cette année. Les victimes ont été principalement dans les régions de Mopti, Gao et Kidal. Les routes qui relient Mopti, au centre du pays, aux régions du nord sont particulièrement concernées et dangereuses.

Le Sahel est confronté à l’une des crises de déplacement les plus importantes au monde. Des millions de personnes ont fui les attaques aveugles des groupes armés contre les civils, avec notamment des exécutions sommaires, le recours généralisé au viol des femmes et des attaques contre les institutions de l’État, y compris les écoles et les établissements de santé.

La présence d’engins explosifs entrave également l’accès aux pâturages et aux champs

Les mines représentent également un danger supplémentaire pour les réfugiés et les personnes déplacées qui fuient la violence et la persécution et constituent une entrave à leur droit de rentrer chez eux. Le HCR considère d’ailleurs les mines et les munitions non explosées comme des obstacles majeurs au retour dans la sécurité et la dignité. Elles représentent pour les réfugiés et les personnes déplacées qui rentrent chez eux un danger mortel pendant de nombreuses années après la fin du conflit.

Le HCR appelle à renforcer les efforts visant à atténuer les risques que les mines terrestres et les engins explosifs improvisés font peser sur les réfugiés et les personnes déplacées dans les régions du Sahel et du bassin du lac Tchad.

Outre le nombre élevé de morts, de blessés et les séquelles infligées, y compris les dommages psychologiques, la présence d’engins explosifs entrave également l’accès aux moyens d’existence des populations locales tels que les pâturages, les champs, les fermes, le bois de chauffage ainsi que les infrastructures communautaires. Ils affectent également l’acheminement de l’aide humanitaire et les activités de développement.

Le HCR continue à soutenir les blessés et les familles des victimes. L’agence onusienne aide également à organiser les funérailles des défunts, mais aussi des séances de soutien psychosocial pour les survivants - y compris pour les enfants.

Face à cette situation, le HCR appelle à un renforcement des efforts visant à atténuer les risques que les mines terrestres et les engins explosifs improvisés font peser sur les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays dans les régions du Sahel et du bassin du lac Tchad, qui sont en proie à des conflits.

« Il est essentiel que les gouvernements, les organisations humanitaires et les parties aux conflits intensifient leurs activités de lutte contre les mines, car les civils paient un très lourd tribut », a fait valoir M. Baloch.