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Autant de tracasseries et rebondissements autour de l’évacuation de Habia sur Accra: De quelle Cedeao des peuples parlait Faure ?

Togo -
Après plusieurs démarches infructueuses, le Président national du parti «Les Démocrates» a finalement pu regagner Accra hier mardi. Ceci, aux fins de suivre un traitement médical approprié, du fait de son état de santé dégradant, après 21 jours de grève de la faim. S’il faut se féliciter néanmoins de l’issue, les difficultés et péripéties ayant entravé la sortie du pays de ce responsable politique contraste curieusement avec l’esprit de la charte de la Cedeao qui prône une libre circulation des personnes et des biens.
C’est à un véritable jeu de ping-pong que se sont livré, depuis la semaine dernière, gouvernement togolais et service d’immigration du poste frontalier d’Aflao. L’ex-député Habia dont la santé de plus en plus fragile nécessitait des soins médicaux appropriés s’est plusieurs fois confronté au refus systématique des autorités de Lomé de lui délivrer une autorisation de sortie.

Une sortie du pays si mouvementée

D’une part, le refus catégorique du gouvernement togolais à l’avion médicalisé spécialement affrété par le Ghana pour l’évacuer du Président national du parti «Les Démocrates». De l’autre, refus de délivrance du service de l’immigration du poste frontalier d’Aflao, obligeant l’ambulance a bord de laquelle se trouvait l’homme politique de rebrousser chemin. La troisième tentative aura finalement été la bonne. Mais c’était sans peine.

En effet, arrivé au poste, comme tout citoyen ordinaire, Nicodeme Habia s’est, dans un premier temps, vu refuser par le même service, l’autorisation de sortie, exigeant une autorisation préalable du ministère de la Sécurité et de la Protection civile. Le gréviste de la faim à la santé fragile n’a finalement pu franchir les frontières qu’après moult tractations. Bref, c’est une sortie du pays finalement si documentée, si argumentée, si mouvementée.

Coup d’œil dans le rétroviseur

Les remous ayant entouré la sortie du pays de l’ancien député de l’Union des Forces de Changement (Ufc) sont si curieux au point de susciter moult réflexions au sein de l’opinion. En effet, depuis sa création, le 28 mai 1975 à ce jour, la communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) fait de la libre circulation des personnes et des biens, son cheval de bataille. Discours pompeusement repris par Faure Gnassingbé lorsqu’il prena, le 04 juin 2017, la succession de la libérienne Helen Johnson Sirleaf à la tête de l’institution sous-région.

A la suite, le Président en exercice de la Cedeao, nouvellement élu par ses paires, observa une descendante dite inopinée, le 09 juin 2017, au poste frontalier d’Aflao. Ceci, dans le but de toucher du doigt, la triste réalité qu’il entendait bien combattre, la corruption et les pots- de- vin, ces vices qui entravent l’opérationnalisation de la vision originelle de la communauté, la Cedeao des peuples. «J’ai parlé lors de mon élection à la tête de l’organisation de Cédéao des peuples. L’un des droits fondamentaux demeure la libre circulation des biens et des personnes. Par cette visite, il s’agit de m’assurer de l’application des textes communautaires », avait indiqué, à la presse, Faure Gnassingbé. Noble comme démarche. Mais seulement voilà !

De quelle Cedeao des peuples parlait Faure ?

Tous les ingrédients sont réunis aujourd’hui pour qualifier cette démarche d’un simple effet d’annonce, au regard du cours des événements dans le pays. En effet, non seulement elle n’a produit l’effet escompté, puisque la corruption et les pots de vins demeurent toujours monnaie courante sur les postes frontaliers du Togo, la libre circulation des personnes et des biens reste un idéal encore loin d’être atteint. La preuve en est justement le cas de Nicodeme Habia dont les démarches pour se faire soigner au Ghana ont été d’un véritable chemin de croix pour celui qui était à son 21ème jour de privation de nourriture. Cela témoigne de la roublardise et l’apparence trompeuse du pouvoir de Lomé dont les démarches sont comparables à celles d’un loup dans la peau d’un agneau.

Se demander aujourd’hui de quelle Cedeao des peuples parlait Faure Gnassingbé à son élection à la tête de l’espace communautaire résulte du realisme et du bon sens. Car, s’opposer à l’évacuation sanitaire d’un citoyen en danger, qui plus est d’un acteur animant la vie publique du pays, paraît du cynisme. Et l’Etat togolais, en malheureusement, a fait preuve dans le dossier Habia. Pour sauvegarder son hégémonie, le pouvoir cinquantenaire du Togo a montré sa disponibilité à violer allègrement les dispositions réglementaires régissant le bon fonctionnement de la Cedeao. Et pourtant, Faure en a fait sa devise durant les douze mois de son mandat, permettre à tous les citoyens États de la communauté, de circuler librement, sans tracasseries… Du leurre, de la démagogie… Et c’est pathétique !

Cyrille PESSEWU