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Violences dans les stades: Les profondes racines du mal

Togo - Sport
Les vieux démons des stades ont encore refait surface cette fois-ci d’une manière virulente lors de la phase retour des championnats de première et deuxième divisions. Après Kabou, Dapaong, le terrain de football de Badou a été le théâtre de violents affrontements entre supporters d’Okiti de la localité et ceux d’Ifodjè d’Atakpamé. Au-delà des évidentes indignations déclarées par les différents acteurs et autorités du ballon rond national, le retour de ces démons mérite une profonde réflexion.
Pourquoi ce regain de violences inouies sur les stades à chaque journée de championnat 2018-2019 ?, se demandent beaucoup d’observateurs. Le ministre des Sports Foli-Bazi Katari, accompagné du président du Comité national olympique du Togo (Cnot-Togo)et du Président du Comité exécutif de la Fédération togolaise de football (Ftf) a échangé lundi dernier sur le fond du problème avec les responsables de clubs. L’objectif est de desceller les causes réelles de ce regain de violences sur les terrains de football et de réfléchir pour trouver les voies et moyens pour y mettre fin.

« Ma décision est de permettre à tout le monde de mesurer la juste valeur de la décision à prendre pour arrêter ces comportements regrettables. Les fauteurs d’aujourd’hui, on ne va pas se taire, ça c’est une évidence », a indiqué, le nouveau ministre des Sports.

« A Badou, on a pris des dispositions sécuritaires pour éviter ces situations, mais le pire est arrivé, parce que à cause de la relégation, les gens font tout pour saboter le championnat, mais on ne va pas les laisser faire. La passion du football fait que les gens ne mesurent pas l’ampleur des sanctions », a délcaré Guy AKpovy, Président de la FTF lors de la conférence de presse tenue lundi dernier avant d’ajouter, sur un ton ferme, « nous n’allons pas nous éloigner des textes en vigueur, les auteurs des troubles seront sanctionnés. Tout sera fait pour que les championnats se terminent en beauté ».

Trop de menaces, pour pitch.. !

Au Togo, les scènes de violences dans les stades de football ne datent pas d’aujourd’hui. Depuis quelques a nnées, les terrains de football au Togo sont le théâtre de violents affrontements. Le phénomène prend de plus en plus de l’ampleur à chaque nouvelle saison. Déjà en 2013, des actes de barbaries sur les terrains de foot ont amené le ministre de la Sécurité et de la protection civile à s’exprimer sur le sujet. « On peut faire quelques choses malgré l’état de nos stades. C’est la volonté. On n’est pas responsable pour rien. Les fauteurs de troubles, vous les connaissez. Parfois ce sont les responsables de club qui incitent leurs supporters. Les présidents des clubs et les arbitres doivent faire leur travail avec conscience afin de rétablir l’esprit du fair-play au cours des matchs », avait laissé entendre le Général Yark Damehane. L’ancien directeur de la gendarmerie nationale avait même déclarer « la guerre » aux instigateurs des violences sur le terrain. « Maintenant, c’est fini. Vous allez au Bénin moi je vais vous chercher. Vous voulez le football, vous jouez le football. Vous ne voulez pas, vous restez de côté. Que nos terrains de football même s’ils sont rudimentaires que cela ne deviennent pas des champs de bataille. Maintenant c’est fini. On dit que nos prisons sont surpeuplées mais on va continuer par mettre les gens. Cela ne peut plus continuer », avait martelé le ministre Yark. Mais, 6 ans après ces déclarations que l’on avait applaudi à l’époque, le constat est amer : le mal persiste.

Les causes récentes

Les scènes de violences de ces derniers jours sur les terrains de Gbikinti lors de la réception de Gomido, sur la pelouse de Foadan lors de son match contre Dyto et la dernière en date, à Badou et qui a suscité beaucoup de réactions ne sont que l’illustration des actes posés par les acteurs du football au Togo.

Il nous souvient qu’il y a trois ans, Maranatha de Fiokpo et Gbikinti de Bassar ont été les acteurs d’un match au score des plus inédits ( 11-0 pour Gbikinti) qui a permis au club de Bassar de se sauver de la relégation faisant ainsi descendre Gomido, l’autre rival préfectoral de Maranatha en D2. Ce match controversé a fait objet de plusieurs plaintes mais au finish, la FTF ayant opté pour l’apaisement, aucune sanction n’a été prise à l’encontre des acteurs de cette rencontre que beaucoup ont qualifié « d’arrangée ». Mais, le problème n’a pas été résolu. Et voilà, les conséquences !

Les causes lointaines

Le football togolais a besoin d’un grand dépoussiérage. Et pour cela, il faut une implication forte des différents acteurs notamment, les supporters, les joueurs, les dirigeants de clubs, les entraineurs, le bureau exécutif de la Ftf et l’Etat. En effet, aujourd’hui, la plupart des supporters, pour ne pas dire le public en général, ne maîtrisent pas les règles du jeu. D’ailleurs personne ne leur demande d’en avoir la maîtrise. Il ne revient qu’à l’arbitre central, aidé de ses assistants, de prendre les décisions sur la pelouse. Que l’on soit d’accord ou pas, il est le seul maître du terrain. Sur ce plan, les présidents de club doivent intensifier l’éducation de leurs supporters.

En outre, les propos de certains entraîneurs et de présidents de club avant, pendant et après les rencontres sont de nature à raviver les tensions, préparer les esprits à la violence. Personne ne doit perdre de vue qu’une rencontre de football se termine par une victoire ou une défaite ou encore un nul. Quel que soit le scenario, c’est le respect du score final qui fait le charme de ce sport populaire. Accepter l’issue d’un match quel que soit l’arbitrage rend élégant.

Il y aussi l’épineux problème de corruption qui gangrène le corps arbitral. Si aucun match de football ne peut se dérouler sans arbitres, il faut également reconnaître qu’au Togo, les hommes en uniforme sont souvent, et de plus en plus ces derniers mois, accusés de fausser volontairement les matches, de fabriquer des vainqueurs. Avec des espèces sonnantes et trébuchantes, il serait facile de nos jours de gagner un match. Parmi les arbitres, certains dénoncent dans l’anonymat la corruption qui, comme un cancer, est en train de ronger leur corporation. Dans ces conditions, l’arbitre se fragilise et fournit involontairement des arguments aux supporters d’en découvre avec lui à la moindre erreur sur le terrain.

Et pour terminer, La Fédération togolaise de football seul ne peut tout faire, certes. Mais, le deux poids deux mesures dont elle est souvent accusée dans les sanctions ne font que renforcer les récidivistes. A Lomé, on peut comprendre qu’il serait difficile d’identifier les fauteurs de trouble compte tenu du cosmopolitisme dans les stades. Mais à l’intérieur du pays, tout le monde se connait, on sait qui est qui voire qui fait quoi et comment. A priori, l’identification des auteurs des actes condamnables parait moins compliquée que dans la capitale. Tout cela pour dire que l’instance faîtière peut, si elle le veut, sévir contre ces supporters qui n’ont pas leur place dans les tribunes.

Plus loin, il faut avoir le courage de psychanalyser qu’au-delà des indignations contre les arbitres, les supporters qui choisissent la violence ont profondément pour pied d’appel les relents des injustices socio-éducatives qu’ils ont accumulé tout le long. Et quand ils se sentent encore frustré dans ce jeu qui représente leur seul porte d’aération, le défoulement est vite fait.

Pour ce faire, l’Etat doit se saisir sérieusement du problème pour le régler en macro au lieu de jouer au chien qui s’attaque à l’ombre du voleur. Il est temps que le football togolais cesse de faire de gros titre non pas à cause des exploits mais pour des faits qui n’ont rien avec un match de football.