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Deux journalistes arrêtés à la présidence et détenus par les services de renseignement

Congo RDC - Societe
Reporters sans frontières (RSF) dénonce, à l’instar de son organisation partenaire congolaise Journaliste en danger (JED), le retour de méthodes prédatrices contre la presse et un niveau d’exactions très alarmant contre les journalistes après l’arrestation complètement arbitraire de deux reporters dans l’enceinte même la présidence de la République. RSF demande leur libération et des mesures fortes pour éviter un triste retour en arrière.
Odinolas Mobala et Roublain Bamba, journaliste et cameraman de Bosolo na politik, un magazine d’actualité politique populaire retransmis sur plusieurs chaînes de télé de la République démocratique du Congo (RDC) ont été arrêtés et placés en garde à vue ce mardi 3 novembre. Les deux journalistes, accrédités à la présidence, venaient de filmer Félix Tshisekedi qui s’apprêtait à accorder une audience au palais de la Nation de Kinshasa, la capitale du pays. Sur leurs images, on aperçoit deux conseillers qui tardent à se lever au moment où arrive le chef de l’Etat. Les journalistes ont été rapidement interpellés après avoir diffusé cette scène, puis transférés à l’agence nationale de renseignement où ils sont retenus depuis lors.

“Ces arrestations sont tout simplement consternantes et ces méthodes indignes, dénonce le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger. Comment des journalistes qui n’ont fait que filmer ce qui s’est passé ont-ils pu être arrêtés et transférés dans un service de renseignements dont le travail quotidien consiste normalement à enquêter sur des groupes armés et sur des menaces portant sur la sécurité des Congolais? Il s’agit d’une grave atteinte à la liberté de la presse qui a été perpétrée au palais de la Nation, c’est-à-dire au cœur même du pouvoir. L’image renvoyée par ces arrestations est terrible. Les promesses encourageantes du président en faveur de la liberté de la presse sonnent bien creux face à de tels agissements. Nous lui demandons d’intervenir pour faire libérer ces journalistes qui n’ont absolument rien à se reprocher et de les restituer dans leur plein droit avec leurs accréditations à la présidence."

Dans son dernier rapport annuel publié lundi 2 novembre, Journaliste en danger (JED), organisation partenaire de RSF, s’inquiétait du retour des “prédateurs” de la presse en RDC, ces personnes qui usent de leur pouvoir ou de leur autorité pour s’en prendre aux journalistes et médias qui les gênent. JED dressait ainsi un constat alarmant : 116 violations de la liberté de la presse ont été enregistrées dans le pays en 2020, dont 40 arrestations. Et de rappeler que 70% des exactions sont commises par les forces de sécurité dont l’agence nationale de renseignement (ANR).

Il y a un an, une délégation conjointe de RSF et JED avait rencontré le président Tshisekedi à Paris pour plaider le décret d’un moratoire sur les arrestations de journalistes, la révision de la loi répressive et obsolète sur les médias qui date de la dictature du maréchal Mobutu et la mise en place d’un mécanisme national dédié à la protection et à la sécurité des journalistes.

La RDC occupe la 150e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2020.