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Alternance ou conservation du pouvoir : Les scenarii possibles en 2020

Togo - Politique
Définitivement les élections législatives du 20 Décembre 2018 appartiennent à l’histoire. Aujourd’hui, la fixation est faite sur la présidentielle de 2020. D’ailleurs, le débat est ouvert depuis 2017 sur la candidature ou non de l’actuel président Faure Gnassingbé à la fin de son 3e mandat en 2020. Une réelle polémique qui constitue la trame des discussions sur les réformes constitutionnelles et surtout sur l’intransigeance de certains acteurs politiques de l’opposition quant au retour de l’article 59 de la constitution dans sa version originelle. En attendant que la situation ne soit tranchée, voici quelques scenarii possibles en 2020.
Il est de notoriété publique que le Togo est une République atypique et que tous les plans réfléchis et les formules employées sous d’autres cieux pour parvenir à l’Alternance politique de manière pacifique, ne pourraient marcher au Togo. Dans cette optique, le Général Yark Damehane pourrait crier très fort : « Le Togo n’est pas le Burkina ». Une manière de faire comprendre à tous que les réalités sociopolitiques diffèrent d’un pays à un autre et l’on doit s’y accommoder, surtout dans les recherches et ébauches de solution pour circonscrire une crise politique donnée. Qu’à cela ne tienne, ce n’est non plus un pari risqué de surfer sur des éventualités dans le but de trouver un certain nombre de schémas à adapter à une situation.

En effet, depuis la réélection de Faure Gnassingbé en 2015, une majeure partie des Togolais considère son mandat actuel comme celui de trop. Car, lorsqu’ils se rappellent des tristes souvenirs du « toilettage » de la constitution en 2002 qui consacra un pouvoir à vie au général Gnassingbé Eyadema, puisque les verrous de la limitation de mandat ont été dynamités au cours de cette opération nocturne du 31 Décembre 2002, les Togolais trouvent injuste vu la situation actuelle qu’une seule famille puisse confisquer le pouvoir pendant plus d’un demi-siècle. Alors, il faut provoquer le changement. Mais comment s’y prendre dans cette pseudo-République où les signes d’une monarchie rampante sont plus apparents ? Et puisque 2020 est aujourd’hui dans toutes les têtes, voici quelques schémas qui pourront s’ouvrir aux Togolais.

La piste d’un dauphin ?

Le portrait atypique de la nation togolaise laisse planer toutes sortes de situations qu’on peut vivre du jour au lendemain au Togo. Qui aurait cru que Kpatcha Gnassingbé qui en 2005 a balisé la voie de la présidence à son demi-frère Faure Gnassingbé, soit retrouvé deux ans après hors du gouvernement de ce dernier puis jeté en prison en 2009 pour tentative de coup d’état contre le même demi-frère ? Qui aurait cru que Pascal Bodjona, la cheville ouvrière de la montée en grâce de Faure Gnassingbé, tombe en disgrâce alors qu’il fut le principal artisan de la réélection de Faure en 2010 ? Comme on peut nommer un ministre avec un portefeuille donné et le lendemain lui retiré certaines de ses prérogatives pour les confier à quelqu’un d’autre, ainsi va le Togo et rien ne doit normalement surprendre les populations. Parce que ce pays est en effet, embarqué dans un bus qu’il porte un écriteau : « Voyage tout est possible ».

Alors en 2020, la probabilité pour Faure Gnassingbé de choisir un dauphin pour le remplacer n’est pas nulle, mais si elle reste infime. Tout dépendra aussi de la géopolitique africaine, c’est-à-dire les différents mouvements à la tête des nations voisines et amies du Togo. Un Alassane Dramane Ouattara qui veut rempiler en Côte d’Ivoire aura forcément besoin d’un Faure Gnassingbé au pouvoir au Togo si l’on sait le rôle important joué par les militaires togolais dans la débâcle de Laurent Gbagbo. D’ailleurs, ce n’est pour rien que le président ivoirien à jouer son vatout dans la crise togolaise pour solidifier l’assise de son ami Faure Gnassingbé, sorti vainqueur de la mêlée avec la coalition de l’opposition. Mais s’il existe des contingences assez sérieuses, le président Faure pourrait passer la main. Mais à qui ?

La proximité du président togolais avec Sévon-Tépé Kodjo Adédzé est très souvent parlante. Du commissaire général de l’Office togolais des recettes au vice-président le plus en vue du parti puis député UNIR, il est clair que l’homme a la confiance du chef de l’Etat. Son entrée remarquable au gouvernement, ministre du Commerce, de l’Industrie, du Développement du secteur privé, de la Promotion de la consommation locale, un ministre à intitulé kilométrique, disaient certains, témoigne que M. Adédzé peut être dans le petit papier de Faure Gnassingbé. Dans les arcanes du pouvoir, on évoque son volontarisme appliqué et une grande dévotion à l’égard du Président. « C’est un homme qui n’a pas de grandes ambitions politiques, et qui n’est pas avide de responsabilités au sein de l’appareil étatique, même s’il assume toute responsabilité à lui confiée, » renseigne un proche du sérail qui ajoute que « c’est quelqu’un que le chef de l’Etat aime particulièrement ». Donc Kodjo Adédzé, le plan B de Faure au cas où… ? C’est possible sauf que le RPT-UNIR est un régime très conservateur, et les « venus d’hier » dans le sérail ne sont pas bien cotés par certains caciques et donc, la probabilité que Faure Gnassingbé soit candidat à sa propre succession en 2020 est plus forte que le choix d’un dauphin. Mais s’il devait y en avoir, Kodjo Adédzé aurait la faveur des pronostics.

Un candidat unique ?

C’est la position d’une frange non négligeable de militants et sympathisants de l’opposition. L’unité d’action observée au sein de la coalition depuis Août 2017, contente beaucoup de Togolais qui avaient souhaité que la coalition aille aux législatives dans cette dynamique unitaire avant que les choses ne tournent au vinaigre. Alors, ils remettent cette sollicitation pour la présidentielle de 2020. Mais quels sont les pesanteurs en place ?

D’abord, il faut noter qu’une candidature unique de l’opposition n’est pas la panacée pour gagner les élections. La dernière présidentielle en RDC, est une preuve tangible puisque Félix Tshisékédi est proclamé vainqueur du scrutin alors que Martin Fayulu soutenu par la coalition Lamuka composée de grands noms de la politique congolaise n’est pas passé.

S’agissant du Togo, c’est l’effectivité des réformes constitutionnelles et institutionnelles cette année qui permettra d’engager un quelconque débat sur la candidature unique de l’opposition. Car, telle que la configuration du processus électoral se présente actuellement au Togo sans le vote de la diaspora et la question des deux tours, le régime togolais peut toujours se proclamer vainqueur du scrutin. Habituellement, le ralliement des partis d’opposition se fait au 2e tour du scrutin. Cependant, l’inimitié qui s’est installée au cœur de l’opposition depuis des lustres, les uns accusés de vendus pendant les autres se croient supra-opposants, cette situation risque de toujours plomber la dynamique unitaire. « C’est à cause de l’égoïsme insensé et rédhibitoire des leaders politiques divisés par la conquête du fauteuil présidentiel que chacun estime lui être prioritairement destiné que l’alternance tarde à se produire. Chacun se dit effrontément : “C’est moi seul qui le mérite, pas l’autre“. C’est ce genre de posture résolument prétentieuse qu’affiche les leaders de la classe politique togolaise qui retarde l’avènement de l’élu que Jahvé a choisi pour le peuple dont il écoute les gémissements et les supplications, » dixit Mgr Kpodzro. L’histoire du CAR de Me Agboyibo et de l’UTD de Edem Kodjo au sortir des législatives de 1994 est encore dans toutes les têtes. C’est dire que la probabilité d’une candidature unique avec les acteurs actuels de l’opposition est un leurre. Des suspicions et aux clichés, ils risquent de ne jamais construire quelque chose ensemble.

Enfin, Bodjona ?

Véritable animal politique, sa posture présidentielle que personne ne peut nier lui attira plutôt de gros ennuis de la part de ses « meilleurs » amis. Deux fois emprisonné par ceux qu’il a aidés à se hisser au pouvoir, Pascal Akoussoulèlou Bodjona, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est cité comme celui qui viendrait redistribuer la carte politique togolaise. Tombé en disgrâce avec le pouvoir de Lomé pour des intentions à lui prêtées, le « Ministre Grand format », ex-numéro 2 du régime togolais est plus qu’aujourd’hui, un sérieux challenger pour tout candidat du pouvoir, y compris l’actuel président. Même si l’homme de Kouméa n’a rien officialisé sur une candidature en 2020, certains Togolais assurent bien lire dans la boule de cristal. Pascal Bodjona, candidat à l’élection présidentielle de 2020, la probabilité est moyenne. Cependant ses démêlés judiciaires connaitront-ils une fin avant le début des hostilités présidentielles ? La grande interrogation. Aussi est-il possible que l’ancien ministre de la Sécurité François Boko, soit candidat en 2020. Il a souvent hanté le sommeil des sécurocrates du régime Gnassingbé.

Même s’ils sont assortis de conditions, tous ces scenarii sont possibles en 2020 qui demeure une année fatidique pour l’alternance politique au Togo.

Sylvestre BENI