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La Cour des comptes exporte son savoir-faire et renforce l’exigence d’une gouvernance publique au service des citoyens

Maroc - Economie et Finances
Vêtue de la toge noire à longues manches, Sara Abdel Ilah prête serment pour devenir magistrate à la Cour des comptes. Une des plus prestigieuses institutions du Maroc, située à Rabat.
Comme la plupart des magistrats de cette juridiction financière, Sara a un parcours exemplaire. Sortie major de promotion d’une grande école d’ingénieurs, cette trentenaire a décidé de relever un nouveau défi. Après des années passées chez un opérateur de télécommunications, elle réussit, en 2016, le concours d’entrée à la Cour des comptes, parmi les 33 reçus sur plus d’un millier de candidats. « Si l’on m’avait dit que je deviendrai un jour magistrate à la Cour, je ne l’aurais pas cru, se souvient-elle. Après une expérience dans le secteur privé, j’avais besoin d’un nouvel élan. Alors que j’avais la possibilité de poursuivre un MBA aux États-Unis, j’ai préféré intégrer la Cour. La formation nous a confrontés à de nouveaux types de raisonnement, avec des enseignants de haut niveau, qui privilégient la pratique. »

Sara est fière de son nouveau métier de juge financier. Elle sait que son travail contribue à améliorer le fonctionnement quotidien des institutions de l’État. « Nous jugeons les comptes publics et renforçons l’efficacité et l’efficience de l’État », apprécie-t-elle. Au sein de la Cour, ses compétences techniques sont utiles à un moment où la transformation numérique reconfigure le fonctionnement des organisations publiques et réinvente leur offre de services aux citoyens.

En 2011, à l’issue d’une réforme constitutionnelle, la Cour des comptes a été investie de nouvelles missions. La nécessité de perfectionner les compétences de ses magistrats a entraîné une redéfinition de l’offre de formation. Pour y répondre, la Banque africaine de développement a soutenu, pour près d’un million d’euros, l’action du Centre de formation des juridictions financières. Avec comme objectifs d’élaborer un schéma directeur de formation, de renforcer les capacités des magistrats marocains et étrangers et d’équiper, en matériel pédagogique et technique, l’établissement de formation.

« Les cycles de formation ont apporté une réelle valeur ajoutée » grâce à ce financement de la Banque, constate Driss Jettou, premier président de la Cour des comptes. « Ils ont constitué des moments d’échange et une opportunité de nouer des relations. La Cour des comptes du Maroc sera toujours ravie de partager son expérience avec les pays africains », assure-t-il. « Avec l’appui de la Banque africaine de développement, nous avons pu accélérer la dynamique de renforcement des capacités et réaliser nos objectifs grâce à un partenariat de qualité que nous souhaitons voir se poursuivre », se réjouit, pour sa part, Mohamed Diyer, secrétaire général de l’institution.

À quelques kilomètres de Rabat, Bouazza El Moustafa, 38 ans, est magistrat à la Cour régionale des comptes de Rabat. Arpentant les couloirs bondés d’un hôpital public, il enchaîne les réunions avec plusieurs chefs de service. « Nous ne sommes plus perçus comme des contrôleurs. Nous conseillons, se réjouit-il. Dans cet hôpital, le délai d’attente aux urgences a baissé, ce qui réduit le temps de traitement des cas graves. Le service de réanimation a aussi bénéficié d’une réallocation de moyens. En temps de pandémie, ces avancées sont vitales. »

Président de la chambre chargée de la santé, Rachid Ismaili Alaoui a contribué à mettre en place le chantier de la formation. « Notre courbe d’expérience est ascendante. Ayant maîtrisé les métiers traditionnels du contrôle juridictionnel et de la conformité, nous sommes montés en puissance en matière d’audit de performance et d’évaluation des politiques publiques », explique le magistrat. « Une expérience dont nous faisons bénéficier les juridictions africaines, chacune différente par son environnement, ses pratiques et son modèle », précise Nordine Rabhi, conseiller maître et directeur du centre de formation.

En plus de la formation initiale des magistrats marocains, cinq cycles spécialisés en contrôle juridictionnel, audit de performance et discipline budgétaire ont aussi profité, dans le cadre de la formation continue, à environ 130 participants, issus de vingt-deux pays. Président de la Cour des comptes malgache, Jean De Dieu Rakotondramihamina en garde un souvenir vivace : « Le cycle sur la discipline budgétaire nous a permis de bénéficier des expériences des autres cours africaines. Cette réflexion a même nourri un projet de texte de réforme à Madagascar ». Belkacem Omri, magistrat à la Cour des comptes algérienne, estime que la formation sur l’audit de performance a été « par son contenu, riche sur tous les aspects. » Papa Gallo Lakh, magistrat à la Cour des comptes sénégalaise, se réjouit d’avoir « été exposé à une nouvelle perspective en matière d’audit de performance, avec de nouveaux outils de contrôle et d’analyse des risques. »

En valorisant le capital humain, la Banque africaine de développement porte l’exigence d’une gouvernance publique renforcée, qui sert le progrès et la prospérité pour tous.