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Blocage politique au Togo à la veille de l'étude du dossier togolais à la Commission Européenne.

Carrefour N° 372 du 18 Septembre 2003
Le Togo, notre pays traverse une crise profonde qui ne dit pas son nom. Une seule personne visiblement est en train de tousser et tout le Togo s'enrhume. La dernière élection présidentielle sensée remettre le pays sur les rails a empiré la situation qui s'est en plus aggraver à la suite de la dernière fameuse "visite privée du chef de l'Etat en Italie".
L'on se souvient qu'au lendemain de la "frauduleuse" du 1er Juin 2003, l'Union européenne, notre principal bailleur de fonds, bien que n'étant pas sur les mêmes longueurs d'ondes que les vainqueurs auto-proclamés, a appelé, lassé qu'elle est, la classe politique togolaise à un dialogue sincère en vue de dégager un consensus sur la gestion des affaires de la cité. La France est allée plus loin en appelant la formation d'un gouvernement d'union national. "Le bon élève" l’a repris par cœur et l'a promis "former un gouvernement de large union avec l'opposition" s'il est élu.

Mais la gourmandise et l'orgueil des caciques du système RPT, parti-Etat, ont repoussé cette initiative. Aujourd'hui le RPT a tout et se retrouve seul. Malgré tout, on s'attend à ce que l'UE reprenne la coopération avec notre pays. Avons nous alors satisfait aux exigences de l'UE? Le tout n'est pas de se dire vainqueur, en dilapidant des biens publics et violant à longueur de journée les droits de l'Homme et de croire que c'est les autres qui salissent l'image du Togo pour que la France fasse pression sur l'UE en vue de reprendre la coopération avec notre pays. Quant à la France de Chirac et de Valette, elle doit, pour une fois, avoir le courage de demander à nos dirigeants si cet exécutif mis sur pied par Sama est le gouvernement d'union tant prôné?

Ce qui est grave dans tout ceci c'est que les Togolais s'habituent ou se sont déjà habitués à l'iniquité et considèrent chaque violation des ses lois sacrées comme une fatalité. C'est dangereux car un grave état psychologique d’abdication atteint le peuple. Si tel est le cas, la mobilisation sera difficile et la lutte est perdue d'avance. Le peuple est pratiquement laissé à lui-même. Les leaders politiques, à cause des échecs répétés qu'on leur impose, semblent renoncer. Oui, ils ont renoncé visiblement de conquérir le cœur du peuple. Celui qui se proclamait vainqueur, au lieu de rassembler toutes les miettes de braises dispersées pour en faire un feu gigantesque, préfère les éteindre une à une autour de lui en les vilipendant, les minimisant, les traitant de moins que riens croyant que se faisant, lui seul peut briller.

Non, le travail est à recommencer car le pays, quoiqu'on dise est bloqué. Et cette simple absence de quelques semaines du Chef de l'Etat a démontre que rien n'est fait dans le sens d'une succession pacifique au Togo. La vraie fausse rivalité entre la primature et le parlement concernant qui fait quoi en absence du chef de l'Etat est révélateur à plus d'un titre. Le sujet considéré comme le plus tabou est " la succession du chef de l'Etat". Mais en même temps, rien n'est fait par ce dernier lui-même pour que son après soit pacifique. Sûrement que le plus dure est encore devant. Et c'est ici que nous connaîtrons les vrais leaders et non lors des élections truquées d'avance. Le leader qui n'abdiquera pas, qui se lancera actuellement à la conquête du cœur du peuple pour le mettre à contribution réussira.

Pendant longtemps, on a trompé ce peuple, on lui a menti en lui disant qu'on viendra le sauver. Ce qui ne c'est jamais passé dans aucun pays du monde. On ne libère jamais un peuple. C'est le peuple qui se libère lui même. Mais le peuple n'ayant pas toujours tous les éléments essentiels pour l’appréciation objective d'une situation, a obligatoirement besoin d'un leader perspicace qui saura discerné le désir réel du peuple afin de mettre ce dernier à contribution pour étancher cette soif.

Ainsi, le peuple a besoin plus que jamais de ses leaders dignes de ce nom. Les leaders politiques et d'opinion ont un rôle important à jouer car la patrie est en danger. La forte personnalité de celui qui a régentée pays avec des mains gantées de fer a réduit les institutions de la République à leur plus simple expression. Quand viendra-t-il si aujourd'hui " l'incapacité totale est constatée"? La patrie est en danger, courons vite pour la sauver. Le plus tôt sera le mieux. L'abdication est suicidaire.

Jean-Baptiste DZILAN