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Rentrée scolaire 2006-2007 : Ecoliers et élèves reprennent leur chemin de croix

 Près de 72 heures nous séparent de la reprise des classes au Togo. Si quelques parents ont pu faire quelque chose pour leur progéniture, la plupart des citoyens peinent à honorer leurs engagements parentaux. De plus, les autorités en charge semblent muettes comme une carpe, tant elles n’ont rien à dire, elles n’ont pas fait grand-chose.

Le dimanche prochain, sûrement (à moins que la tradition ne soit plus respectée cette année) le ministre des enseignements primaire et secondaire Komi Selom KLASSOU montera au podium de la télévision pour faire un discours à la nation que dis-je aux écoliers, élèves (apprenants) et parents. Il souhaitera à coup sûr, bonne rentrée scolaire 2006-2007 à tous. Il dira " pour cette rentrée, le gouvernement n’a ménagé aucun effort. (Aucun sacrifice n’est trop grand quand il s’agit de la jeunesse). Nous avons fait beaucoup de sacrifices, nous avons construit, nous avons organisé encore des concours de recrutement dans le corps malgré la situation économique difficile que traverse notre pays depuis la grève générale dite illimitée… " et patati et patata. Des parents vont applaudir. Peut-être qu’il va même innover cette année en organisant une conférence de presse et " phagocyter " même ses collègues du technique, et du supérieur. Et les journalistes vont applaudir.

Mais en réalité le problème est tout à fait autre. Il n’est plus un secret pour personne que l’éducation et la formation professionnelle sont malades. Elles sont au creux des vagues, ballottées par les vents de la mauvaise gestion, le délaissement etc. En un mot, ces deux secteurs du Togo ne préoccupent pas les autorités. Les problèmes afférents sont entiers plusieurs années durant.

Les infrastructures
La multiplication des établissements primaires, secondaires et techniques ne va pas au même rythme que l’accroissement de la population. Le cas de la capitale est patent. Si un timide effort semble fait dans l’enseignement général, dans l’enseignement technique, les Loméens sont laissés à leur sort. Le seul Lycée technique d’Adidogomé est débordé. Conséquence, les apprenants qui veulent évoluer dans les séries dudit lycée se replient sur les collèges privés environnants. Or très peu de ces collèges répondent aux critères d’ouverture d’établissement privé. Alors, le citoyen est formé au rabais, il devient unijambiste mesgré ses diplômes.

Même l’effort fourni dans l’enseignement général reste à voir. Les bâtiments manquent. Les élèves sont à 80 voire 90 dans les classes au lycée ! Pour suivre quelle éducation ? Que peut faire un professeur, aussi génial fut-il, devant cet océan d’apprenants qui ont d’ailleurs raté leur base primaire avec ce fameux livre " abalo et afi " ? D’ailleurs, l’effort fourni vient des ONG de la place telles La Colombe ou Plan-Togo qui, non seulement construisent des salles de classes mais encore fournissent des équipements et forment même parfois le corps enseignant.

Le corps enseignant
Ça alors ! D’abord, les enseignants sont insuffisants et ce, à tous les degrés. On a encore en mémoire la descente dans les rues l’année écoulée des élèves des lycées réclamant des enseignants. Mais cela ne dit rien à personne. Pire, le peu qui est sur le terrain est mal employé. Des titulaires de licence ou maîtrise en Droit enseignent le français par exemple.

De plus, il y a des années, les séminaires de recyclage sont plus rares que les larmes du chien. Dans le métier d’enseignant, les séminaires de recyclage permettent aux enseignants d’échanger entre eux, d’apprendre, de réviser les techniques du métier, d’harmoniser des points de vue sur tel ou tel aspect du métier car tout évolue. Mais au Togo cela ne signifie rien.

Ségrégation au niveau du corps enseignant

Depuis les années 90, un nouveau corps est apparu dans le système éducatif. D’abord, vacataires, les enseignants qui constituent ce corps nouveau sont passés pour auxiliaires puis contractuels. On les abreuve de promesses jamais tenues. En 1999, ils sont rentrés en grève pour réclamer une amélioration de leur condition de travail et surtout exiger que les promesses qu’on leur a faites soient tenues. En 2000, ils sont purement et simplement radiés du corps enseignant. Depuis, ils traînent leur bosse à la maison.

Croyant à l’ouverture politique, au dialogue et à la réconciliation, ils ont relancé leur dossier il y a bientôt un an. Si le dossier a trouvé un avis favorable au départ, il faut dire qu’à l’arrivée, c’est du bluff. Or la plupart de ces enseignants sont formés à coups de millions au Canada, en Côte d’Ivoire et en Italie. Mais ils sont là, végétant à la maison à la merci de quelques fondateurs peu scrupuleux d’écoles privées.

Donc, ce problème est aussi sur le tapis. Des élèves manquent d’enseignants. Or, il y en a surtout d’expérimentés qui croupissent à la maison. Mais que l’Etat ignore carrément. Eux qui ne demandent pas à construire des Châteaux ni à avoir les Pajéro ou encore les Chamades ou les Limousines ; eux qui ne cherchent qu’un minimum d’énergie pour accomplir leur si ingrat métier mais noble, ils sont méconnus et chassés comme des chiens galeux. Nous suivrons ce que dira le ministre à leur propos le dimanche prochain.

Mille et un problèmes minent le système éducatif togolais. Et si rien n’est fait dans une ou deux décennies, c’est toute une génération qui en pâtira, la génération des pauvres car les nantis ont leurs progénitures dans des écoles huppées si elles ne sont pas hors du territoire. Et ce sera un désastre pour les premiers et pour toute la nation.

Jean-David MESSANGAN