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CRISE TOGOLAISE : L’HEURE DU BILAN DE BATIR LE TOGO…OU LA QUESTION DU DEVENIR DE BATIR LE TOGO

  Bâtir Le Togo regroupe une partie importante des combattants de la liberté des années 1989/1990, a été créé avec l’ambition de reprendre la lutte pour un Etat de droit au Togo et ce, après les échecs de 1991 (transition démocratique) et de 1993 (1ère élection à candidats multiples). Aujourd’hui, Bâtir Le Togo se retrouve à la croisée des chemins.
Depuis sa création en 1997, Bâtir Le Togo s’est attelé à des activités purement politiques tant auprès de partenaires internationaux que togolais de l’intérieur, et de la diaspora. Notre mouvement a souvent établi des expertises sur la situation togolaise, lesquelles ne font pas toujours l’objet de publicité.
Bâtir Le Togo s’est aussi prononcé, publiquement, à plusieurs reprises sur la situation socio politique togolaise.
Bâtir Le Togo a aussi mené des campagnes auprès de gouvernements, notamment français, américains et allemands sur la résolution de la crise politique togolaise.
Au Congrès de Freiburg en octobre 2002, la nécessité de l’union des partis togolais de l’opposition en vue d’établir un plan de conquête du pouvoir s’était imposée. Plus qu’une union opportune, nous avions proposé une union sacrée.
En 2003, nous avions demandé aux partis d’opposition de ne pas participer à une élection dont l’objectif était de légitimer des violations du texte fondateur de la République : la Constitution de 1992 modifiée en 2002.
En 2005, au décès du Gal Eyadèma, nous avions à nouveau demandé à l’opposition de ne pas participer au scrutin anticipé qui ressemblait à une trappe à peine feinte. Ces prises de position traduisent pour certains un abus de l’arme du boycot…
Cependant, il nous apparaît que c’était le seul moyen de créer les conditions de la conquête du pouvoir à armes égales avec Eyadèma. Cela étant, pour Bâtir Le Togo, le boycott n’est pas un acte de faiblesse, mais un facteur de réorganisation des forces. Le boycott, nous ne le dirons jamais assez, ne veut pas dire « multiplier les plaintes dans les chancelleries et se présenter ensuite au scrutin suivant sans avoir au préalable rien obtenu ». Refuser les élections n’est pas synonyme de boycot. Le boycot politique ne signifie pas capitulation, même si au Togo cela semble bien être le cas.
Cette position fut incomprise, et nos appels sont restés sans effet sur la capacité de réflexion de l’opposition et des forces démocratiques en général.
En 2003, nous affirmions que participer au scrutin dans les conditions de l’époque serait entériner la modification constitutionnelle inique de 2002. Après, nous sommes restés impuissants et coupables de n’avoir pas pu faire plus. Nous n’avons pu, non plus, convaincre avec l’autre argument, à défaut de boycott :
- que l’opposition propose Mr Péré comme candidat unique afin de s’inscrire en porte-à-faux aux tenants de la théorie selon laquelle les kabye sont acquis à la cause du Rpt.
- que les forces démocratiques, regroupées au sein de la diaspora se regroupent pour désigner un représentant indépendant des partis politiques, et qui jouera le rôle de force de pression sur le régime et de contre-pouvoir à l’opposition.
Au décès de Eaydèma, nous avions rejeté la tenue d’une élection dans l’immédiat proposant :
- l’application des articles 144 et 150 de la Constitution pour organiser la contestation du pouvoir de Faure,
- à défaut, la mise en place d’une solution politique, au travers d’une assise nationale et d’un gouvernement de transition.
Mais, nos analyses judicieuses a posteriori et empreintes d’une certaine prémonition, n’ont pas pu convaincre la classe politique togolaise. Pire, l’opposition et les forces démocratiques se sont mises à censurer les documents de BATIR LE TOGO.
Aujourd’hui, un débat interne est ouvert : avons-nous pu à suffisance convaincre les forces démocratiques qui demeurent malgré tout des partenaires ?
Avons-nous eu la force de conviction nécessaire pour porter le flambeau de la raison ? NON !!! Et cela est un échec.
La part de responsabilité de BATIR LE TOGO dans la crise du 05 février au 29 avril reste le manque de persuasion des partenaires de l’opposition et des forces démocratiques.
L’autre part de responsabilité demeure, le peu de succès rencontré de la méthode d’implantation de BATIR LE TOGO au Togo.
Devant ces échecs, il nous faut prendre les responsabilités et poser la question du devenir de notre mouvement.
- Pouvons-nous efficacement lutter contre la dictature en dehors du territoire togolais ?
- Devons nous perpétuer la même forme de lutte contre le nouveau système que le fils met progressivement en place, étant entendu que l’ancien système en théorie a pris fin avec le décès de Eyadèma, et que notre stratégie de lutte s’est révélée inefficace ?
Certes, l’Histoire retiendra que dans l’euphorie générale et la passion dévastatrice, BATIR LE TOGO a été le seul mouvement à tirer la sonnette d’alarme sur les risques d’une élection truquée et tronquée au Togo. Il sera rejoint par 2 autres mouvements, le CGCT en Belgique et la NOCL, puis plus tard par le ministre chargé d’organiser les élections, François Boko.

Mais l’Histoire retiendra aussi que, la problématique des élections post dictatoriales est dévastatrice, et quels que soient les résultats des enquêtes sur les conditions d’organisation et les violences post-électorales, quel que soit l’accord politique intervenu, ce fut une erreur d’aller aux élections dans les conditions connues au 05 février 2005. Des élections précipitées qui se sont révélées une nouvelle fois fatale à l’opposition…Et là, la responsabilité est générale, et la nôtre engagée.

Noviti Spéro Houmey, Secrétaire général